CORAN/Pour




Le livre de Dieu
Introduction au Livre de Dieu
Préface de la traduction du Coran de Salaheddine Kechrid
"Voilà sans nul doute le Livre..." (s2/v1). C'est au début du 7ème siècle de l'ère chrétienne que retentit cette vérité coranique à l'adresse de l'Humanité à travers le peuple arabe désigné dans la Bible par "les illettrés" qu'on interprète au sens propre du mot, vu l'analphabétisme presque total de ce peuple alors primitif et farouche, ou par allusion à leur manque d'Ecriture révélée en comparaison, par exemple, des Juifs et des Chrétiens ou peuples "scriptuaires" c'est à dire détenteurs de Saintes Ecritures, l'Ancien et le Nouveau Testament.
Ce Livre c'est le Coran qui veut dire la "lecture idéale". S'exprimant dans la langue qoreichite, summum de raffinement de la langue arabe dont les divers dialectes régnaient alors sur toute la presqu'île arabique et débordaient sur la Syrie et l'Irak, ce Livre, pourtant composé de simples lettres usuelles de l'alphabet arabe, fut, malgré cela, ce facteur extraordinaire qui bouleversa toute l'Histoire de l'Humanité et créa un spécimen d'homme original dans sa façon de vivre, de voir et de penser qui commandera durant au moins dix siècles le cours de l'Histoire et qui ne cesse jusqu'à ce jour d'avoir son poids dans toutes les équations d'avenir.
Aussi, dès le 9ème siècle, les Byzantins d'Asie Mineure comprirent ils que le centre de gravité et le principal moteur de cette nouvelle force appelée Islam, était essentiellement ce Livre et c'est pourquoi ils pensèrent que, pour neutraliser cette vague irrésistible qui menaçait de les assimiler comme elle avait déjà assimilé la presque totalité des anciens empires romain et perse, il leur fallait démolir les bases même de ce Livre et lui ôter, si possible, ce caractère divin qui envoûtait ou électrisait si puissamment et si irréversiblement tous ceux qui l'avaient compris et goûté.
Bien que ne connaissant très peu les secrets et les nuances de la langue arabe, ils se mirent quand même à polémiquer sur certains sujets traités par le Coran et touchant directement la foi chrétienne et ne suivaient malheureusement pas les voies saines de la science objective et de la recherche désintéressée, mais ne furent guidés que par leurs passions religieuses et leur sectarisme prononcés.
Avec la conquête arabe de l'Espagne et à la suite desCroisades, l'Europe éprouva le même désir de saper le fondement même de cette force qui dominait le monde depuis des siècles et l'on s'attela, là aussi, à la tache criminelle de dénigrer ce Livre sans se baser sur des arguments honnêtes mais à travers des traductions pour le moins inexactes qui étaient loin de donner aux Occidentaux une idée juste de l'Islam.
Ce n'est qu'à partir du 18è siècle que certains esprits ouverts et loyaux firent un effort louable dans le sens de la vérité littéraire et scientifique et cela contribua à réhabililiter le Coran et le Prophète (saw) (par la Grâce de Dieu). Cependant, les peuples dits Musulmans, vaincus et ruinés, étaient loin de représenter l'Islam que l'obscurantisme et les influences étrangères réduisirent chez eux à une simple étiquette ou le remplacèrent par un tas de superstitions et de fausses croyances en opposition directe avec cette religion de pureté morale et de grande justice. Si bien que ceux des Occidentaux qui aimèrent l'Islam au point de l'embrasser furent étonnés de voir la différence énorme entre l'Islam et les "Musulmans" et remercièrent d'avoir connu l'Islam avant d'avoir connu les Musulmans.
Les Musulmans eux-mêmes n'osaient pas traduire le Corancar c'était à leurs yeux le plus grand sacrilège. Plusieurs d'entre eux avaient pourtant acquis la maîtrise de l'une au moins des langues européennes et auraient pu apporter une traduction saine et honnête car il n'est pas logique de reprocher à ces gens de mal connaître notre Livre alors que nous ne faisons rien pour le mettre à leur portée ou du moins leur en donner une idée exacte les aidant à comprendre eux-mêmes par la suite son texte original dont on ne pourra jamais exprimer la beauté.
C'est que le Coran est l'oeuvre exclusive de Dieu et, pour traduire le texte d'un auteur, il faut être au moins de la force littéraire de cet auteur et il faut être aussi versé dans la matière qu'il traite. Il est en effet bien connu qu'il faut être chimiste pour traduire un livre de chimie et mathématicien pour traduire un livre de mathématiques. Or le Coran est l'expression de Celui qui embrasse de Son Savoir infini toutes les sciences connues et inconnues et dont la vue n'est arrêtée ni par les limites de l'espace ni par celles du temps. Sa langue même ne peut être qu'au niveau de la perfection à tous les points de vue et c'est donc une folie ou un comble de prétention que de vouloir traduire ce Livre au sens de produire dans une autre langue une oeuvre de valeur égale et pouvant se substituer à lui.
Les plus grands savants de la langue arabe et les plus versés dans l'art de l'interprétation du Coran ne peuvent se targuer d'avoir épuisé tous les sens de ce Livre aux vérités inépuisables et dont l'esprit humain ne cesse d'en découvrir de nouvelles au fur et à mesure de son développement. Néanmoins, est ce que le fait de ne pouvoir faire le tout nous donne une excuse pour ne rien faire du tout ? Nous voudrions rappeler aux Musulmans et surtout à ceux d'entre eux qui parle l'Arabe, qu'il est de notre devoir absolu de faire parvenir le Verbe divin à qui veut l'entendre car, autrement, nous serions aussi blâmables que celui qui refuse d'apporter un témoignage pour sauver un innocent. Dieu dit : "...Qui est plus injuste que celui qui cache un témoignage qu'il détient de Dieu..." (s2/140).
Le Coran
Dr. Salahedine Kechrid, Méditations d'un Musulman sincère, Ed. Dar al gharb al islami
Notre nature matérielle nous fixe jalousement à notre globe terrestre et nous voile absolument les horizons lointains de la Vérité transcendante et absolue. Cependant chez quelques élus de Dieu, les Prophètes, l'esprit écrase tellement la matière que ces âmes pures et surhumaines ont été les seules à déchirer les voiles et à capter la voix de l'Archange Gabriel, loyal messager de Dieu ou Saint Esprit pour recevoir le Verbe éternel de Dieu.
Chaque fois que l'Humanité s'est perdue dans son erreur et a désespéré de trouver en elle-même remède à son angoisse mortelle, Dieu a bien voulu faire surgir l'un de ces êtres privilégiés à qui Il confia le Livre par l'intermédiaire de son messager fidèle.
Il faut être Arabe soi même ou posséder cette langue avec toutes ses finesses pour apprécier à sa juste valeur le style percutant et lapidaire du Coran qui se renouvelle toujours et ne lasse jamais. Jamais narration n'a été plus encorcelante et jamais l'économie des mots ne s'est alliée avec autant de bonheur à la force du verbe pour faire jaillir l'idée dans toute sa puissance, sans la moindre lourdeur ni la moindre bavure.
On peut lire et relire mille fois les récits de Joseph, des Gens de la caverne, de Marie et bien d'autres en ayant à chaque fois la même ivresse et la même délectation. le Coran est donc dans le temps la dernière Ecriture descendue du Ciel. Elle représente la forme parfaite du Verbe divin révélé à une humanité déjà mûre. Ce Livre vient parfaire et abolir tous ceux qui l'ont précédé comme toute loi nouvelle abroge l'ancienne.
Dieu s'est porté Lui même garant de la préservation de ce Livre qui est pratiquement le seul à nous être parvenu dans son intégrité parfaite. Il ne s'adresse ni à un peuple, ni à une race en particulier mais à l'Humanité toute entière et on y lit souvent : "O ensemble des Humains et des Djinns...".
Il est avant tout un code minutieux et sacré, donc inviolable de tous les comportements de l'être vis à vis de Dieu, de l'être vis à vis de lui même et vis à vis des autres créatures. Il embrasse ainsi la vie toute entière et n'admet de ce fait ni clergé, ni laïcisme. Dire que la religion est une affaire de l'Homme et de son Dieu ou que le domaine de la Religion s'arrête aux murs de la mosquée est un parfait non sens.
le Coran est avant tout une loi et ceux qui ne jugent pas d'après elle, ceux là sont les rebelles et les dévoyés, ceux là sont les injustes, ceux là sont les négateurs. Le Coran appelle tous les humains à entrer dans la paix de sa Loi et dans l'ombre salutaire de sa Sagesse. Il leur apprend aussi que toutes les ambitions leur sont permises et que même le ciel est à la portée des natures généreuses . Seules les ailes de la piété sont assez longues pour y parvenir.
Si tous les Humains pratiquaient le dixième seulement de sa loi et de ses préceptes, la Terre serait tout à coup autre que la Terre et ce serait déjà un peu le Paradis. Mais c'est vraiment compter sans le Diable qui a reçut le droit d'entraîner à sa suite de quoi remplir les gouffres insatiables de l'Enfer.
Comment lire le CORAN
par Mohamed El Hammami Souibghi, extrait du livre "Les versets coraniques" (éd. El Badr)
Pour mieux comprendre le Coran, il est préférable de le lire en suivant une méthode. Le lecteur est tenu de faire table rase de tous ses préjugés, de mettre entre parenthèses, toutes les préconceptions favorables ou défavorables qu'il possède sur le texte coranique. Lire le Coran avec un parti pris, c'est se lire dans le Coran. Pour parvenir à une compréhension objective, il est donc indispensable d'éliminer les projections spontanées de nos désirs et de nos idées préconçues. Il ne faut pas me voir dans le Coran, le voir tel que je suis ou tel que je veux qu'il soit, mais le voir et le lire tel qu'il est. Une étude sérieuse du Coran est une étude détachée non seulement de mes sentiments personnels mais encore de toutes les dispositions que je tiens de la tradition sociale. Nous projetons spontanément sur le Coran tout ce qu'on nous a enseigné.
D'autre part si le lecteur doit laisser parler le Coran, cette démarche ne doit pas pour autant lui épargner un certain travail épistémologique (partie de la philosophie qui étudie l'histoire, les méthodes, les principes des sciences...) parfois fort complexe. En effet, le Coran nous est présenté comme un réseau de mots, de récits, de répétitions, de commandements, et il est du devoir du lecteur qui voudrait le pénétrer, d'accomplir un travail de classification, de déchiffrement, d'élucidation. Pour bien saisir un verset par exemple, il ne suffit pas de se limiter uniquement au sens des mots qui le composent. Il faut en outre le situer dans son contexte, c'est à dire tenir compte des verset qui se trouvent avant et après lui dans le même chapitre, tenir compte du type de chapitre qui le renferme, le comparer aux autres versets du même genre et de genre opposé dans d'autres chapitres. Le lecteur peut encore pousser plus loin sa méthode d'investigation en essayant de scruter le signification du même verset à la lumière de la période historique où vécut le Prophète Mohamed (saw), laquelle est à la fois semblable et différentes des périodes prophétiques antérieures et de la nôtre d'aujourd'hui ; et en tenant compte du climat, du relief, des moeurs, des habitudes et de la mentalité de l'Arabie. Le particulier devrait se distinguer de l'universel et le durable ne saurait se réduire au temporel. Une lecture qui se veut objective est également une lecture qui prend en considération la dialectique de l'histoire et l'évolution de l'humanité.
Par ailleurs, un lecteur armé de connaissances scientifiques et d'un esprit philosophique trouve plus de facilité à lire le texte révélé. Certaines lumières coraniques ne sont en fait accessibles qu'à partir de tout un capital de savoir et de technique. L'univers de la science élargit prodigieusement la compréhension de l'univers coranique. Et comme le Coranfourmille de réflexions sur la nature, il ne sera pas facile de le pénétrer sans une sérieuse formation scientifique.
Le Coran décrit par le Coran
En vérité, nous l'avons révélé durant la nuit de la valeur. (verset 1/97). Nous t'avons fait descendre le Livre en toute vérité et bon droit confirmant ce qui l'a précédé du Livre et le Dominant. (verset48/5).
Le Coran est la révélation ultime et parfaite. Il abroge tout ce qui est venu avant lui en fait de Législation. Donc le Coranest immuable et rien ne viendra abroger son contenu.
Il a été descendu par le Saint Esprit (Jibril as) de la part de ton Seigneur en toute vérité et bon droit afin de raffermir la foi de ceux qui ont cru et pour qu'il soit un guide et une bonne nouvelle pour les Musulmans (verset 102/16).
Le Coran que nous avons révélé morceau par morceau afin que tu le lises aux gens avec lenteur et nous l'avons fait descendre en plusieurs fois (verset 106/17).
Nous savons que la révélation s'est faite sur 23 ans (13 à la Mecque et 10 à Médine).
Voilà sans nul doute le Livre une bonne voie pour les gens pieux (verset2/2). Un livre dont les versets ont été parfaitement mis au point et en toute sagesse (verset 1/11). Un livre que nous t'avons fait descendre afin que tu sortes les Humains des ténèbres à la lumière avec la permission de leur Seigneur à la voie d'Allah qui est digne de considération et de louanges (verset1/14).
La louange est à Allah qui à fait descendre sur son Serviteur humble le livre et qui ne l'a pourvu d'aucun aspect tortueux, il est plutôt d'une parfaite rectitude afin qu'il avertisse d'une dureté impitoyable de sa part et qu'il annonce aux Croyants qui font les bonnes oeuvres qu'ils auront un beau salaire (verset 1-2/18).
Ce n'est en fait qu'un livre de rappel et une lecture idéale bien claire afin qu'il mette en garde celui qui est vivant et que la parole se réalise contre les mécréants. (verset 69-70/36).
Il est un livre inattaquable, le faux ne peut venir à lui ni par devant, de de derrière, quelquechose descendue de la part d'un Sage Parfait et d'un Très Digne de Louange (verset 40-41/41).
Et ce n'est qu'un rappel pour les habitants des Univers (verset 52/68).
Ce Coran n'est nullement de nature à être inventé en dehors d'Allah, mais c'est la confirmation de ce qui l'a devancé et le développement détaillé du livre. Il n'y a aucun doute à son sujet et cela provient du Seigneur et Maitre des univers. Ou bien disent-ils "Il l'a inventé", dis "apportez donc un chapitre comme lui et faites appel à qui vous pouvez en dehors d'Allah si vous êtes sincères (verset 37-38/10). Si vous ne le faites pas et vous ne le ferez jamais, craignez alors la fournaise dont le combustible sont les Humains et la pierraille et qui a été spécialement préparé pour les mécréants (verset 24/2). Dis si les humains et les génies se joignaient les uns aux autres pour apporter quelquechose de semblable à ceCoran, ils n'apporteraient pas son pareil même s'ils se soustenaient les uns les autres (verset 88/17).
C'est certainement une lecture idéale par excellence. Noble dans un livre soigneusement abrité, seuls les Purifiés le touchent, c'est une chose descendue de la part du Seigneur et Maitre des univers (verset 77 à 80/56).
Que celui qui veut garde ce Coran dans sa mémoire. il est inscrit dans des tablettes très honorées, des tablettes très hauts placées et purifiées de toute souillure, sous la gard d'Ambassadeurs nobles et obéissants (les anges) (verset 12 à 16/80).
Quand on lit le Coran, écoutez le et faites silence, peut être serez vous touchés de sa grâce (verset204/7). Quand tu lisle Coran commence par invoquer la protection d'Allah contre le démon lapidé (verset 98/16). Quand tu lis le Coran, nous plaçons entre toi et ceux qui ne croient pas à l'autre monde, un écran (voile) invisible (verset 45/17).
Savez-vous ce qu'est le Coran ?
Extrait de "Islam, âme de l'Humanité" Par Bilal Omowale (ex. Andy Thomas)
Parmi les contemporains du Prophète Mohamed (saw), on comptait des poètes très renommés. Aussi, le miracle essentiel donné à Mohamed (saw) fut-il le Coran, dont aucun poète, ni orateur ne put produire de texte semblable, et dans lequel le Créateur les défiait d'accomplir un tel acte. Jusqu'à ce jour, personne sur Terre n'a été capable d'égaler l'éloquence du Coran. Dieu dit :"Si vous avez quelques doutes sur ce que Nous avons fait descendre sur Notre Serviteur, apportez donc un chapitre dans son genre et faites appel à vos témoins autres que Dieu si vous êtes véridiques." (s2/v23)
Ce miracle du Coran a quelquechose de spécifique ; c'est que, contrairement aux miracles précédents qui étaient limités dans le temps et l'espace, il est Universel et destiné à demeurer jusqu'à la fin des temps. Cela prouve une fois de plus l'origine divine du Coran.
Il y a quelques années, le Docteur Maurice Bucaille, de l'Académie des Sciences en France, a réalisé une étude détaillée du Coran et fut stupéfait de remarquer que ce livre contient un grand nombre de faits scientifiques exacts que l'être humain ne pouvait pas connaître il y a 1425 ans. En présentant un rapport à l'UNESCO sur ses étonnantes découvertes, le Docteur Maurice Bucaille déclara :"Le Coran a donné un nombre important de détails sur l'homme, qu'on ne trouve pas dans l'Ancien ou le Nouveau Testament. De plus, la révélation Coranique ne comporte pas d'erreurs scientifiques comme nous en trouvons dans la Bible. Les auteurs bibliques, inspirés par Dieu, écrirent l'enseignement divin et pour décrire la Création comme elle était imaginée dans les traditions et les mythes du moment. Les Exégètes, aussi bien catholiques que protestants, sont d'accord sur ce point... Mais le Coran est d'une toute autre texture... j'y ai cherché des fausses affirmations scientifiques, je n'en ai pas trouvées. Bien au contraire, j'y ai découvert des vérités que même le plus grand savant de l'époque n'aurait pas pu connaître".
Le Docteur Bucaille a également donné un compte rendu complet de ses recherches dans son livre :"La Biblele Coran et la Science". Il y décrit le Coran comme étant un miracle vivant, parce que, non seulement il nous communique la connaissance de l'existence du Créateur, mais aussi des connaissances sur les sept cieux, l'au-delà, le monde des anges et des génies, la vie humaine, la vie animale et végétale et la vie microbiologique. Le Coranexplique les notions de bien et de mal et expose des règles pratiques pour le développement spirituel ; il enseigne l'organisation sociale, politique et économique ainsi que l'éducation sexuelle. Il montre que l'Univers est en expansion constante (découvert récemment par les scientifiques occidentaux) et qu'il y a d'autres planètes habitées dans l'Univers, semblables à la Terre. Il prédit la conquête de l'espace par l'homme et décrit précisément l'allure que la Terre, les planètes et les étoiles présentent vues de "l'extérieur". Il parle de la barrière entre l'eau douce et l'eau salée (découvert dans les années 80 par Cousteau, qui se mit à étudier l'Islam après cette découverte). Le Coran révèle même que l'embryon humain s'accroche aux parois de l'utérus comme une plante prend racine dans le sol... Par ailleurs, les versets coraniques présentent une telle éloquence littéraire que même les sceptiques les plus hostiles restent ébahis quand on les récite. Un Occidental l'a ainsi décrit :"Le Coran éveille un profond sentiment de crainte et de respect aussi bien chez celui qui le lit que chez celui qui l'écoute".
Telle est, par conséquent, la nature du Saint Coran que le Créateur a révélé à Son Prophète Universel (saw). Et, c'est muni de ce merveilleux Coran que Mohamed (saw) a mené la formidable révolution islamique qui toucha l'Afrique, l'Asie et l'Europe en moins d'une génération ; balayant les barrières raciales, nationales, sociales, géographiques ainsi que les autres barrières artificielles et unissant des millions de personne au sein de la plus grande fraternité universelle que le monde ait jamais connue.
La révélation du Coran
Le Coran est le Livre Saint des Musulmans qui renferment les paroles divines révélées à Mohamed (saw) qui n'était pas du tout son auteur comme prétendent ceux qui ont voulu dénigrer son importance en le prenant comme cible de leurs critiques, poussés par leur ignorance et leur fanatisme aveugle. D'ailleurs avant que ceux-là ne se livrent à un tel travail, Dieu en a prédit leurs manoeuvres et dit :"Ils voudraient éteindre avec leurs bouches la lumière de Dieu, alors que Dieu tient absolument à accomplir Sa Lumière, n'en déplaise aux Négateurs" (s9/v32) et dans un autre verset Dieu dit :"Votre compagnon (Mohamed) ne s'est pas égaré et n'a pas été induit en erreur. Il ne prononce rien sous l'effet de la passion. Ce n'est en fait qu'une révélation inspiré. Il a été instruit par l'Ange (Gabriel) aux forces puissantes." (s53/v2à5)
La révélation s'est accomplie par trois moyens, Dieu nous les indique en disant :"Ce n'est nullement le fait d'un être humain que Dieu lui adresse la parole si ce n'est par inspiration ou de derrière un écran ou qu'Il envoie un Messager (l'ange Gabriel) pour qu'il lui inspire avec Sa permission ce qu'Il veut, Il est sublime et sage. C'est ainsi que Nous t'avons inspiré un souffle de vie (le Coran) par un effet de Notre grâce. Tu ne savais guère ce qu'était le Livre, ni la foi, mais Nous en avons fait une lumière avec laquelle Nous guidons qui Nous voulons de Nos serviteurs. Tu conduis assurément toi mêmeà une voie rectiligne".(s42/v51et52.)
Al Hareth Ben Hicham rapporte qu'il demanda à l'Envoyé de Dieu (saw) : Comment te vient la Révélation ?". Il lui répondit :"Parfois, elle m'arrive comme un tintement de clochette et cette façon m'est la plus pénible, lorsqu'elle cesse je retiens alors ce que l'Ange m'a transmis. Parfois l'Ange se présente sous une forme humaine, il me parle et je saisis tout ce qu'il me dit.".
Dans un autre hadith, Aïcha rapporte :"Je vis le Prophète (saw) recevoir la Révélation dans un jour où le froid était très vif. Lorsque la révélation s'interrompit, son front ruisselait de sueur" (Rapporté par Bokhari).
Les versets ou les sourates furent communiqués aux hommes qui les inscrivaient sur des feuilles de palmier, des morceaux de parchemin, des os (omoplates de chameaux)... Et tout le Coran fut inscrit du vivant du Prophète (saw) [c'est faux] à l'inverse des Ecritures révélées avant lui, c'est à dire l'Ancien Testament et l'Evangile qui n'ont été transcrits par les disciples voire les disciples des disciples qu'après l'écoulement de dizaines d'années après le départ de leurs Prophètes (as). Ces Ecritures furent sujettes à des ajouts ou des suppressions.
Le Coran existe dans sa forme originelle car le Seigneur a veillé Lui-Même à ce qu'il soit préservé. Il devait être le livre qui abroge toutes les autres Ecritures étant le dernier qui renferme les ultimes enseignements et commandements qui allaient guider toute l'Humanité pour l'éternité.
Selon les Exégètes (Savants du Coran) et les Ulémas Musulmans, le Coran fut descendu en une seule fois au ciel inférieur puis par la suite, il fut révélé par fragments au Prophète (saw) sur une période de 23 années dans des circonstances précises ou suite à des questions ou dans des cas particuliers... Et voilà que quatorze siècles se sont écoulés où aucune lettre n'a été modifiée ni changée ni altérée [c'est faux] . Le Coran demeurera ainsi éternellement authentique et inimitable. Le Seigneur l'a voulu pour sauvegarder Sa Religion contre les intrigues des ennemis qui essaient de falsifier les textes et de violer la substance du crédo en vue de la modifier.
Le Coran mode d'emploi
Dr Salaheddine Kechrid ("Le Jardins des Vertueux avec commentaires" page 265)
Le Coran est la parole éternelle et non créée qui provient de Dieu. Elle s'est traduite en lettres et vocables arabes afin d'être à la portée de nos esprits, car en réalité, la parole de Dieu n'a absolument rien de semblable à la nôtre. C'est donc un livre sacré qu'on ne doit toucher en état de pureté morale et physique et, en particulier, après avoir fait les grandes et petites ablutions. (Après consensus, les Savants ont conclu qu'il était possible de lire le Coran même si le lecteur n'a pas la petite ablution. Cependant, ils ont ajouté qu'ils étaient plus méritoires en raison de l'aspect sacré du Coran d'avoir la petite ablution. On comprend la raison pour laquelle le Dr Salaheddine Kechrid recommande sa lecture avec les ablutions. -Wa Allahou Alam-).
Si l'on voulait honorer ce Livre comme il se doit et si l'on devait traduire toute notre reconnaissance pour cette grâce et cet honneur sublime dont Dieu Exalté nous a gratifié sans aucune autre contre partie de notre part, nous devrions passer toutes les heures du jour et de la nuit à le lire et à l'étudier pour méditer profondément sur les vérités transcendantes qu'il nous apporte. Mais cela ne pourrait convenir qu'aux Anges, ces êtres tout d'esprit et de lumière. Quant à nous, Dieu nous a créés d'esprit et de matière, et nous devons répondre aux besoins de l'un et de l'autre. Aussi nous est-il uniquement demandé de lire au moins une fois dans la vie la totalité du Coran et d'en apprendre le premier chapitre (Fatiha) dont la récitation en Arabe est indispensabledans la prière. On doit aussi apprendre quelques autres courts chapitres pour les unités de prière où l'on récite après la Fatiha (sourate n°1). Le minimum est la lecture de trois versets de n'importe quel chapitre. Cependant, le paradis est infiniment vaste et comporte plusieurs degrés si bien que "nous y verrons des gens au-dessus de nous comme nous voyons aujourd'hui les étoiles"(hadith). Ces degrés sont acquis par les actes pieux volontaires qui doivent venir après l'accomplissement des actes obligatoires. Ces actes surérogatoires (Nawafil) se font dans la prière, l'aumône, le jeûne et le pélerinage grand ou petit. Ils se font aussi par la lecture du Coran. Il nous est demandé de lire complètementle Coran durant toute l'année. On peut le lire en une semaine, en un mois ou en deux mois. Le mieux est de le lire tous les mois en lisant un chapitre le matin et un chapitre le soir.
Cette lecture doit être nette et bien articulée (tartil) et elle se fait à voix modérée de façon à ce qu'on s'entende soi-même. Si on est capable de le lire couramment et dans les règles de l'art et si l'on est doté d'une belle voix, il est recommandé de psalmodier le Coran en ne recherchant ni artifice et en pensant au profond respect qu'on doit aux saintes paroles de Dieu.
Si l'on se met en groupe pour lire le Coran (chacun en lit une partie) pour ensuite le commenter et méditer sur les vérités et les lois qu'il annonce, c'est encore mieux, car l'Islam donne beaucoup plus de valeur à l'oeuvre faite en commun. Donc, ceux qui veulent empêcher les gens de lire le Coran à voix haute à la Mosquée ou ailleurs sont des gens ignorants et injustes. Ceux qui critiquent les virtuoses de la récitation du Coran et leur reprochent de le "chanter" sont des gens dépourvus de goût et imperméables à tout ce qui est beau et sublime.
Le grand savant soufi Ibn Arabi dit que "les gens du Coran" sont ceux qui le connaissent très bien et surtout le mette en pratique. Ce sont ces gens que le Coran désigne quand il dit "Questionnez les gens du Livre de Rappel si vous ne savez pas", car le Livre de rappel est bien le Coran.
Plusieurs hadiths affirment que les gens du Coran se retrouveront au Paradis au même endroit que le Coran. Ils disent que le Coran aidera ses amis à supporter la solitude de la tombe et servira d'écran entre eux et les Anges de la Mort qui tourmentent les injustes. Enfin, le Coran intercède auprès de Dieu en faveur de ses amis, c'est à dire ceux qui le lisaient assidûment en ce monde et se conformaient strictement à sa règle.
Le Coran et ses divers aspects
(Par Fawzi Chaaban, Préface de la traduction en Français de l'interprétation du Coran d'Ibn Kathir)
Aspect Littéraire
Le Coran se particularise par la beauté du style, la grâce d'expression et la puissance de la langue. Le peuple arabe, malgré son éloquence innée, était confronté à un langage qui n'était ni de la prose, ni de la poésie. Son ton est plus attirant que la poésie et plus éloquent que la prose.
Le Coran a défié les Hommes qui vivaient à l'époque du Prophète (saw) et ne cesse de les défier au fil des jours pour démontrer leur incapacité de produire un texte semblable. Dieu a lancé le défi en proposant trois alternatives. La première quand Dieu Le Très Haut dit :"Dis :"Si les humains et les génies se joignaient les uns aux autres pour apporter quelque chose de semblable à ce Coran, ils n'apporteraient pas son pareil même s'ils se soutenaient mutuellement" (s17/v88).
La deuxième fois, Dieu dit :"Ou bien ils disent :"Il l'a forgé de toutes pièces (le Coran)". Dis :"Apportez donc dix chapitres, comme lui, forgés de toutes pièces et faites appel à qui vous pouvez en dehors de Dieu si ous êtes sincères". S'ils ne répondent pas (à ce défi) sachez alors qu'il n'a été descendu que par la Science de Dieu et qu'il n'y a de Dieu que lui. Allez vous maintenant vous soumettre à Lui". (s11/v13et14)
La troisième fois, Dieu dit :" Si vous avez quelques doutes sur ce que Nous avons fait descendre sur notre Serviteur (Mohamed) apportez donc un chapitre dans son genre et faites appel à vos témoins autres que Dieu si vous êtes véridiques." (s2/v23).
Du point de vue littéraire, le Coran demeure toujours le Livre Céleste inimitable qui n'a pas un précédent tant pour le style que pour la structure et le contenu. L'éloquence des versets coraniques fut au-delà de la compétence humaine. A savoir qu'il fut révélé à une époque où il a surpassé un peuple réputé pour être maître dans la technique du discours et dans l'art de l'éloquence.
Aspect scientifiques
Lorsque l'on considère que le Coran est un Livre d'ordre religieux en premier lieu, cela ne nous exempte pas de souligner son aspect scientifique. on y trouve plusieurs versets où Dieu exhorte et pousse l'Homme à apprendre. il suffit de citer que le premier mot qui fut révélé au Prophète (saw) fut :"Lis" car on ne peut acquérir une science sans lecture, même le Coran signifie en langue arabe, la lecture par excellence.
Bien qu'il n'a pas pour but de mettre en évidence les faits scientifiques en révélant tous les facteurs en jeu qui dominent la totalité phénoménale de notre monde et qui, à leur tour, sont soumis à un système rigoureux de lois.
Si quelques notions scientifiques se trouvent en germe dansle Coran, les découvertes de nos jours ne font que les affirmer sans aucune contestation. Cela confirme que ce Livre est purement céleste, aucun mortel n'y a participé, autrement les choses auraient été exposées d'une façon qui crée le doute sur la véracité. Dieu a dit à ce propos :"Qu'ils soumettent donc le Coran à une profonde étude et s'il provenait d'autre que Dieu, ils y trouveraient certainement des contradictions abondantes." (s4/v82).
Il a été recensé dans le livre de Youssef Mroué "Les histoires naturelles" les différentes branches à caractère scientifiques mentionnées dans le Coran :
- Mathématique : 61 versets
- Physique : 264 versets
- Physique nucléaire : 5 versets
- Chimie : 29 versets
- Relativité : 62 versets
- Astronomie : 111 versets
- Climatologie : 20 versets
- Hydrologie : 14 versets
- Zoologie : 12 versets
- Agronomie et botanique : 21 versets
- Biologie : 36 versets
- Géophysique : 73 versets
- Ethnologie : 10 versets
- Géologie : 20 versets
- Cosmogonie et cosmologie : 36 versets
Il ne faut pas oublier enfin que le Coran et le Livre Céleste qui a parlé de la création de l'Univers et celle de l'Homme plus que les autres écritures.
Aspect social
Sur le plan social, le Coran, base immuable de l'Islam, a crée une révolution mondiale et une civilisation grandiose. D'un peuple quasi-analphabète que formaient les Arabes de la presqu'île, sans être très impressionnés par les peuples qui les entouraient ou aidés par un facteur extérieur, purent grâce au Coran et à ses enseignements, créer une grande civilisation reconnue comme étant l'une des plus célèbres de l'Histoire. Le Coran ouvre la fenêtre de la pensée, menant l'Homme au coeur de la Vérité. Il invite l'Homme avec insistance à la réflexion, à la contemplation, au réalisme, à la libération de l'esprit...
Ce peuple nomade qui n'avait aucune conception de la civilisation, qui adorait les idoles et les statues, sortit de la péninsule le coeur rempli de foi pour prêcher l'Islam, proclamer l'Unicité de Dieu et apporter à l'Humanité une civilisation basée sur la fraternité et l'égalité. Cet essor inouï n'avait comme source que le Coran qui a imposé de nouvelles règles à la sociéte assurant ainsi le salut dans les deux mondes.
Le Coran le miracle éternel !
Cheikh Mohamed Âchiq Ilahi (extrait du livret "Appel à la réflexion aux peuples du monde entier") Publié par le Centre Islamique de la Réunion
Le Coran reste un miracle vivant. C'est un fait indéniable, preuve même de sa provenance divine. Pour peu qu'on y médite, on rend compte de la pureté de son enseignement, à moins qu'on ne soit de mauvaise foi ou qu'on ne fasse preuve d'esprit d'arrogance
Le Saint Livre est à la portée de toutes les races confondues. Et il existe toujours dans sa forme première, telle qu'il a été révélé, fait établi et reconnu universellement [Faux] . D'ailleurs, le Saint Coran ne fut pas seulement qu'imprimé sur du papier, mais il subsiste depuis des siècles dans le coeur de milliers de gens qui l'apprennent et s'en souviennent. C'est dire que si, par inadvertance, toutes les copies de ses Ecritures à travers le monde arrivaient à s'abîmer, les innombrables Hâfiz oul Qoran (ceux qui l'ont appris et le connaissent par coeur) seraient capables de rétablir sur le champ la version authentique du Livre sacré.
Si le papier, en tant que matière périssable, disparaissait tout d'un coup, le Contenu intégral du Livre révélé survivrait dans la mémoire humaine. C'est ce qui explique le miracle que depuis quinze siècles, et ce pour tous les siècles à venir, le Saint Coran soit resté intact sans que la moindre virgule n'y ait été altérée.
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant pour les autres textes révélés depuis plus longtemps encore que le Coran, mais qui n'ont pu être mémorisés sur une grande échelle, ni préservés des extrapolations de l'homme et interférences diverses au cours de l'histoire humaine. Dans bien des cas l'on n'y avait accès que par le biais de versions traduites souvent contradictoires.Quant à la fidélité des traductions, elle restait douteuse parce que non vérifiables dans la mesure où l'original restait inacessible. D'autre part, l'imprimerie n'allait être inventée que des siècles (plus d'un millénaire) après l'existence des dits textes. En attendant, il y eut une longue période d'obscurantisme et d'ignorance qui submergeait la majeure partie du globe, l'Europe en particulier. Et mêmes les premiers Chrétiens ne pouvaient se permettre le luxe de se procurer une copie, encore moins de la déchiffrer.
Tel n'a pas été le cas en ce qui concerne le Coran qui, tout en étant traduit très tôt dans l'Histoire de l'humanité, continua à se multiplier sous sa forme originelle. Et constamment son authenticité a été assurée et sauvegardée.
Règles à observer en vue de la mémorisation du Saint Coran
1. La sincérité
Il est nécessaire d’avoir une intention sincère et un bon objectif et de s’occuper du Coran dans le seul but de complaire à Allah le Très Haut, d’accéder à Son paradis et de jouir de Son agrément.
Allah le Très Haut a dit : «Nous t' avons fait descendre le Livre en toute vérité. Adore donc Allah en Lui vouant un culte exclusif. » (Coran, 39 : 2).
Il a encore dit dans un hadith qudsi : « De tous les associés Je suis Celui qui se passe le mieux de l’association ; quiconque accomplit une œuvre et m’y associe à d’autres, je le laisse à celui qu’il m’associe ». Aussi aucune récompense ne sera accordée à celui qui lit le Coran ou le mémorise par ostentation.
2. La correction de la prononciation et de la lecture
Cette correction ne peut se faire que grâce à l’écoute d’un maître du Coran qui le maîtrise bien. Ce livre ne peut être appris que par l’initiation. Le Messager (bénédiction et salut soient sur lui) l’a reçu verbalement de Gabriel et les Compagnons du Messager (bénédiction et salut soient sur lui) l’ont reçu de lui verbalement et des générations de la Umma se le sont transmis de la même manière.
3. La détermination de la quantité de versets à mémoriser à chaque fois
Celui qui veut mémoriser le Coran doit déterminer ce qu’il veut mémoriser d’un seul coup. Cela fait, on vérifie la prononciation puis on se met à répéter. Cette répétition peut se faire de façon mélodieuse. D’abord pour écarter l’ennui ensuite pour bien avoir le texte dans sa mémoire. Cela est dû au fait que la mélodie est agréable à l’oreille. C’est pourquoi elle aide à mémoriser et habitue la langue à un rythme déterminé. Ce qui permet à l’intéressé de détecter directement l’erreur quand il constate une lacune dans déroulement de la lecture. A cela s’ajoute le fait que le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Celui qui ne psalmodie pas le Coran n’est pas des nôtres ». (Rapporté par Boukhari).
4. Ne dépassez pas votre quota quotidien avant de le maîtriser complètement
Il n’est pas correct de passer à un nouveau quota ou portion avant de maîtriser ce qui le précède. Pour faciliter la mémorisation, l’intéressé doit en faire une préoccupation permanente nuit et jour, en récitant la partie à mémoriser dans sa prière effectuée à voix basse, s’il n’est pas imam ou à haute voix, s’il l’est. Il doit en faire de même au cours de ses prières surérogatoires et pendant les moments d’attente des prières. Cette méthode facilite la mémorisation et elle a l’avantage d’être à la portée de tout un chacun, même celui qui s’occupe d’autres choses.
5. Veiller à utiliser le même exemplaire du Coran dans la mémorisation
Parmi les facteurs qui facilitent la mémorisation le fait de se choir un exemplaire du Coran et ne jamais le changer parce que l’on peut mémoriser grâce au regard comme on peut le faire grâce à l’écoute car l’image des versets et leur disposition dans le Coran s’impriment dans l’esprit au fur et à mesure qu’on regarde et lit. Si l’apprenant change son exemplaire du Coran, ou apprend dans plusieurs éditions duCoran avec différentes dispositions des versets, il peut être déconcentré et arrive difficilement à mémoriser.
6. La compréhension mène à la mémorisation
Parmi les grands facteurs qui facilitent la mémorisation figure la compréhension des versets mémorisés et la connaissance des liens qui les unissent. C’est pourquoi l’apprenant doit lire le commentaire de certains versets et sourates qu’il a mémorisés. En plus, il doit se concentrer au moment de la lecture pour se faciliter la remémoration des versets. Mais il ne doit pas compter sur la seule compréhension pour pouvoir maîtriser, car il doit répéter fréquemment pour y parvenir.
7. Ne dépassez pas une sourate avant d’en avoir la parfaite maîtrise
Après l’achèvement d’une sourate du Coran, l’apprenant ne doit pas passer à une autre sourate avant la parfaite maîtrise de ce qui a précédé et la capacité de rattacher la fin au début et de la lire aisément et sans aucune difficulté dans la remémoration des versets. Bien plus, la mémorisation doit être facile et l’on ne doit jamais dépasser une partie avant d’en avoir la bonne maîtrise.
8. L’exposé permanent
Celui qui a mémorisé le Coran ne doit pas se fier à son propre jugement en se contentant de le lire à soi-même. Il doit plutôt se faire écouter par une personne ayant la maîtrise du Coran ou quelqu’un qui regarde dans le Corantandis que l’apprenant récite. Dans ce cas, le maître ou celui qui regarde dans le Coran doit maîtriser la bonne lecture pour pouvoir attirer l’attention du lecteur sur les erreurs éventuelles dues à la prononciation, à la vocalisation ou à l’oubli. En effet, il arrive souvent à l’un de nous de commettre une faute dans la mémorisation d’une sourate et d’y demeurer inattentif même quand il regarde le Coran, car il arrive souvent que la lecture précède le regard. De sorte que l’apprenant regarde dans le Coran mais ne s’aperçoit pas de la faute qu’il a commise dans sa lecture. C’est pourquoi on considère que le fait de se faire écouter par quelqu’un est un bon moyen de rattraper les fautes.
9. Le suivi permanent
Le Coran diffère quant à sa mémorisation, de tout autre texte à mémoriser, qu’il s’agisse d’un poème ou de la prose, car le Coran échappe très vite à la mémoire. A ce propos, le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) dit : « Au nom de celui qui tient mon âme en Sa main, le Coran est plus prompt à échapper que le chameau qui se défait de ses attaches » (rapporté dans les deux Sahih. Pour peu que l’apprenant s’en détourne, le Coran lui échappe et il l’oublie vite. D’où la nécessité d’un suivi permanent et d’un contrôle continu de ce qui est mémorisé. A ce propos, le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) dit : « Celui qui s’occupe du Coran est comme le propriétaire de chameaux ; s’il veille sur ses bêtes il les conserve. Autrement, il les perd » (rapporté dans les Deux Sahih). Ceci signifie que celui qui a mémorisé le Coran doit en lire quotidiennement une 30ème au moins à défaut de pouvoir lire le tiers, compte tenu des propos du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) : « Quiconque lit le Coran en moins de trois jours n’en comprendra rien ». (Rapporté dans les Deux Sahih. Le suivi permanent maintient le texte mémorisé de façon durable.
10. Prendre soin des passages qui se ressemblent.
Le Saint Coran contient des passages qui se ressemblent aussi bien dans leur sens que dans leurs mots. A ce propos, le Très Haut dit : « Allah a fait descendre le plus beau des récits, un Livre dont (certains versets) se ressemblent et se répètent. Les peaux de ceux qui redoutent leur Seigneur frissonnent (à l' entendre); puis leurs peaux et leurs cœeurs s'apaisent au rappel d'Allah. Voilà le (Livre) guide d'Allah par lequel Il guide qui Il veut. Mais quiconque Allah égare n'a point de guide. » (Coran, 39 :23 ). C’est pourquoi le bon lecteur du Coran doit prendre soin particulièrement des passages qui se ressemblent. Nous entendons par là ressemblance des mots. Car l’intérêt que l’on porte à cet aspect détermine la qualité de la mémorisation.
11. Profiter de l’âge d’or de la mémorisation.
Le vrai assisté est celui qu’Allah le Très Haut a assisté à profiter de son âge d’or pour la mémorisation. C’est-à-dire l’âge qui se situe approximativement entre 5 et 23 ans. A cet âge la mémoire est très bonne. Avant, ils l’est moins. Après la courbe indicative de la capacité de mémoriser entame une descente tandis que la courbe indicative de la capacité de comprendre prend le sens inverse. C’est pourquoi les jeunes compris dans cette tranche d’âge doivent en profiter pour mémoriser le livre d’Allah le Très Haut, étant donné leur rapide et grande capacité de mémoriser et leur grande résistance à l’oubli, à la différence de leur état après cette tranche d’âge. Celui qui a dit : « Mémoriser pendant l’enfance est comme écrire sur une pierre tandis que mémoriser pendant la vieillesse est comme écrire sur de l’eau » a dit vrai.
Cela étant, nous sommes redevables au Livre d’Allah de bien le mémoriser, de suivre ses directives, d’en faire la constitution de notre vie, la source de la lumière de notre cœur, le printemps de nos poitrines.
Nous espérons que les règles ci-dessus indiquées constituent un bon fondement pour celui qui désire bien maîtriser le Livre d’Allah le Très Haut avec sincérité. Allah le Très Haut le sait mieux.





LE CORAN

(Extraits du Dictionnaire élémentaire de l'Islam par Tahar Gaïd)
Il serait prétentieux de parler du Coran en quelques lignes. D'ailleurs, tout ce dictionnaire traite de la question sans jamais épuiser le sujet. Des indications supplémentaires sont néanmoins susceptibles de compléter quelque peu les différents chapitres étudiés.
Le Coran n'est pas une oeuvre créée de toute pièce par un poète (châ'ir) si génial, soit-il, ni celle d'un devin (kâhin) aux puissances occultes. C'est une Révélation communiquée par Dieu à Son Prophète : " c'est là, en vérité, la parole d'un noble Prophète ; ce n'est pas la parole d'un poète ; -votre foi est hésitante - ce n'est pas la parole d'un devin ; comme vous réfléchissez peu ! - c'est une Révélation du Seigneur des mondes ! " (S. LXIX, 40 à 43), "Oui, le Coran est une Révélation du Seigneur des mondes " (S. XXVI, 192).
Le Coran n'étant pas le produit de sa propre réflexion, le Prophète, au moment de la " descente " (tanzîl) des versets, les répétait afin d'en retenir le sens et les expressions. Dieu lui ordonna de s'abstenir d'user de ce procédé car Il lui appartenait de réunir la récitation et de la faire comprendre à Ses créatures : " Ne remue pas ta langue en lisant le Coran comme si tu voulais hâter la révélation. Il nous appartient de le rassembler et de le lire. Suis sa récitation lorsque nous le récitons ; c'est à nous qu'il appartient, ensuite, de le faire comprendre " (S. LXXV, 16 à 19).
Le Messager de Dieu recevait la Parole divine par l'intermédiaire de l'ange Gabriel, nommé " l'"Esprit fidèle " par le Coran. Le Prophète, en sa qualité d'avertisseur, la transmettait à son tour aux hommes : " L'Esprit fidèle est descendu avec lui sur ton coeur pour que tu sois au nombre des avertisseurs " (S. XXVI, 194, 195).
La Révélation se produisait ainsi : illettré, donc incapable de lire les livres sacrés encore moins en araméen ou en hébreux, l'Envoyé de Dieu recevait le message d'une façon auditive. Il percevait un fort tintement de cloche. Il était saisi d'une fièvre si intense qu'une sueur abondante coulait de son front y compris pendant les périodes de grand froid. Il pâlissait et rougissait et tous ses membres tremblaient. Son corps s'alourdissait d'une manière telle qu'un jour son chameau ploya sous son poids.
Le Coran fut révélé graduellement durant plus de vingt ans, selon les circonstances politiques et religieuses. Ceci explique sa composition fragmentaire de sorte que les thèmes ne sont pas regroupés par chapitres.
Le Livre sacré n'a pas été recensé selon l'ordre chronologique de la Révélation mais selon la longueur des sourates. Il en renferme cent quatorze de longueurs inégales. La plus courte comprend trois versets et la plus longue en englobe deux cent quatre-vingt-six. Certaines, révélées à La Mekke, d'autres à Médine, ont reçu un titre ; la vachela fourmila caverneles fractions, etc. Postérieurement au Prophète, le Coran fut divisé en soixante parties (hizb) et aussi en deux cents parties appelées " rubû' ". Chaque sourate se compose de plusieurs versets(âyât)Le Coran en comprend six mille deux cent dix-neuf qui sont autant de signes et de miracles. Le mot âyâ est souvent accompagné d'un adjectif comme clair, évident... car son objet consiste à convaincre les hommes.
Du temps du Prophète, les versets coraniques étaient mis par écrit sur des os plats, des pierres, des peaux, des feuilles de palmiers... et aussi appris par coeur intégralement ou en partie par les croyants. Abu Bakr rassembla tous ces fragments sur le conseil d'Omar et les réunit en un seul opuscule. Un comité se chargea de ce travail. Cette décision fut prise à la suite de la mort de plusieurs lecteurs du Coran lors de la guerre engagée contre le faux prophète Musaïlima. Il était à craindre la disparition à la longue du texte sacré. La recension officielle de ce dernier se réalisa définitivement sous le khalife Othmane qui mit ainsi fin à la diffusion d'autres écrits légèrement incorrects.
Différentes expressions désignent le Coran dont le style varie suivant les époques de la Révélation. Outre le mot qur'ân qui dérive de la racine qara'a(réciter, lire), les quelques autres termes qui s'y appliquent sont çuhuf (feuilles),Kitâb (livre) ; deux appellations qui se réfèrent également aux Livres antérieurs à la prédication du Prophète, Furqân qui définit aussi l'Écriture confiée à Moïse, et aussi la " Mère du Livre " : " Dieu efface ou confirme ce qu'il veut. La Mère du Livre se trouve auprès de lui " (S. XIII, 39). Si les mêmes vocables sont parfois attribués aux Écritures, c'est parce que celles-ci proviennent toutes de la même source céleste.
Le mot qur'ân revient fréquemment dans le Livre, accompagné de différents qualificatifs : karîm (noble), hakîm (plein de sagesse), madjîd (glorieux), 'azîm(très grand), etc. En outre, Dieu compare le Coran à une lumière destinée à montrer aux hommes la seule voie à suivre : "O vous les hommes ! une preuve décisive vous est parvenue de la part de votre Seigneur : nous avons fait descendre sur vous une lumière éclatante " (S. IV, 174). Cette lumière avait été répandue sur l'humanité, et continue à se répandre, par une lampe, en l'occurrence, le Prophète : " O toi, le Prophète ! Nous t'avons envoyé comme témoin, comme annonciateur de bonnes nouvelles, comme avertisseur, comme celui qui invoque Dieu -avec sa permission- et comme un brillant luminaire " (S. XXXIII, 45, 46).
Le Coran a été révélé en arabe pour être compris, à l'origine, par un peuple arabe : "c'est une Révélation en langue arabe claire " (S. XXVI, 195), "Oui, nous avons fait un Coran en arabe ! -Peut-être comprendrez-vous " (S. XLIII, 3). Il est considéré comme éternel et incréé. Le texte que nous possédons est une copie dont le prototype " Umm al-Kitâb " (la Mère du Livre) est conservé au ciel sur une Table (lawh) bien gardée : " Ceci est, au contraire, un Coran glorieux écrit sur une Table gardée ! " (S. LXXXV, 1, 22). Il est du point de vue phonétique, graphique et linguistique identique à l'original céleste. Sa reproduction est inimitable (i'djâz) : " Dis : si les hommes et les Djinns s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne produiront rien qui lui ressemble, même s'ils s'aidaient mutuellement " (S. XVII, 88).
Il est recommandé de lire et de relire le Coran, de le réciter à haute voix, tel est le conseil donné par Dieu au Prophète et à tous les musulmans : " Tiens-toi debout, en prière, une partie de la nuit, la moitié ou un peu moins ou davantage et récite avec soin le Coran" (S. LXXIII, 2, 3, 4), " Récitez donc à haute voix ce qui est possible du Coran " (S. LXXIV, 20). Beaucoup de Musulmans l'apprennent par coeur dès le jeune âge.
Le Tout-Puissant incite les hommes à se pencher d'une manière clairvoyante sur les données du Coran et à prendre comme base de réflexion les prescriptions temporelles et spirituelles ainsi que les exemples historiques qui y sont contenus et qui définissent la conduite à adopter dans la vie : "Nous avons exposé tout ceci dans ce Coran pour que les hommes réfléchissent" (S. XVII, 41), " Ceci est, pour les hommes, un appel à la clairvoyance, une Direction et une Miséricorde en faveur d'un peuple qui croit fermement " (S. XLV, 20).
Cette Direction est universelle car le Coran ne révèle pas une religion destinée à une seule race, à une catégorie déterminée d'hommes. L'essence de son enseignement était déjà contenu dans les Livres anciens : "Ceci se trouvait déjà dans les Livres des Anciens " (S. XXVI, 196). Le Livre saint est en effet un rappel des " feuillets " d'Abraham, de la Loi de Moïse, des Psaumes de David, de l'Évangile de Jésus... Dieu revient sur cette affirmation quatre fois en employant la même formulation et dans la même sourate : " Oui, nous avons facilité la compréhension du Coran en vue du rappel. Y a-t-il quelqu'un pour s'en souvenir ? " (S. LIV, 17, 22, 32, 40).
Le Coran a inspiré des oeuvres littéraires, juridiques, historiques, artistiques, scientifiques, etc. La création étant continue, grâce à l'aide de Dieu, de nouvelles théories politiques, économiques, sociales, de nouvelles inventions scientifiques peuvent être conçues en tenant compte de la marche de l'histoire qui est impitoyable à l'égard des traînards. Tous les problèmes de la vie sont contenus dans le Coran. Ils n'existent certes pas sous forme de recettes de cuisine mais bien potentiellement. Il s'agit de confronter, chacun dans son domaine et sa spécialité, la Réalité au Livre sacré et d'y découvrir les moyens de résoudre ces problèmes.



Le CoranAspects théologiques

Le mot arabe Qur'ân vient de la racine arabe qr', prise ici dans son sens primitif de "réciter" ou de "prêcher". Le mot signifie donc La Prédication par excellence.
Techniquement, c'est le texte de la prédication deMohammed, reçue par lui dans les moments de Révélation (il transpirait, entrait en transe&), qui pour l'islam est parole de Dieu, alors que les hadîths (ou "dits") de la Sunna représentent, eux, les paroles que le Prophète a pu prononcer dans la vie courante en dehors des instants de Révélation.
C'est, pour l'islam, la parole même de Dieu.
Toute citation écrite ou orale du Coran est introduite dans les livres islamiques par la formule qâla Llâhu ta'alä ("Dieu le Très-Haut a dit"). Quand il s'agit d'un message oral, à la radio ou à la télévision par exemple, le présentateur change de ton, prend une voix caverneuse et grave pour indiquer que c'est la Transcendance qui va parler, pour distinguer le flux de la parole sacrée de la parole profane. La citation orale se termine toujours par la phrase sadaqa Llâhu l-'azîm ("Dieu l'immense a dit vrai")
C'est, d'après le Coran lui-même, la parole de Dieu révélé enlangue arabe claire (26.195), c'est-à-dire dans une koinè supra-dialectale.
Le Coran a été révélé à Mohammed par l'ange Gabrielpar fragments Coran 17.106). Ces fragments sont considérés comme des extraits du Livre céleste, dont sont issus aussi la Tora et l'Evangile, fragments identiques point pour point aux passages correspondant du Livre céleste, alors que la Tora et l'Evangile ont été mal transmis (doctrine du tahrîf). A part ces altérations, le Coran est identique aux révélations antérieures.
Selon l'expression qui en vint à exprimer l'opinion majoritaire des théologiens musulmans, le Coran est considéré comme "parole [éternelle et incréée de Dieu ". Dieu étant un "parlant", le Livre céleste dont est issu le Coran est présent de manière latente en Lui. Sous cet aspect-là, il est éternel et incréé. Il s'actualise cependant lors du phénomène de la Révélation. Il devient alors mots et versets. Sous cet aspect là, il est temporel. Il est hikâya, représentation.
Le Coran est considéré comme tellement parfait (car oeuvre divine) qu'il est considéré comme absolument inimitable. C'est le dogme de l'inimitabilité du Coran (i'djâz al-Qur'ân).
Dans les mosquéesle Coran n'est pas lu de façon profane, mais psalmodié. C'est le tadjwîd. Cette psalmodie est faite avec un soin extrême. Elle nécessite des dizaines d'années d'entraînement. Toutes les désinence casuelles sont respectées, toutes les assimilations phonétiques sont réalisées. Les consonnes "r" et "dâd" sont prononcées avec leur valeur primitive, c-à-d un "r" anglais pour le "r" et un "d" emphatique (prononcé avec la langue recourbée vers le haut du palais) pour le dâd.
La liturgie de la prière est composée de versets coraniques ou de sourates entières comme la sourate 1 dite Al-Fâtiha.Le Coran étant parole de Dieu, l'orant ne fait que restituer à Dieu Sa propre parole ].
Histoire de la formation du Coran
Mohammed ne savait ni lire ni écrire (7.157). Il n'a donc pas mis par écrit lui-même les révélations qu'il a reçues. Il avait confié cette besogne à des scribes (secrétaires). Selon la tradition, dès qu'une révélation était transmise à Mohammed, les scribes la notaient sur des morceaux de cuir, des tessons de poterie, des nervures médianes de palmes, des omoplates et des côtes de chameau. La tradition nous montre encore le Prophète dictant à des scribes des fragments révélés à l'instant même. On pense cependant que cette procédure ne fut pas appliquée dès le début. Au début, personne ne songea sur le moment à les retenir autrement qu'en sa mémoire.
Du vivant même du Prophète se sont constitués des petits recueils de sourate rangées par ordre de longueur décroissante. Ces recueils ont aujourd'hui disparu. Ce qui est sûr c'est que ces textes utilisaient une orthographe capricieuse et défective une seule graphie pour "b", "t", "th", "n", "y", les points diacritiques n'existant pas encore à cette époque pour l'écriture arabe. Seule la récitation à haute voix permettait d'aboutir à un déchiffrement sûr.
Il semble que du vivant du Prophète, il y ait eu plusieurs compagnons du Prophète sachant le Coran par coeur, puisque la tradition parle de certains compagnons du Prophète venant trouver le prophète pour l'interroger sur la façon dont il convenait de réciter tel ou tel passage duCoran.
Mohammed n'a pas donné de version définitive ne varieturde la Révélation.
Mohammed meurt en 632. A cette date, comment se présentait le Coran ? Quelques très rares fidèles le savaient à peu près par coeur en entier. La plupart se bornaient à n'en retenir que des fragments plus ou moins longs. Les plus tièdes se contentent de quelques versets. Il y avait aussi des recueils de quelques sourates.
A la bataille de 'Aqrabâ livrée contre le faux prophète Musaylima (début 633), nombre de fidèles connaissant par coeur le Coran avaient trouvé la mort. Le futur calife 'Umar aurait alors compris qu'on risquait de voir retourner au néant à la fois les fragments non fixés par l'écriture et la caution que ces fidèles représentaient quant à la rectitude de la récitation du texte noté.
Le calife Abû Bakr demanda alors à un médinois d'une vingtaine d'années Zayd ben Thâbit de mettre le Coran par écrit. Zayd aurait donc recueilli, au prix de longs efforts, puis transcrit sur des feuilles, peut-être sur du parchemin, tous les textes déjà notés sur des pierres plates, des tessons, des omoplates de mouton ou de chameau. A ces textes, il a ajouté des fragments de la Révélation que seule la mémoire de certains fidèles possédait encore. Malheureusement, il ne reste plus aucune trace de ces feuillets (suhuf).
Ces feuillets constituaient la propriété personnelle d'Abû Bakr et de 'Umar, et non celle du calife, chef de la communauté. Dans l'esprit d'Abû Bakr et de 'Umar, il ne s'agissait pas d'imposer une Vulgate à l'ensemble des fidèles. Il semblait tout simplement normal que le chef de la communauté ne soit pas en état d'infériorité par rapport à quelques compagnons du Prophète qui avaient un Coran entier chez eux.
Il y avait d'autres recensions, notamment le corpus d'ibn Mas'ûd (m. vers 30/650). Il réussit même à faire prévaloir son corpus dans la ville de Kûfa en Irak. Les derniers exemplaires attestés disparaissent au 10ème s.
Les divergences entre les recensions portaient sur l'ordre et le nombre des sourates, et le détail du texte.
La recension othmanienne
Le calife 'Uthmân (ou Othman, 644-655) forma une commission de quatre personnes qui travailla sur la base de la recension d'Abû Bakr. A ce noyau primitif vinrent s'ajouter tous les fragments épars qu'il fut possible de trouver. Puis 'Uthmân ordonna la destruction de tous les autres témoins, y compris les omoplates etc& datant de l'époque du Prophète. C'est la seule recension en usage aujourd'hui, et depuis des siècles, puisque la recension d'Ibn Mas'ûd disparut au 10ème s.
L'émir al-Hajjâj (vers 694) adopta la scriptio plena. Pour le Coran se réalisa donc la même réforme qui au - 6ème s. avait introduit en hébreu les matres lectionis (waw et yod), qui par la suite devait aboutir au système plus nuancé des rabbins de Tibériade.
Cette réforme se fit en deux étapes d'abord introduction des points voyelles, qui par la suite devinrent des traits voyelles (fathakasra et damma), puis introduction des consonnes diacritées. La vocalisation était écrite en rouge, et le squelette consonnantique en noir. Mais la scriptio plena se heurta à une vive résistance et ne triompha définitivement qu'au milieu du 9ème s. A partir de ce moment, le texte coranique était fixé ne varietur.
Le premier Coran imprimé vit le jour à Venise en 1530, maisfut détruit immédiatement sur l'ordre des autoritésecclésiastiques. La première édition imprimée faite par un musulman est celle de Mulay Usman, St Pétersbourg, 1787. Actuellement, le Coran le plus largement utilisé est celui de l'édition du Caire, 1923, lecture de Hafs.
Le contenu du Coran
Le Coran comporte 114 sourates (chapitres), soit 6235 ou 6234 versets.
D'un point de vue historique, on distingue les sourates des trois périodes mecquoises (610-622) et celles de la période médinoise.
I. Périodes mecquoises
1. Première période mecquoise (610-616) 48 sourates, 1219 versets, 9% du Coran.
Les sourates de cette époque sont courtes et fougueuses.leur langage est solennel, les images hardies, les versets brefs, leurs enseignements pleins de force, et parfois introduits par des adjurations emphatiques.
On trouve dans ces sourates des prédictionseschatologiques, des exhortations à se préparer au Jugement Dernier, les descriptions des signes de la fin la terre s'ouvre, les montagnes chancellent, les étoilent tombent sur terre.
Le dogme de l'unicité divine apparaît au milieu de cette période.
2. Deuxième période mecquoise (617-618) 21 sourates, 1898 versets, soit 23 % du Coran.
La fougue initiale commence à se refroidir au contact des désillusions de la réalité et des nécessités pratiques de la communauté naissante. On y trouve de longues tirades sur les prophètes antérieurs à Mohammed.
3. Troisième période mecquoise (619-622) 21 sourates, 1656 versets, soit 33 % du texte.
On y trouve encore de longs récits sur les Prophètes.
Il s'agit de convertir les hommes à la foi dans le Dieu unique, créateur et résurrecteur des morts, au jugement dernier, à l'enfer et au paradis.
Le Coran de cette période s'étend longuement sur les louanges de Dieu. Il Le voit intervenant dans les phénomènes de la nature et dans les vicissitudes de l'histoire, et par contraste, parle avec sarcasme de la faiblesse des faux dieux.
Longues descriptions de la béatitude des bienheureux (au paradis) et des tourments infinis des damnés (en enfer)
II. Période médinoise (622-632) 24 sourates, 1462 versets, soit 35 % du texte.
Le Prophète est à présent chef d'Etat.
On y trouve l'écho des luttes soutenues par Mohammedcontre les tribus juives de Médine, contre les Hypocrites, contre les polythéistes de La Mecque, enfin contre les tribus bédouines ralliées à l'islam triomphant moins par conviction que par intérêt
On rencontre dans les sourates médinoises des textes d'une très haute portée pour l'élaboration future de la Loi islamique. Certains concernent le rapport de la nouvelle religion avec les autres religions monothéistes.
D'autres forment les éléments organiques du droit civil ( mariage, répudiation, héritage, transactions commerciales) , ou pénal ( répression des crimes et délits).
La traduction du Coran
C'est en latin que le Coran fut traduit pour la première fois sous l'impulsion de l'abbé de Cluny, Pierre le Vénérable(1092-1156).
A la faveur d'un voyage en Espagne entre 1141 et 1143, Pierre le Vénérable, créa avec le concours de l'archevêque Raymond de Tolède une équipe dirigée par un Anglais, Robert de Rétines, assisté d'un Dalmate nommé Herrman. ces deux clercs semblent s'être bornés à donner leur avis sur les passages d'interprétation délicate et le véritable traducteur est un certain Pierre de Tolède, probablement un converti à qui la langue latine n'était pas aussi familière que l'arabe, ce qui amena Pierre le Vénérable à lui adjoindre un coadjuteur appelé aussi Pierre, de l'ordre de Cluny, chargé de revoir le style de la traduction.
Ce travail ne précède que de quatre ans la deuxièmecroisade (1147-1149). Il était destiné à la propagande contre l'islam. Pierre écrivit à St Bernard " Mitto vobis, carissime, novam translationem contra pessimum nequam Machumet haeresim disputandem."
Ce n'est pas une traduction. Le texte arabe est simplement un résumé. Durant cinq siècles, la chrétienté l'utilisera dans ses controverses contre l'islam. La Renaissance s'en est montrée satisfaite. C'est cette version que publiera l'humaniste et théologien suisse Theodor Buchmann ouTheodorus Bibliander en 1543 à Bâle, sous le titre deMachumetis, Saracenorum principis ejusque successorum vitae et doctrina, ipseque Alcoran, quae Petrus abbas cluniacensis....ex arabica in latinam transferri curavit (cote BNUS R10732 pour l'édition de 1543, et D 25803 pour l'éd. de 1550).
C'était un acte d'audace pour l'époque, car les Turcs étaient devant Vienne depuis 1529. On traduisait le livre de l'ennemi, un ouvrage donc hautement subversif, et, pour digérer ce venin, Bibliander l'a fait précéder de trois préfaces, l'une de Philippe Mélanchthon, la deuxième de lui-même, la troisième du traducteur Robert qui démontre la fausseté du Coran. Il est suivi d'un plus grand nombre encore de réfutations de l'islam.
Au 17ème s., Du Ryer (1580-1660), qui fut longtemps consul de France en Egypte et à Constantinople, entreprit de vulgariser le livre sacré de l'islam en Europe et publie en 1647 l'Alcoran de Mahomet. Cette traduction fut immédiatement accueillie avec une grande faveur, due à ce que le public lettré de l'époque s'intéressait au monde islamique beaucoup plus que nous ne le croyons actuellement. En cinq ans, il y eut cinq éditions. Elle a été elle-même traduite en anglais, néerlandais et en allemand.
En 1698, paraît la traduction de Marracci à Padoue, avec une réfutation de l'islam. Elle est de bien meilleure facture que celle Du Ryer. Elle comporte une très abondante annotation, mais l'esprit est encore polémique.
En 1734 paraît la traduction de George SaleThe Koran commonly called the Alcoran of Mohammedavec une exergue "nulla falsa doctrina est quae non aliquid veri permisceat" ("Il n y a nulle fausse doctrine d'où ne transpire quelque chose de vrai") avec un Preliminary Discourse, qui est un exposé relativement objectif de l'islam. Nous sommes au Siècle des Lumières. C'est à cette traduction que la bonne société française, notamment Voltaire, doivent ce qu'ils connaissent de l'islam et du Coran.
En 1782-83, paraît la traduction de Claude Savary. Savary connaissait bien le dialectal, mais insuffisamment la langue écrite (elle est encore publiée aux Ed. Garnier). c'est une traduction imparfaite et pleine d'erreurs.
Actuellement, on trouve sur le marché de très nombreuses traductions du Coran, notamment celles de Hamidullah (bilingue arabe français, préférer la deuxième édition, indique les parallèles bibliques !), Tidjani et Pesle, Si Hamza Boubakeur (la seule en français avec un commentaire fort érudit), de Montet (à éviter), de Kazimirski (dépassée), de R. Blachère (excellente, préférer l'édition reclassant les sourates par ordre chronologique, hélas seulement disponible en bibliothèques), Denise Masson (excellente), de Jacques Berque (excellente), de Chouraqui, de Khawwam etc... En allemand, les meilleures sont les traductions de Rudi Paret (préférer l'édition avec commentaire et concordance) et de Max Henning. En anglais, la meilleure est celle de Kenneth Craig.




Le Coran

Le Coran est pour les musulmans la parole de Dieu révélée par fragments au Prophète Muhammad par l'intermédiaire del'ange Gabriel pendant les vingt-trois années de sa mission. En ce sens donc, le Coran représente pour eux une parole d'absolu qui donne et prend sens au-delà des événements et des contingences de l'histoire et ce parce qu'elle est, pour les fidèles de l'islam, le dernier message révélé aux hommes par Dieu qui, auparavant, avait envoyé d'innombrables prophètes et messagers dont Noé, Abraham, Moïse et Jésus.
Le texte coranique est, avant toute chose, un rappel aux hommes pour qu'ils reviennent à la foi originelle en Dieu et qu'ils aient de fait le comportement moral qui convient. Plus d'un tiers du Coran est constitué par l'expression du "tawhîd" la foi en l'unicité du Créateur qui n'engendre pas et n'a pas été engendré. On trouve également évoquées les histoires des Prophètes dont la narration traduit le fait de l'essence unique des messages et de leur continuité. Tous ces passages sont propres à donner naissance à la spiritualitéqui doit accompagner le croyant leur dimension absolue est en soi logique, et légitime.
De nombreux versets du Coran parlent de la création, de l'univers et d'autres insistent sur les modes de relations que les hommes doivent entretenir entre eux ou avec la nature. La Révélation traite en effet de toutes les sphères de l'activité humaine de l'ordre économique, du projet social, de la représentativité politique. C'est cette spécificité qui, à première vue, fait problème, car si la parole de Dieu est absolue, une et définitive, cela revient à dire que ce qui a été écrit et recensé au VIIème siècle comme "parole de Dieu" est à appliquer tel quel à toutes les époques ultérieures. L'islam serait donc, par essence, fondamentaliste au sens où l'on comprend cette notion dans l'histoire du christianisme.
Pourtant, ni le Prophète, ni ses compagnons, ni les premiers juristes ne l'ont entendu ainsi. Le Coran est descendu par fragments et les versets révélés étaient le plus souvent des réponses à des situations spécifiques auxquelles devait faire face la communauté des fidèles autour du Prophète. C'est une réponse relative à l'événement historiquement datél'absolu révélé n'est pas dans la littéralité de la formulation, mais dans le principe général qui se dégage de ladite réponse. C'est ce qu'ont traduit les premiers juristes, après Abou Hanîfa et al-Shâfi'i, avec la notion de "maqâsed alsharî'a" les objectifs, les principes d'orientation de la législation islamique.
Il s'agit là de la conceptualisation, après coup, de ce queMuhammad et ses compagnons comprenaient et appliquaient naturellement. Quand 'Omar, alors qu'il avait succédé à Abou Bakr à la tête de la communauté musulmane, décida, durant l'année dite de la famine, de suspendre l'application de la peine de la main coupée aux voleurs, il suivait très exactement le principe énoncé ci-dessus maintenir l'application de cette peine aurait signifié une trahison de l'objectif de la Révélation qui seule est absolue (même si cela pouvait apparaître comme un manquement à la lettre duCoran)
Il se trouve dans le Coran à peu près 228 versets (sur 6 238) qui traitent de la législation générale (droit constitutionnel, code civil et pénal, relations internationales, ordre économique, etc.). Il est impossible, avec ce qui ne représente que 3% du Coran, de répondre aux besoins d'une quelconque société - cette insuffisance était apparue du temps même du Prophète - et les juristes ont très vite cherché à dégager les principes généraux, et absolus, qui se cachaient derrière les réponses spécifiques données aux habitants de la péninsule arabique au VIIème siècle.
Le Coran offre donc des principes directeurs, des principes d'orientation. Ces derniers sont, par essence, absolus puisque, pour le musulman, ils proviennent du Créateur qui indique à l'homme la voie (la sharî'a) à suivre pour respecter Ses injonctions. Ces principes sont la référence des juristes qui ont la responsabilité, en tout lieu et à toute époque, d'apporter des réponses en prise avec leur environnement sans trahir l'orientation première. Ainsi, il ne s'agit pas de refuser l'évolution des sociétés, le changement des modes et des mentalités, ou les diversités culturelles bien au contraire, le musulman est mis en demeure de respecter l'ordre divin (qui a voulu le temps, l'histoire et la diversité) :
"Dieu fait sortir le vivant du mort ; Il fait sortir le mort du vivant. Il rend la vie à la terre quand elle est morte ainsi vous fera-t-Il surgir de nouveau.
Parmi Ses signes Il vous a créés de poussière, puis vous voici des hommes dispersés sur la terre.
Parmi Ses signes Il a créé pour vous, tirées de vous, des épouses afin que vous reposiez auprès d'elles, et Il a établi l'amour et la bonté entre vous. Il y a vraiment là des signes pour un peuple qui réfléchit.
Parmi Ses signes la création des cieux et de la terre ; la diversité de vos langues et de vos couleurs. Il y a là vraiment des signes pour ceux qui savent."
Coran 30/19-22
Les étapes de la création - des cieux, de la terre et des êtres humains - et la diversité des idiomes et des couleurs sont autant de signes tant de la Présence que de la volonté divines qu'il faut donc respecter. L'interpellation à l'ensemble des êtres humains va dans le même sens
"ô vous les gens ! Nous vous avons créés d'un homme et d'une femme et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous vous entreconnaissiez..."
Coran 49/13
Ainsi l'homme, porteur de la foi, doit admettre, à l'instant même où il s'occupe des affaires humaines, les données de l'évolution historique, de la diversité cultuelle et culturelle. Faire face à ses responsabilités de croyant, c'est appréhender l'horizon de cette complexité et, d'emblée, s'activer à chercher, pour son époque et son pays, la meilleure façon d'établir une harmonie entre les principes absolus et la vie quotidienne.
La Sunna du Prophète, seconde source du droit islamique, permet de s'approcher des objectifs de la Révélation. En effet, en analysant ce que Muhammad a pu dire en telle ou telle circonstance, ou comment il a agi, ou encore ce qu'il a approuvé, nous sommes à même de mieux comprendre le sens et la portée des injonctions divines. De la même façon, les juristes se sont efforcés de dégager à partir des dires, des faits et des décisions de Muhammad, les principes qui devaient permettre aux musulmans de vivre avec leur temps ou leur environnement tout en restant fidèles à son enseignement.
A première vue, la référence constante au Coran et au Prophète peut apparaître comme un obstacle au changement, comme sa négation manifestée par la volonté de voir appliquée aujourd'hui une législation vieille de quatorze siècles. Ce que nous venons de dire est la démonstration que cette compréhension est bien réductrice et qu'elle ne correspond ni à l'enseignement de Muhammadni à l'attitude des ulémas (savants) de la première. La détermination des principes généraux est un fait avéré dans les modalités de lectures juridiques du Coran et des traditions et que confirment, s'il en était besoin, l'exigence de "l'effort de réflexion personnelle" (ijtihâd) dans des situations dont ne parlent ni le Coran ni la Sunna.
Le Coran vivant
Les premiers musulmans avaient vécu plus de deux décennies en contact avec la Révélation continuée. Elle les avait menés du mode de vie le plus fruste à l'exigence de la méditation, de la délicatesse et de que vivifiait en eux le Coran
"Ne détourne pas ton visage des hommes, ne marche pas sur la terre avec arrogance. Dieu n'aime pas l'insolent plein de gloriole. Sois modeste dans ta démarche ; modère ta voix..."
Coran 31/18-19
Ils s'approchaient enfin de l'essence du message coranique, dans sa dimension et sa profondeur. Ils s'approchaient enfin du modèle
"Il y a certes dans le Prophète de Dieu un bel exemple pour celui qui espère en Dieu et (dans la rétribution) du Jour dernier..."
Coran 33/21
Et quand on a demandé à son épouse Aïsha quel était le caractère de Muhammad elle répondit "Son caractère étaitle Coran." Il en était la personnification, le premier et le meilleur interprète. Or jamais le Prophète n'a levé la main sur l'une de ses épouses. Tous les témoignages le montrent attentif, attentionné et respectueux de la personne et de la personnalité des femmes qui l'entouraient. A la même Aïsha, on demanda un jour ce que le Prophète faisait à la maison (en guise de tâche ménagère) ; elle répondit qu' "il était au service de sa famille, et de plus cousait ses vêtements et réparait ses chaussures."
Pédagogue avec ses compagnons, il leur enseignait l'islam par l'exemple. Sans brusquer les coutumes mais avec le souci, toujours, de parvenir à communiquer l'essence de l'islam. Un jour, il fut invité à manger ; il demanda à son interlocuteur "avec elle ?" en montrant son épouse Aïsha ; l'autre répondit "Non" alors Muhammad s'excusa de ne pouvoir accepter. La même situation se renouvela et, une fois encore, l'invitation fut refusée. Lors de la troisième rencontre, l'homme comprit enfin et répondit par l'affirmative à la présence de Aïsha. Le Prophète accepta de se rendre au repas accompagné de son épouse.
La mission prophétique touchait à sa fin. La descente du verset "Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion..." (Coran 5/3) était un signe et une indication désormais tout était donné du sens et de l'esprit du Message. Aussi le Prophète, lors du "pèlerinage d'Adieu" n'omettra de rappeler aux hommes les principes fondamentaux de l'islam. Aux cent quarante mille fidèles présents et à quelques semaines de sa mort, il exhorta sa communauté "Ô gens ! Vos femmes ont un droit sur vous et vous avez aussi un droit sur elles." Puis, après avoir répété le propos coranique susmentionné, il ajouta "Traitez les femmes avec douceur !... Soyez donc pieux envers Dieu en ce qui concerne les femmes et veillez à leur vouloir du bien." Se tournant vers Dieu, il invoqua "Ai-je fait parvenir le Message ?" ; les fidèles répondirent "oui", et le Prophète de ponctuer "Ô Dieu, sois témoin !". Ce furent ses derniers propos publics concernant les femmes qui répondaient au sens du dernier verset révélé concernant la vie du couple
"Parmi ses Signes il a créé pour vous, tirées de vous, des épouses afin que vous reposiez auprès d'elles, et Il a établi l'amour et la bonté entre vous. Il y a vraiment là des Signes pour un peuple qui réfléchit."
Coran 30/21
Ainsi, par le Coran et l'exemple du Messager, qui sont les deux sources de références de l'islam, se dessine le vrai statut de la femme musulmane dans sa relation avec l'homme.
Lire le Coran ?
Pour qui est de confession musulmane, la lecture du Coranest édifiante. Il est un Rappel de la Présence divine, et le Texte d'initiation à vivre pour épouser les horizons de la Création. Il est le Signe, le Sens et la Voie. - Ce "lecteur" (Coran veut dire littéralement "Lecture") sait pourtant (ou devrait savoir) que sa façon de s'ouvrir au Texte, d'entrer dans l'intimité de sa révélation est d'emblée de l'ordre de la reconnaissance, proprement de l'adoration (ta'abod) du Créateur. De la même façon, il sait - à cause de la nature même de sa lecture - qu'il ne peut tirer, par la seule formulation d'un ou de plusieurs versets lus à tel endroit du texte, des enseignements ou des règles d'ordre juridique, social ou politique. Il sait, enfin, qu'une compréhension de l'esprit de la Révélation en matière de droits et de devoirs, d'organisation sociale, politique ou économique exige une lecture, une approche, différente. Il s'agit alors de se rappeler que le Coran a été révélé sur vingt-trois années, qu'il y eut la période mecquoise et la période médinoise, que certains versets répondent à des événements circonstanciés, que tel verset précède tel autre, que certaines interdictions ont été révélées par étapes (le vin, al-ribâ par exemple), qu'enfin, l'absolu du message révélé est sujet à une interprétation tenant compte du moment historique - et donc relatif - qui lui donne sens.
Bref, on le voit, l'approche du Coran n'est pas simple pour qui veut comprendre le sens du message. Sur le plan du droit, une bonne lecture exige de nombreuses connaissances qui sont le fait, en islam, des spécialistes, des savants ('ulamâ') qui seuls, et sans exercer de sacerdoce ou une fonction cléricale, sont à même d'émettre des avis juridiques.
Aussi ne suffit-il pas de citer un passage du Coran pour avoir tout démontré, définitivement. Encore faut-il savoir comment le texte en question s'insère dans la Révélation et dans son histoire. C'est la voie nécessaire qu'il faut prendre pour en comprendre le sens et c'est ce que nous devons rappeler, souvent, aux lecteurs non-musulmans quand ils stigmatisent une formulation qui les choque par son apparente brutalité... Certains lecteurs musulmans, de la même façon d'ailleurs, quand ils s'appuient sur un verset pour justifier un comportement ou un propos aux contours quelque peu troubles.




Source : http://www.mosquee-de-paris.net/cat_index_96.html

Le coran

par Hamza Boubakeur

La recension du Coran

Le Coran est une prédication orale. Reçu fragmentairement de l'ange Gabriel, par voie auditive, comme parole incréée de Dieu, par Muhammad elle fût communiquée oralement par celui-ci et mise par écrit, de son vivant, par des scribes bénévoles sur des omoplates, des morceaux de parchemin, des tablettes de bois, des débris de poterie. Parmi ces scribes ('Ali b. Abî Talib, 'Uthmân b. Affân, 'Ubayy b. Ka'b, Hassân b. Thâbit, Mu'awiyya b. 'Abî Sufiyân), il y a lieu de noter surtout Zayd b. Thâbit qui devait jouer ultérieurement un rôle majeur dans l'établissement définitif du texte sacré.
La tradition et les études islamiques entreprises sur la recension du Coran sont formelles sur l'ordre des versets à l'intérieur des fragments, ou sourates, de la révélation, exception faite de quelques-uns qui furent déplacés sous le règne de 'Uthmân (23-35/644-655) et dont on ne savait plus â quelle sourate et dans quel ordre les incorporer.
Rappelons seulement que, du vivant du Prophète, la plupart de ses compagnons (sahâba) savaient par coeur le texte sacré dans son intégralité. Après sa mort, un grand nombre des "porteurs du Coran en leur mémoire" (hâmilû-l-Qur'ân) furent tués au cours des sanglantes expéditions ordonnées par son successeur immédiat, le calife 'Abû Bakr, dès son accession au pouvoir (an 11/632), contre les tribus bédouines en révolte, les apostats et les faux prophètes, en particulier contre le plus dangereux de ces derniers, Musaylima, surnommé al-Kazhzâb (l'imposteur). Il fut aidé par un transfuge de l'Islâm, nommé Naharu-r-Rajjâl et par la puissante tribu des Banû Hanîfa, solidement retranchée dans les forteresses de Yamâma. Le besoin se fit sentir alors de fixer d'urgence le Coran par écrit. Le premier à s'inquiéter de cette situation et de l'avenir du texte sacré fut 'Omar B. al Khattâb, qui fit part de ses craintes à 'Abû Bakr. Celui-ci refusa tout d'abord d'entreprendre un travail auquel le Prophète lui-même n'avait pas songé. Cependant, 'Omar parvint, en insistant à plusieurs reprises, à persuader le calife de l'utilité d'un tel travail et à dissiper ses scrupules. Faisant appel, tous deux, au concours du meilleur secrétaire du Prophète, Zayd b. Thâbit, ils firent établir un premier corpus de la Vulgate de l'Islâm, sous forme d'une collection de feuillets formant un volume (mushaf).
Il contenait les versets coraniques recueillis de la bouche d'au moins deux récitateurs, honorablement connus pour leur probité intellectuelle et leur piété. Zayd qui savait lui-même leCoran par coeur, mais a qui 'Abû Bakr avait recommandé de ne pas se fier à sa seule mémoire, entreprit sa besogne en toute indépendance, n'acceptant que les versets indiscutablement établis. C'est ainsi qu'il refusa d'incorporer un verset relatif à la lapidation des adultères, rapporté par le seul 'Omar, en dépit de son autorité et de sa notoriété de musulman intransigeant, et malgré son insistance, faute d'autres récitateurs témoins.
Ce prototype fut conservé par 'Abû Bakr durant son califat et, à sa mort, il fut confié par son successeur 'Omar à Hafsa, fille de ce dernier et veuve du Prophète. Lorsqu'une multitude de textes coraniques incontrôlables et souvent farcis d'inexactitudes circulèrent dans les diverses contrées de l'Islam, le troisième calife, 'Uthmân b. 'Affân, jugea aussi nécessaire qu'urgent de mettre fin à cette anarchie qui risquait de compromettre la pureté et l'unité du dogme et de diviser les musulmans. Il emprunta à Hafsa l'exemplaire établi sous 'Abû Bakr et le remit comme document de base à une commission d'experts qu'il chargea de procéder à une recension du texte.
Cette commission très restreinte était composée de Zayd b. Thâbit, 'Abdallah b. Zubayr, Sa'd b. Al'As, 'Abdû-r-Ramhân b. Al Harith. leur connaissance en la matière et leur autorité - Zayd b. Thâbit excepté - étaient loin d'égaler celles des compagnons que le calife avait, pour des mobiles personnels, injustement écartés, en particulier 'Ali b. Abi Tâlib, Ibn 'Abbâs, 'Abdallah b. Mas'ûd et 'Abû Mûsâ-l-Ash'ari. Un autre récitateur témoin non moins réputé, qui avait servi de secrétaire au Prophète, 'Ubayy b. Ka'b, n'en faisait pas partie, étant mort deux ans auparavant.
Elle prit sa tâche à coeur et dut faire appel, en une sorte de consultation générale, à tous les musulmans dépositaires de la prédication révélée (huffâdh). Son appel fut entendu et les bonnes volontés ne manquèrent pas. Les matériaux qu'elle put ainsi réunir furent soumis à une critique externe des plus sévères. Pour qu'un verset récité fût retenu et pour qu'une lecture fût préférée à une autre, il fallait, pour en garantir l'authenticité, la concordance des témoignages, le critère de forme étant, a priori, la primauté du parler de Quraysh, langue du Prophète, sur les autres parlers arabes. Elle put, par cette méthode, compléter et réviser le corpus d'Abû Bakr et de 'Omar et procéder à une mise en ordre des sourates et des versets.
C'est dans de telles conditions qu'elle put donner un corpus intégral et définitif, connu sous le nom de Mushaf 'Uthrnân (Corpus de 'Uthmân), devenu la Vulgate officielle de l'lslâm, sunnites et shj'ites compris. Il contient aussi bien des versets abrogés (mansûkh), maintenus par un souci de probité et de fidélité, que les versets modificatifs (nâsjkh).
Ce corpus fut reproduit en plusieurs autres exemplaires qui furent envoyés dans les diverses provinces de l'Empire musulman. Les versions coraniques, incomplètes ou mal établies, furent considérées de plano comme sans valeur et déclarées nulles.
Quelques années plus tard, un des plus dévoués soutiens de la dynastie omeyyade à ses débuts, Al Hajjâj b. Yûsuf le Thaqîfit, entreprit de donner une meilleure présentation au Corpus de 'Uthmân, pour l'imposer au détriment des autres versions, par une fixation plus sûre du texte et par la réduction des variantes au minimum.

Les versions divergentes

Ce corpus officiel, qui fut imposé par le calife 'Uthmân et par la dynastie des Omeyyades issue de sa famille, ne mit pas fin cependant à l'existence de toutes les versions privées existantes. Quelques-unes purent survivre encore que quelque temps ; notamment celle de 'Ali b. 'Abî Tâlib, dont il nous a été donné, en 1964, de trouver un exemplaire à la grande mosquée de New Delhi ; celle d'Ibn Mas'ûd, à laquelle l'Irâk (la ville d'AI Basra exceptée) était attaché ; et celle de 'Ubayy b. Ka'b qui avait la préférence de la Syrie et de Basra. Mais ces versions ne différaient de celle de'Uthmân que par l'ordre et les titres des sourates, par la suppression des deux dernières (S. CXIII, et S. CXIV) dans la version d'lbn Mas'ûd, par l'addition de deux fragments analogues à la première sourate (S.I) dans la version d"Ubayy et par des variantes négligeables.
Ces variantes sont appelées qirâ'ât, terme signifiant étymologiquement "lectures". Leur valeur technique est évidente; il s'agit, non de la manière de lire le Coran, mais de différences de morphologie, de syntaxe, de nombre et d ordre des sourates, observées dans le corpus coranique primitif.

Le classement des sourates

suivant l'ordre traditionnel et suivant l'ordre chronologique
Les sourates (étym. "pan de mur, degré, étape ", cf. Lisân), dont chacune forme un fragment coranique indépendant, sont classées par ordre de longueur. Ce classement arbitraire, officiellement imposé, est différent de celui du corpus d'lbn Mas'ûd et de 'Ubayy (cf. BLAC, p .47), mais il est maintenu par la tradition. Il ne correspond ni à un enchaînement logique, ni à un quelconque souci de la chronologie de la révélation.
Les cent quatorze sourates du Coran sont réparties suivant un usage traditionnel, compte tenu des besoins de l'étude par coeur du texte sacré et des besoins de la liturgie, en sept stations (manzal, pl.manâzil), trente fractions (juz', pl.'ajzâ). Chaque sourate comprend des paragraphes ou quarts (rubû'), indiqués marginalement dans les bons manuscrits et les bonnes éditions. L'Afrique du Nord divise l'ensemble du texte en soixante sections ('hizb, pl. 'ahzâb) pour les mêmes raisons.
Le Coran comprend un ensemble de cent quatorze sourates révélées les unes à la Mekke, les autres à Médine, quelques-unes au cours d'un déplacement ou d'une expédition. Dans le corps d'une sourate, les versets n'appartiennent pas toujours à un même lieu ou à un même moment d'inspiration. Certains versets révélés à la Mekke ont été déplacés par le Prophète et inclus dans l'une ou 1'autre des sourates révélées à Médine, et inversement. Nous avons signalé, au début de la traduction de chaque sourate, le nombre et le numéro d'ordre des versets ainsi déplacés.
Les spécialistes musulmans des études coraniques ont soumis le texte sacré, comme on peut s'en douter, à un examen formel des plus serrés. Le plus illustre d'entre eux, dans cet ordre d'idées, est le polygraphe al Asyûti, plus connu sous le nom de Jamal-d-Dîn as-Suyûti (mort en 911/1505).
En se fondant sur son Kitâbu-l-Itqân (SUYK, pp. 8-35) et sur le Fihrist, d'lbn Nadîm (NADF pp.37-38), l'ordre traditionnel adopté d'après la longueur des sourates correspond, au point de vue de la chronologie de la révélation, au classement suivant:
96, 68, 73, 64, I, III, 81, 87, 92, 89, 93, 94, 103, 100, 108, 102, 107, 109, 105, 113, 114, 22, 53, 80, 97, 91, 85, 95, 106, 101, 75, 104, 77, 50, 90, 86, 54, 38, 7, 72, 36, 25, 35, 19, 20, 56, 26, 27, 28, 17, 84, 30, 29, 83, 2, 8, 3, 33, 60, 4, 99, 57, 47, 13, 55, 76, 65, 98, 59, 24, 22, 63, 58, 49, 66, 64, 61, 62, 48, 5, 9, 110.
Les spécialistes se sont penchés également sur le nombre de mots et de lettres pour en préciser le nombre. Selon divers auteurs, dont le plus sûr en la matière demeure as-Suyûti (SUYK, I, 69), le Coran comprend 6.616 mots arabes représentés par 323.671 lettres.

Les écoles de lectures coraniques

Ces différences ne mettent nullement en cause la doctrine elle-même. Elles concernent seulement le nombre et l'ordre des sourates et le détail du texte. Elles sont à l'origine de la science des lectures et de la naissance, au cours des trois premiers siècles de l'hégire, de toute une série d'écoles, dites écoles de lecture.
Il ne peut être question de résumer ici, même sous une forme succincte, le fond et l'évolution du problème tel qu'il s'est posé à la communauté musulmane à travers les siècles, ni de rappeler l'origine et l'organisation de la corporation des lecteurs, les raisons qui ont abouti à la création de cette discipline ('ilmu-l-Qirâ'ât), tributaire, comme l'exégèse et la jurisprudence, de la tradition orale, dont les chaînes de transmission ('isnâd) remontent aux compagnons du Prophète. Ce qu'il faut souligner, c'est que cette discipline apparaît avant tout comme un compromis d'inspiration conservatrice, qui a épargné à l'lslâm bon nombre de déviations dangereuses pour l'unité et la pérennité de la doctrine.
L'objet de cette science est la codification des lectures valables, établies sur un fond traditionnel. Elle s'oppose aux influences novatrices et aux spéculations intéressées. Malgré les scandales suscités par la déchéance morale de certains lecteurs, malgré les désordres et le déchaînement des passions qui agitèrent toutes les couches de la société, provoqués clandestinement ou ouvertement par les shi'ites, les khârijites et les mu'tazilites, du 1er au 11e , siècle (VII-IX s.), la stabilité doctrinale du vieil Islâm s'est affirmée et maintenue en ce qui concerne l'essentiel, grâce à l'intransigeance conservatrice des milieux religieux deMédine et de la Mckke. La popularité des lectures ('abruf) fut admise par référence au Prophète. Mais leur nombre fut limité néanmoins et les exigences pour l'option (ikhtiyâr) en faveur de telle lecture plutôt que de telle autre ne furent pas laissées à l'initiative personnelle de chacun, mais conditionnées par l'accord ('ijmâ ) des docteurs de la loi et l'authenticité de la chaîne de transmission. Ainsi furent reconnues comme valables d'abord sept, puis dix, puis quatorze et finalement sept écoles de lecture coranique.

Ecole de Médine

Fondateur Nafi', né à Médine à une date imprécise et mort dans cette ville en 169/ 785. Son principal disciple fût l'imâm Malik, et les meilleurs transmetteurs de sa lecture et de sa psalmodie furent Warsh (mort en 197/812) et lbn Qalûn (mort vers 220/ 835). Sa lecture et sa psalmodie s'implantèrent en Egypte d'où elles se répandirent en Tunisie grâce au Kairouanais lbn Khayrûn (mort en 306/ 918). De là, elles submergèrent, durant le Moyen Age, la Sicile, l'Algérie et l'Espagne. Des influences diverses (Almohades, dhâhirisme) s'opposèrent à la fixation au Maroc, où s'est implanté le système de Hamza, dérivé de l'école dc Kûfa.
Grâce à des lecteurs modernes émérites, le cheikh Mahmûd Husari et le cheikh Mustapha Ismâ'il (venus tous deux à la mosquée de Paris où ils purent donner en 1965 et en 1966 toute la mesure de leur science et de leur art de psalmodier le Coran ), cette école est appelée à maintenir ses positions et à en gagner de nouvelles a. travers le monde musulman.

Ecole de la Mekke

Fondateur lbn Kathîr, né à la Mekke où il est mort en 120/737. Elle eut comme transmetteurs Al Bazzi (né en 240/ 854) et son disciple Qunbul (mort à la Mekke en 291/903).

Ecole d'Al Basra

Fondateur Ibn-l-l 'Alâ, mort en 154/770. Ses transmetteurs furent as-Sûsi (mort en 261/874) et ad Dûri (mort en 246/ 860).

Ecole de Damas

Fondateur lbn 'Amir, mort en 118/736, dont les disciples et transmetteurs furent assez nombreux: Adh-Dhimari (mort en 145/762), lbn Zakhwân (mort en 241/856), Sulâmi, mort à Damas en 245/859. La lecture et la psalmodie de cette école sont encore en vague en Syrie.

Ecole de Kûfa

Elle se subdivisa dès ses débuts en trois écoles ayant chacune un système propre.
·Système de 'Asim, le plus en vogue dans le monde musulman, même en Egypte, patrie de Warsh, élève du fondateur de l'école de Médine , où elle tend à s'imposer grâce à l'édition du Coran établie d'après sa lecture, réalisée au Caire. Transmetteurs: Hafs (mort en 190/ 805) et lbn 'Ayyâsh (mort en 194/809).
·Système de Hamza (mort en 156/772) qui eut comme transmetteur Khalaf, son propagateur au Maroc.
·Système de Kisaî'y (mort en 189/804) en vogue en Arabie orientale, en Irâk et dans divers pays du Moyen-Orient grâce à lbn Hanbal (mort en 241 / 855) qui en fut l'infatigable et intransigeant transmetteur.
L'autorité de ces sept écoles est devenue peu à peu incontestable. Des auteurs comme Dâni, Shâtibi et lbn al Jazarî reconnaissent cette primauté.

L'art de réciter et lire le Coran

La piété musulmane attache une grande importance à la récitation, sans le secours du texte (tilâwa), et à la lecture cursive (qirâ'a) du Coran. L'une et l'autre doivent être parfaites puisqu'il s'agit de paroles divines, dont il convient de respecter autant le fond que la forme. Pour parvenir à ce but, le récitant ou le lecteur doit articuler à la perfection les consonnes arabes, donner à chaque voyelle sa juste valeur, observer, à propos de chaque syllabe, de chaque mot, de chaque proposition dans le corps du verset qui est en prose rimée (saj') -, les règles d'allongement, de brièveté, de quiescence, d'emphase, d'inclinaison, d'adoucissement de la voix, de contraction, de durée de pause et de reprise qui ne sont pas laissées au hasard ou au goût de chacun. Elles font au contraire l'objet de toute une discipline connue sous le nom de tajwîd (parfaite diction du Coran), en connexion avec la grammaire et la phonétique arabes.
En tant que tel, le tajwîd doit réaliser une prononciation parfaite des voyelles et des consonnes, tenir compte des sons en fonction de leur emploi, se référer, en conséquence, aux données classiques de la langue arabe et en particulier à ce que Zamakhshari (mort en 538/1143) appelle mushtarak, ou phénomènes consonantiques (prévocaliques, communs aux noms, aux verbes et aux particules (prépositions, adverbes, etc) il a donc pour objet la formation de la voix, les règles qui régissent son émission, en donnant à chaque voyelle, à chaque consonne, à chaque diphtongue, sa pleine valeur, tant au point de vue de la pureté et du tirribre qu'au point de vue de la hauteur et de la durée. Donc, à défaut de toute graphie conventionnelle, c'est sur la structure des versets et sur les lois de la phonétique que la bonne diction s'appuie.
Le tajwîd a ses méthodes. Il a aussi ses spécialistes. Le récitateur qualifié du Coran doit non seulement savoir le texte par coeur (qâri'), mais connaître à fond les règles du tajwîd. A ce titre, il porte nom de muqri'.

Psalmodie du Coran

La parfaite récitation du Coran peut être modulée et cette modulation a donné naissance à tout un art connu sous le nom de tartil (psalmodie). Il importe d'éviter une confusion trop fréquente entre psalmodie et musique. Aussi avons-nous repris la question dans l'Encyclopédie de musique religieuse.
Si le tajwîd est la réalisation de la parfaite diction du texte sacré, la psalmodie en est la parure. Dans la piété islamique, la psalmodie du Coran occupe, comme mode d'expression de l'émotion religieuse, une place importante, tant au point de vue de l'effet qu'elle produit sur l'auditeur et sur le récitant lui même, qu'en tant que témoignage sonore de la permanence d'une tradition séculaire. Son origine et son but, sa canonicité, sa transmission à travers les siècles, son devenir parmi les peuples musulmans, ses principales lignes mélodiques et la richesse de ses arabesques soulèvent de multiples problèmes qui deviennent particulièrement complexes lorsqu'il s'agit de les poser et de tenter de les résoudre à l'intention du lecteur non musulman et non arabophone, désireux de s'informer de cette réalité.
Les auteurs musulmans d'hier et d'aujourd'hui soulignent qu'entre la psalmodie coranique et le chant profane (ghinâ'), il n'y a absolument aucun rapport. La différence ainsi établie a de sérieuses conséquences quant aux moyens de fixation et de transmission de cet héritage essentiellement vocal. Toute intervention d'une graphie conventionnelle, tout appui instrumental sont rigoureusement prohibés. On se trouve donc réduit à la seule étude de la voix.

Canonicité

La licéité de la psalmodie coranique se réfère aussi bien à la révélation islamique qu'à la tradition (sunna) du Prophète. Le texte sacré la prescrit expressément (s. LXXXIII, 4). C'est au mystère de ses rythmes, de sa modulation, de ses silences et de ses soupirs que fait allusion le verset 79,S.XVII.
C'est en entendant sa soeur psalmodier le Coran que le fougueux 'Omar, deuxième calife de l'Islâm, se convertit dès les débuts de la prédiction et devint l'un de ses plus sûrs soutiens.
La psalmodie coranique date du vivant même du Prophète. C'est des vieilles cantates du désert que ses cadences, aux dires des spécialistes, se rapprochent. Il recommandait lui-même à ses disciples : "Récitez le Coran d'après les mélodies et l'intonation des Arabes (du Nejd) et non d'après celles des débauchés, ni celles de ceux qui ont reçu l'Ecriture" (juifs et chrétiens).
La tradition nous rapporte que lorsque le Prophète recevait la révélation, il était sujet à une intense émotion. Après un moment de silence, il récitait les versets transmis par l'ange Gabriel, en s'efforçant de les reproduire comme il les avait entendus. Voulait-il en hâter le débit ? une voix intérieure le rappelait aussitôt à l'ordre (S.LXXV, 16-20).
Les traditionnistes, si attentifs aux faits, gestes et propos du Prophète, nous rapportent, d'après ses compagnons immédiats, qu'il avait un penchant particulier pour la psalmodie ; il disait : "Dieu n'a rien permis à son Prophète aussi pleinement, que la récitation modulée (taghannî) duCoran"
Lors de la conquête de la Mekke (an 9 de l'hégire/631), il jubilait sur sa monture et récitait la sourate intitulée La victoire (XLVIII), en donnant une grande ampleur aux voyelles longues : â devenait â-â-â.
Ses disciples s'efforçaient naturellement de l'imiter aussi parfaitement que possible en modulant le Coran Il disait à lbn Mas'ûd : "Récite-moi le Coran en le modulant. - Puis-je le psalmodier pour toi, disait l'autre, alors que c'est à toi qu'il a été révélé? - J'aime bien, reprenait le Prophète, l'entendre réciter par quelqu'un d'autre que moi. " A. 'Abû Mûsâ Al Ash'.arî il demanda un jour : " T'es-tu aperçu, hier, que je t'écoutais psalmodier le Coran ? Vraiment, tu possèdes une voix (aussi agréable à entendre) qu'une de ces flûtes dont se servaient les proches de David! - Ah! Si j'avais su que tu m'écoutais, répondit 'Abû' Mûsâ, ma psalmodie eût été plus belle! "

Psalmodie et graphie musicale

La psalmodie coranique, essentiellement homophonique, doit uniquement à la mémoire auditive sa transmission de génération en génération et d'un pays musulman à l'autre. On tolère à peine la psalmodie du Coran et la scansion des panégyriques du Prophète par la célèbre chanteuse égyptienne Umm Kalthûm, fille pourtant d'un récitateur apprécié du Coran.
Cette attitude ne résulte nullement d'une quelconque hostilité à l'égard de la femme, mais s'inspire uniquement de la pieuse intention d'épargner à l'auditeur toute pensée profane qu'une voix féminine captivante pourrait susciter, la psalmodie devant par son caractère solennel, ses modulation graves, créer un état d'âme, favoriser le repliement sur soi-même et faciliter l'élan du croyant vers Dieu.
Il n'y a pas de psalmodie transcrite. Les anciens ouvrages de tajwîd, les ouvrages de musicologie anciens et modernes ne contiennent aucune sourate transcrite. Lorsque, ces dernières années, le chanteur égyptien bien connu 'Abdul Wahhâb voulut se livrer à ce travail, il se heurta à la violente réaction de l'université d'Al Azhar et dut, en s'excusant, renoncer à son projet.
Quand on se penche sur l'importance du facteur religieux dans la vie musulmane, d'une part, et, d'autre part, sur l'immense production réalisée par les penseurs de l'Islam dans l'ordre de la science, de la philosophie, des lettres et des arts, on est quelque peu surpris de l'absence de toute graphie, de toute convention pouvant permettre de fixer et de maintenir à travers les siècles la manière de " psalmodier avec soin le Coran ".
Cette grave constatation est valable aussi bien pour la psalmodie coranique, le chant religieux (jadd) que pour le chant profane (hazl). Il y a eu, certes, des musicologues musulmans, mais ils n'ont pu prétendre à ce titre qu'en qualité d'historiens ou de mathématiciens, car à la lumière des ouvrages qui traitent de cet art et qui nous sont parvenus, on s'aperçoit que la musique est conçue par les auteurs musulmans comme une branche de la philosophie et de la science. Elle est réduite, en théorie, à la mélodie. Ses théoriciens, dont les plus représentatifs sont Al Kindî (mort en 248/862), Mas'udî (mort en 346/957), Al Farabî (mort en 339/951), Ibn Sinâ (Avicenne, mort en478/1085), les auteurs anonymes de l'encyclopédie des " Frères Fidèles "(V-VI s/XI-XIIs), Sâfî-d-Dîn al Baghdâdî (mort en 656/1258) et leurs successeurs, depuis Ibn Khaldûn (mort en 808/1406) jusqu'aux musicologues de l'époque contemporaine, comme Ahmed Kamel-l-l-Khoulay, en ont étudié particulièrement le côté mathématique, avec une rigoureuse application des lois de la physique, une remarquable précision des rythmes, de la métrique, une division de l'octave en dix-sept intervalles, l'exposé des cinq espèces de quarte, la distinction des modes et la curieuse théorie de la circulation qui par transport de chaque gamme des dix-sept degrés de l'échelle peut donner mille quatre cent vingt-huit combinaisons tonales. Mais ils n'ont élaboré aucun système d'écriture musicale.
Ils avaient pourtant connu et médité les systèmes de notation musicale des peuples dont ils se sont souvent inspirés dans leur effort créateur : Grecs, Byzantins, Persans, Arméniens, Indiens d'Asie, etc. Ils n'ignoraient ni Alypius, ni Pythagore, ni Platon, ni Boèce, ni les neumes des Mozarabes d'Espagne, ni les règles de notation liturgique des chrétiens orthodoxes d'Orient. Ils n'ont, cependant , ni retenu et adopté un système d'écriture musicale étrangère, ni inventé et codifié un système original.
Si de nos jours, grâce aux travaux d'orientalistes et de musicologues occidentaux de renom qui se sont penchés sur ce problème (d'Erlanger, Rouanet, Garra de Vaux, Riano, Kosegarten, Andrès, La Borde, etc.) et grâce aussi au disque, la musique arabe profane peut-être étudiée et partiellement transcrite ou enregistrée, on ne saurait en dire autant de la musique religieuse et en particulier de la psalmodie, si on excepte les enregistrements du Coranpsalmodié sur disque, dus à l'initiative de l'Office des affaires culturelles islamiques de la République arabe unie, avec le concours de savants lecteurs comme le cheikh Muhammadal Husari, le cheikh Mustapha Ismâ'îl, ainsi qu'à l'initiative de certaines maisons de disques comme Cairophon qui a fait appel au cheikh Taha El Fachni, et Philips qui a mis à profit la collaboration du cheikh Abû-l-'Aynayn Shuwaysha.
La tradition ayant considéré l'assimilation de la psalmodie au chant comme une hérésie, il n'est pas étonnant de constater qu'on ne trouve aucune allusion à cet art dans les traités de musique, bien que la plupart des grands chanteurs appartiennent à des familles de lecteurs réputés.

Structure et transmission de la psalmodie

La psalmodie coranique est foncièrement monodique. Sa structure révèle des lignes mélodiques constantes et des enrichissements ou fioritures, qui varient d'un pays à l'autre et d'une génération à l'autre. Il arrive que chez le même récitant ces ornements varient d'un jour à l'autre. Ces enrichissements ou arabesques constituent l'apport personnel.
Chaque maître (cheikh) initie à son art sacré ses disciples, lesquels à leur tour initient les leurs, et ce, de siècle en siècle, jusqu'à nos jours. Mais cette transmission vocale risquait de subir les atteintes du temps, les trahisons des interprètes, d'autant plus que dès le début de l'Islam, plusieurs écoles de lecteurs du Coran se sont formées, et qu'aucune de ces écoles ne s'est préoccupée de transcrire la psalmodie du texte sacré.

Psalmodie et structure des versets

La psalmodie doit, en premier lieu, tenir compte de la valeur quantitative des éléments plus ou moins rimés que sont les versets. On peut constater à la lumière de ce qui précède que chacune des cent quatorze sourates qui forment la Vulgate islamique, comprend un nombre variable de versets de longueur inégale, allant d'un seul mot aux plus amples périodes. Ces versets appartiennent à une forme littéraire particulière à la langue arabe, le saj', ou prose rimée, qui n'est en réalité ni prose ni vers, mais tient des deux et en réunit les qualités.
Chaque verset contient une phrase, parfois moins, parfois davantage. Il peut ainsi se suffire à lui-même au point de vue du sens, ou dépendre du verset précédent ou suivant, d'où une disposition où l'assonance et la rime tiennent lieu de coupe (fâsila). Cette fâsila (séparante, virgule) est en réalité moins une césure qu'un appui rythmique qui ne coïncide pas toujours avec la fin de la phrase. Les syllabes ouvertes ou fermées qui marquent cette assonance sont fort nombreuses. Les plus fréquent sont, compte tenu de la psalmodie plutôt que des flexions : ân, în, ûn, ûm, îm, âl, âb, âs, âr, îr, ûd, hâ, etc.
Longs ou courts, amples ou concis, distants ou rapprochés, les versets se présentent, dans leur enchevêtrement, comme des quantités syllabiques dont le récitant doit observer le déploiement vocal et la durée variable des pauses qui en interrompent la succession.

Psalmodie et phonétique

Les théoriciens du tajwîd et les maîtres du tartîl se sont penchés ensuite sur le problème de la formation et de l'émission des sons, en accordant aux consonnes, aux voyelles, aux syllabes, à l'accent, aux rythmes et à la pause, ainsi qu'aux divers organes de l'appareil phonatoire (poumons, pharynx, cordes vocales assimilées à une membrane vibratoire, fosses nasales, voile du palais, luette, bouche, langue, dents, lèvres) toute l'importance scientifique requise. Ils n'ont pas manqué de conclure que la mise en jeu de ces différents organes (expiration, articulation, vibration des cordes vocales, résonance nasale) produit le son (harf) dont la tonalité et la qualité sont en connexion avec la cavité buccale.
La psalmodie doit donc tenir compte de ces phénomènes organiques, de l'écartement des mâchoires qui conditionne la forme et le volume de la cavité buccale, de la position de la langue dans la bouche et des cas de vibration des lèvres. Dans cet ordre d'idées la consonne (sâmita) est assimilée à un obstacle dans l'appareil phonatoire que le souffle expiratoire doit franchir, et la voyelle (musawwita) est assimilée à un mouvement (haraka) qui met en branle la consonne et dont l'absence conduit dans l'émission du son à une quiescence (sukûn).
L'art de psalmodier exige donc, faute de notes appropriées, la détermination et le classement des points de sortie (makhârij) du son, c'est-à-dire les points mêmes où se forment l'obstacle à franchir et le mouvement qui l'affecte, ainsi que la nature, le mode et l'intensité de l'articulation.
On trouvera un schéma de ces points d'articulation établis avec une indéniable autorité scientifique par as-Sakkâkî (mort en 626/1229) dans son traité bien connu Clef des Sciences, éd. du Caire (1317).

Rythmes

On arrive ainsi à la notion de rythme, c'est-à-dire au retour à des intervalles de durées comparables, d'impressions auditives analogues. A ce titre, le rythme sert théoriquement de support métrique à la psalmodie. Mais comme les versets n'ont aucun rapport quant à la succession des quantités syllabiques et à la mesure avec les vers, la psalmodie se réduit en général à une succession de périodes de durée inégale, destinées à marquer les mouvements de l'âme vers Dieu beaucoup plus qu'à produire un effet musical. De ce fait l'aspect modal l'emporte sur l'aspect rythmique.
Nous avons dit que la psalmodie est essentiellement monodique et diatonique : elle exclut toute succession chromatique. Si l'on devait se permettre de traduire cette réalité par des termes musicaux, on pourrait ajouter que la place des tons et des demi-tons, par rapport à la tonique, se trouve chaque fois modifiée selon le point de départ adopté, d'où sa richesse modale extraordinaire où toute notion de rythme mesurable est à exclure.
Le rythme de la psalmodie est en effet libre, il combine à son gré, tout en demeurant précis, les éléments binaires ou ternaires : temps premiers indivisibles, pratiquement égaux entre eux, se combinant librement ; temps composés inégaux se groupant en rythmes composés, en incisives, en membres, en phrases pour aboutir à une haute tenue, analogue à celle du planus cantus ou chant grégorien, et dont la tessiture comprend plus de deux octaves.
Affranchi de la mesure, le rythme de la psalmodie l'est également de l'intensité du temps fort ; il apparaît comme une ligne mélodique ondulante, légère, pouvant s'adapter aisément à toutes les floraisons vocales, en une fluidité de la phrase délivrée de toute entrave matérielle.

L'accent

L'accent est l'insistance sur une syllabe par exagération du niveau, de l'intensité, de la durée ou de tous ces éléments à la fois, par rapport aux mêmes éléments des syllabes voisines.
Il y a un accent de mot et un accent de phrase, mais aucune règle précise n'est formulée par les auteurs de traités de tajwîd. C'est un phénomène subjectif variable. Tout ce qu'on peut observer, c'est qu'en général l'insistance dans les mots porte sur la première syllabe longue à compter de la finale, les finales longues ne recevant pas d'accent. Dans la phrase l'accent doit porter sur le mot qu'on veut mettre en relief et se traduire par une exagération de la première longue à partir de sa fin. La aussi, le facteur subjectif joue un rôle dominant et l'accent se fait bien souvent sentir par une élévation du niveau dans les impératifs ou les particules d'ordre ou de prohibition.

La pause (waqf)

La fin du verset n'implique pas nécessairement une pause dans la psalmodie. Il y a une pause s'il n'y a pas de rapport évident de sens (ma'nâ), ni d'expression (lafdh) entre un verset et le suivant. Souvent, dans un même verset, la pause est indispensable quand il y a changement d'idée ou de sujet (waqf kâfî). Elle est recommandée (waqf hasan) quand il convient de mettre en valeur le sens d'un mot ou d'une expression.
Mais comment se traduit dans la psalmodie cet arrêt ? Il faut d'abord retenir que dans un verset la syllabe finale occupe une position spéciale : elle ne peut être terminée ni par une voyelle longue, ni par une consonne. Les voyelles brèves finales s'allongent dans certains cas, mais en général tombent. C'est ainsi que le n du tanwîn (an, in, un) disparaît et que la voyelle qui le précédait tombe, si elle était u ou i mais s'allonge si elle était a.
Dans la psalmodie, le lecteur est guidé par des signes conventionnels qui lui indiquent dans le texte sacré les allongements, les pauses, les liaisons et aussi les passages après la lecture desquels il doit se prosterner. Ces signes, qui sont employés assez uniformément à travers tout le monde musulman, sont en général les abréviations des mots qu'ils représentent.

La psalmodie et les voix

L'intervention de tout instrument dans la psalmodie étant interdite, la voix a été l'objet d'un examen approfondi au point de vue des nuances. Parmi les trente variétés de voix que les auteurs ont pu distinguer, certaines sont incompatibles avec la psalmodie, tandis que d'autres offrent toutes les exigences qu'elle requiert. Citons parmi ces dernières :
1.- as-shahhy : voix pure, douce, étendue ;
2.- mukhalkhal : voix élevée, aiguë avec douceur, sonore avec ampleur ;
3.- 'ajass : voix haute, avec un léger voile agréable et une sonorité puissante ;
4.- nâ'im : voix de sonorité douce et pure ;
5.- karawâny : voix qui rappelle celle de la perdix d'Arabie, nette, pure, homogène ;
6.- 'aghann : voix mélodieuse, douce, légèrement nasillarde ;
7.- ratb : voix fluide, se déployant sans effort ;
8.- 'amlas : voix équilibrée, mais peu sonore ;
9.- mubalbal : voix légère, souple, rappelant le chant du rossignol ;
10.- zawâ'idi : voix très ample (voix de tête) ;
11.- daqîq : voix menue, contenue, à peine sensible.
Le récitant doit observer un certain nombre de règles pour réaliser une psalmodie harmonieuse :
a.istirsâl : prolonger le son, sans laisser tomber la voix ;
b.tarkhîm : adoucir le son sans perdre l'intonation ;
c.tafkhîm : amplifier le son pour l'embellir ;
d.taqdîr-l-l' anfâs : respirer aux pauses naturelles ;
e.tajrîd : savoir passer des sons forts aux sons faibles et inversement.
Cet exposé eût été moins aride si la psalmodie coranique pouvait être transcrite en utilisant toutes les techniques musicales, pour mettre en relief ses lignes mélodiques dans leur pureté et découvrir les lois de composition et les nuances d'interprétation qui lui sont propres. On connaît le patient et long effort déployé par les bénédictins de Solesmes pour parvenir à la mise au point systématique du chant grégorien, pour imaginer le long travail d'équipe qu'il eût fallu fournir pour transcrire la psalmodie coranique, sans la moindre trahison. Or, la tradition de l'Islâm est intransigeante sur ce point. Le Coran étant un texte sacré, sa psalmodie ne peut être assimilée au chant profane et faire l'objet, comme le chant, d'une graphie. Elle doit, pour conserver son caractère religieux et demeurer pleinement vivante, être transmise oralement d'un cheikh à un autre et conserver à travers les générations sa valeur de témoignage précieux de ferveur et de nostalgie du divin, pieusement communiqué d'homme à homme par-delà les siècles et les contrées.




Le Coran sa révélation et son contenu

Faire une lecture du Coran sans en saisir la signification des versets, sans en connaître l'interprétation serait faire preuve de négligence, à l'égard du livre sacré, et, plus grave encore à l'égard d'Allah; comme le souligne si bien le cheick de l'Islam Ibn Tamiya:
"Celui qui ne lit pas le Coran l'a vraiment quitté, celui que le lit, mais qui ne médite pas sur ses significations l'a négligé (...)".
Sans être uniquement un livre de lecture, le Coran se veut être une oeuvre, qui demande à son lecteur d'essayer de comprendre ses versets et de réfléchir sur leur signification. Un de ses versets se lit ainsi : "Et vers toi, nous avons fait descendre le Rappel, jour que tu exposes clairement aux gens ce qu'on a fait descendre vers eux. Peut-être réfléchiront-ils ?"
Il convient néanmoins de rappeler qu'une simple lecture est rétribuée comme en témoigne le Saint-Prophète (SAW) "Celui qui lit une lettre du livre d'Allah est récompensé d'un bienfait, et, chacun de ces bienfaits équivaut à dix".
Mais avant d'aborder le "Tafseer" de certaines sourates, nous nous limiterons dans un premier temps à faire le récit de la révélation du Coran, et, à dégager brièvement le contenu du livre divin.
le Coran a soulevé peu de curiosité dans le monde occidental, contrairement à l'Islam. Non pas l'Islam en tant que dogme mais en tant que potentiel humain. Il y a 1300 millions de musulmans sur la planète; voilà le principal centre d'intérêt qu'accorde l'occidental à l'islam; en d'autre mot, sa force d'expansion. Par la masse de ses adhérents, elle constitue un tout non négligeable dans l'équilibre du monde. C'est surtout sous cet angle qu'elle préoccupe les nations européennes, et plus particulièrement les pays dont les frontières sont hors du continent.
Cependant pour qui veut comprendre l'Islam, l'étude duCoran est indispensable. Car rarement religion n'est restée aussi proche de sa doctrine. le Coran a conservé son intégrité originelle pour la simple raison qu'il a été fixé à l'époque même du prophète . Et c'est précisément cette fixation que nous allons essayer de voir.
le Coran signifie littéralement la "lecture" ou "la récitation". En le dictant à ses fidèles, Muhammad (SAW) a affirmé qu'il s'agissait là d'un message divin reçu par lui.
En effet, la révélation coranique a été faite par l'archange Gabriel au prophète. Elle s'étale sur plus de 20 ans de la vie de ce dernier. Elle débute par les 1ers versets de la sourate 96, pour s'interrompre pendant 3 ans et reprendre enfin durant 20 ans jusqu'à la mort du prophète en l'an 632 de l'ère chrétienne - soit 10 ans avant l'héjire (622) et 10 ans après.
La première révélation fut la suivante (sourate 96, verset 1 à 5) :
"lis au nom de ton seigneur qui créa l'homme de quelque chose qui s'accroche. Lis ! Ton seigneur est le très noble, Celui qui enseigna à l'homme ce qu'il ne connaissait pas".
Le professeur Hamidullah fait remarquer dans l'introduction de sa traduction du Coran, qu'un des thèmes de cette 1ère révélation était "l'éloge de la plume comme moyen de connaissance humaine" et, qu'ainsi s'expliquerait le souci du prophète pour la conservation du Coran par écrit".
le Coran renseigne lui-même sur sa mise par écrit du vivant du prophète. Ainsi en témoigne la sourate 96 verset 2 et 3.
"Un envoyé de Dieu récite des feuilles purifiées où sont des prescriptions immuables".
Il est raisonnable de penser que les toutes 1ères révélations reçues par le prophète ne furent pas confiées tout de suite à l'écriture car, il n'avait alors ni fidèles ni disciples. En outre ces textes de la première époque n'étaient ni longs, ni nombreux, ce qui permettait au St-Prophète de ne pas les oublier. De plus il récitait ces textes souvent dans ses offices de prière et dans ses conversations prosélytiques. Plus tard, recevant des révélations par fragments celui-ci "appelait un de ses compagnons lettrés, et, les lui dictait, tout en précisant la place exacte du nouveau fragment dans l'ensemble déjà reçu (...)". Les sources précisent que, "chaque année au mois de Ramadan, le Prophète récitait àl'ange Gabriel la partie jusqu'alors révélée - il la récitait ensuite devant ses compagnons, on la faisait réciter devant lui. Et il est dit que la dernière année Gabriel la lui fit répéter par 2 fois, ce, à quoi le Prophète comprit qu'il allait bientôt mourrir.
Mais dans un même temps, il recommanda que tes fidèles apprirent par coeur le Coran; ce qu'ils firent soit dans toute l'intégralité du livre sacré soit en partie seulement. C'est ainsi qu'il y eut des "Ha fizûn" qui connaissaient tout le Coran par coeur et qui purent ainsi le propager.
Peu de temps après la mort du Prophète (632), son successeur Abou Bakr, premier calife de l'Islam demanda à l'ancien 1er scribe de Muhammad (SAW), Zaïd ibn Thabîl de préparer une copie, ce qu'il exécuta. Sur l'initiative de Omar (futur 2ème Calife) Zaïd consulta toute la documentation qui se trouvait à Médine. On obtint ainsi une copie très fidèle du livre.
Par la suite le calife Omar, successeur d'Abou Bakr en 634 en fit un seul volume (Mushaf) qu'il conserva et donna à sa mort à sa fille Hafse, veuve du prophète.
Le 3ème Calife, Ushman qui exerça de 644 à 655 chargea une commission d'experts de pratiquer la grande recension qui porte son nom. Elle contrôla l'authenticité du document établi sous Abou Bakr qui jusqu'alors était en possession d'Hafsa.
La critique de l'authenticité du texte s'opéra de manière extrêmement rigoureuse. On aboutit ainsi à un texte où l'ordre des sourates reflétait celui - on le pense aujourd'hui - qu'avait suivi le Prophète dans sa récitation complète duCoran durant le mois de Ramadan. Ushman envoya donc des exemplaires du texte de sa recension dans le centres provinciaux du monde islamique. Ces copies du Coran, ont hélas peu à peu disparu dans les siècles qui suivirent. La seule restante est celle qui est conservée à l'heure actuelle à Tachkent, et une partielle à Istanboul.
Les sourates au nombre de 114 furent classées par ordre de longueur décroissant, avec cependant quelques exceptions. La chronologie, nous le voyons là, ne fut donc pas respectée - mais ces exceptions restent néanmoins minimes.
Parmi toutes les sourates du Coran, la 1ère revêt une importance particulière; c'est la "Fateha" encore appelée "sourate de l'ouverture ou "liminaire". Du fait que les sourates ne suivaient aucun ordre, ni logique, ni chronologique, les exegètes musulmans proposent un classement en 2 parties:
Les sourates mecquoises sont caractérisées par un style lyrique à courts chapitres. Elles peuvent être divisées en 3 périodes. La première correspond aux 4 premières années de l'activité prophétique du St-Prophète (SAW) à la mecque: il y parle du jugement dernier comme d'un jour redoutable. La deuxième concerne les 5ème et 6ème années de la prédication. La 3ème enfin, allant de la 6ème à la 10ème année donne lieu lieu à plusieurs récits concernant la vie des prophètes.
Les sourates médinoises, quant à elles s'adressent aux différentes communautées juive et chrétienne. Elles jettent les bases d'une loi religieuse, la "Charia".
Ainsi Muhammed (SAW) se présent peu à peu comme un chef politique - ce changement semble se faire parallèlement sur le style du livre divin, passant d'un style poétique des premières révélations à un ton plus ferme.
De part sa grande diversité de sujets et par son admirable style poétique, force est de constater que le Coran est un véritable guide et une source littéraire inépuisable.
D. Farouck

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