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19-09-2008 http://www.lequotidien.sn/index.php?option=com_content&task=view&id=1631&Itemid=9 | |
(…) L’Islam se considère comme religion révélée de tous les temps à l’Humanité par l’intermédiaire des Prophètes successifs, venus raviver la Vérité Eternelle et la purifier des apports ultérieurs, étrangers à l’enseignement de chaque Envoyé chargé, par mission divine, de guider son peuple. Sabéisme : en l'honneur de la Lune, les Sabéens de Harrân observaient un jeûne de trente jours, ne mangeant ni ne buvant de l'aube au coucher du soleil (cf. Encylopedia of Religion and Ethics, vol. 5, p.764, s.v. «Harrân», citant Chwolson, Die Ssabier und der Ssabismus, II, 711, 226). Abraham, Hanif, de bienheureuse mémoire, fut envoyé comme Prophète auprès des Sabéens de l'Irak. A l'encontre de la tradition païenne, le Coran (XLI : 37), lui, interdit d'adorer le Soleil ou la Lune. Mais, confirmant la restauration du Hanifisme, ou religion véridique du Prophète Abraham, il prescrit à ses fidèles un mois de jeûne. Judaïsme : Les Israélites jeûnent un jour par an, le Yom Kippour, le 10 de Tichri, le 1er jour de leur calendrier, 24 heures durant, d'un coucher de soleil à l'autre. Au cours de la prière qu'ils récitent, le Yom Kippour, ils disent : «Grâce à Ta Sollicitude infinie, O Eternel, Tu nous a donné le Kippour pour la rémission de toutes nos fautes et as appelé cette fête sainte solennité, en souvenir de la sortie d'Egypte» (cf. Rituel de prière pour tous les jours de l'année, traduit par le Grand Rabbin S. Debré, 1932, p 679-681). Les plus pieux parmi les juifs jeûnent les lundis et jeudis de chaque semaine, en souvenir, expliquent-ils, de Moïse, de mémoire bénie, qui est monté sur le Mont Sinaï un jeudi, et redescendu 40 jours après, un lundi, muni des Tables de la loi (Encyclopedia Of Religion and Ethics, v.p. 765). Rappelons en passant qu'avant l'Islam, les Mecquois jeûnaient le âchoura (le 10 de Mouharram, le 1er mois de leur calendrier) et qu'avant sa prédication de l'Islam, le Prophète jeûnait également ce jour. Il continua quand il arriva à Médine et ordonna d'en faire autant. Mais quand le jeûne du Ramadan fut prescrit, il abandonna celui de âchoura. Jeûna alors ce jour-là qui voulut, et s'en abstint qui voulut. (cf. Boukhari 30/69/3). Les Mecquois n'étant pas juifs, il est invraisemblable d'imaginer que ce jeûne ait été pratiqué sous une quelconque influence juive. Peut-être y a-t-il une origine commune plus ancienne, remontant aux Prophètes Abraham, ou même Noé. D'ailleurs, ce jeûne des Mecquois préislamiques ne durait pas 24 heures, contrairement à celui des juifs. En passant, on constatera que ce jeûne de âchoura, antérieur à la révélation islamique, n'a, par conséquent, aucun rapport avec le martyre de l'Imam Hussein, petit-fils du Prophète, tué ce jour-là sur le champ de bataille, et ce, contrairement aux théories chiites. Christianisme : Jésus, de mémoire bénie, jeûnait (peut-être à la façon juive) et a recommandé de l'imiter, mais sans préciser l'époque ni la durée de ce jeûne. Les premiers chrétiens ont pensé à son célèbre jeûne de 40 jours dans le désert, et le Carême fut consacré à l'abstinence et à la pénitence, en souvenir du Christ. Mais cette pratique n'était pas uniforme. Avant 439, les chrétiens de Rome jeûnaient pendant trois semaines, et ceux d'Alexandrie pendant sept semaines, avec cette particularité que les samedis et les dimanches n'étaient pas jeûnés, sauf le Samedi Saint. Cela faisait 36 jours en tout (cf. La Grande Encyclopédie, s.v. Carême). On pensait que ces 36 jours représentaient la 10e partie d'une année complète. De même qu'on payait, à titre d'impôt religieux, la dîme (10e partie) sur les biens, on la payait sur les aliments et les boissons. Or, rappelons que l'année chrétienne (année solaire) comprend toujours plus de 360 jours. Considérer 36 jours de jeûne comme le 10e de l'année est donc un compte fictif. Mais, il convient de mentionner quelques paroles du Prophète de l'Islam : «Il y a impôt sur chaque chose, sur le corps étant le jeûne» (cf. Ibn Majah n_ 1745). Et encore : «Quiconque jeûne tout le mois de Ramadan et y ajoute encore 6 jours dans le mois suivant, Chawwal, c'est comme s'il jeûnait toute une année.» (cf. Ibn Majah n. 1715). Le Coran (VI, 160) a bien dit : «Quiconque viendra avec un bien, à lui alors dix autant.» Le mois lunaire (islamique) compte de 29 à 30 jours, et l'année lunaire 355 jours (1) en chiffres ronds. Si on jeûne pendant une année 29 j + 6 j = 35 j et une autre année 30 j + 6 j = 36j, ces jours, multipliés par dix, donneront alternativement 350 j et 360 j, soit une moyenne de 355 j, c'est-à-dire le nombre de jours de l'année. Une autre méthode de calcul est la suivante : 1 mois = 10 mois (puisque recomposé à 10 fois sa valeur) ; 6 jours = 60 jours = 2 mois ; 10 mois + 2 mois = 12 mois (nombre de mois de l'année entière). Le jeûne n'incombait aux chrétiens qu'à l'âge de 21 ans. A la fin du IVe siècle, le jeûne pouvait être rompu aussitôt après la IXe heure (depuis le lever du soleil) c'est-à-dire 3 heures de l'après-midi, «moment où Jésus expira» (La Grande Encyclopédie, s.v. Carême). «Un capitulaire de Charlemagne portait peine de mort contre les infractions à la loi du Carême.» (Idid). Chez les Indiens Peaux-Rouges de l'Amérique : au Mexique, les chefs religieux jeûnent 160 jours (cf. La Grande Encyclopédie, s.v. le jeûne). Dans certaines religions, le jeûne était prescrit au printemps, afin de diminuer les viols, très fréquents à cette époque. Rappelons au passage cette citation du Saint Prophète Mohammad : «Jeunes gens, celui d'entre vous qui est capable d'entrer en ménage doit se marier ; quant à celui qui n'en a pas les moyens, qu'il jeûne, le jeûne lui est calmant.» (Boukhari, 67/2). Le mois lunaire n'a pas toujours la même durée et, selon l'Observatoire de Paris, la lunaison dure 29 jours, plus de 6 à 20 jours suivant. La moyenne étant : 29,530588 jours. Donc l'année lunaire aura en moyenne 354,367056 jours. Mais il n'y a pas de périodicité : il faut calculer pour chaque mois. On calcule, non pas selon la durée de lunaison, mais à partir de la vision de la nouvelle lune, tantôt en 29 jours, tantôt en 30 jours, ce qui absorbe les fractions. Et il y a parfois plusieurs mois consécutifs de 29 jours, et aussi plusieurs mois consécutifs de 30 jours. Hindouisme : les brahmanistes de l'Inde jeûnent religieusement lors des jours qu'ils considèrent comme importants : à l'anniversaire des fondateurs de leur religion, aux éclipses de lune ou de soleil... Ils s'abstiennent de s'alimenter jusqu'à 3 heures de l'après-midi. D'aucuns se contentent de modifier leurs habitudes : ils prennent du lait au lieu de pain. Bouddisme : on peut dire que c'est l'hindouisme réformé. Seuls les lamas (moines) jeûnent chez eux parfois, jamais les masses. Ce rapide tour d'horizon suffit à démontrer le bien-fondé de la déclaration du Saint Coran : «Oh, les Croyants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l'a prescrit à ceux d'avant vous, peut-être seriez-vous pieux ! - pendant des jours comptés.» Le jeûne existe donc bien aussi, dans les religions hindoue, bouddhiste et autres, mais nulle part, il n'est observé comme il l'est chez les musulmans. Un autre trait curieux dans ce verset prescrivant le jeûne, et qui attire notre attention, c'est son ton d'imprécision apparente : «Peut-être seriez-vous pieux... et peut-être seriez-vous reconnaissants.» Pourquoi cette hésitation ? Il y a là une particularité du style coranique que l'on retrouve à maintes et maintes reprises. Il en découle au moins deux idées : tout d'abord, la Toute-puissance de Dieu : en effet, Dieu peut faire ce qu'Il veut sans contrainte, et malgré le culte que nous Lui rendons, Il n'est pas tenu de nous accorder ce que nous souhaiterons. En second lieu, le libre arbitre de l'homme : Dieu, à travers le Coran, nous dispense Son Enseignement, mais il dépend de nous d'apprendre ou de ne pas apprendre. L'argument contenu dans le verset relatif aux effets du jeûne peut inspirer la crainte de Dieu aux uns, tandis que les autres persévéreront dans leur obstination. Le ton d'hésitation, dans le même verset, se rapporte à l'éventuelle gratitude du jeûneur, et peut impliquer différentes notions : la vraie reconnaissance n'est pas nécessairement liée à l'aspect extérieur du jeûne ou à l'abstention de nourriture, le jeûne doit au contraire être dépourvu de toute obtention et de tout mal, le jeûne n'est pas l'unique façon de nous montrer reconnaissants envers Dieu, mais il y a d'autres moyens qui doivent être tous scrupuleusement utilisés si l'on veut parler d'une authentique gratitude envers Dieu, et si l'on veut avoir accompli son devoir envers son Seigneur. Le troisième point à relever dans ce verset est le souci constamment présent dans la loi de l'Islam de faciliter les choses aux fidèles. Cette loi fait des cessions, non seulement en faveur des malades, mais aussi des voyageurs : ils n'auront pas à jeûner durant le mois de Ramadan, mais ils pourront attendre une période plus propice. Le jeûne ne s'effectue pas dans l'intérêt de Dieu, mais dans l'intérêt du jeûneur. En forçant un malade à jeûner, on peut aggraver son mal et même hâter sa mort. L'Islam n'est ni cruel ni dur, mais indulgent : «Dieu veut pour vous la facilité, Il ne veut pas pour vous la difficulté» (Coran II-185). Source : www.mosquee-lyon.org |
Derrière les violences anti-américaines, "une guerre pour le leadership islamique"
Des manifestants devant l'ambassade américaine à Tunis, le 12 septembre 2012. La majorité sont des salafistes.
(CITIZENSIDE.COM / AFP)
VIOLENCES ANTI-AMERICAINES - "Ne craignez pas les islamistes, craignez les salafistes", titrait, le 19 août, Robin Wright, éditorialiste du New York Times. De retour d'un voyage en Tunisie, plus d'un an après les "printemps arabes", le journaliste américain remarquait que les islamistes ne formaient pas un bloc uni. Il distinguait les"grands partis islamistes modernes", vainqueurs d'élections au Maroc, en Tunisie et en Egypte, des salafistes, "puritains populistes", qui "puisent dans la désillusion et le désordre de la transition".
Moins d'un mois plus tard, l'actualité semble lui avoir donné raison. Le 11 septembre, la diffusion d'un mauvais film islamophobe met le feu aux poudres. Les représailles aboutissent à l'attaque de l'ambassade américaine au Caire et à la mort de quatre Américains à Benghazi (Libye), dont l'ambassadeur en poste dans le pays. Le rédacteur en chef de Foreign Policy, Christian Caryl, titre à son tour sur le "moment salafiste". Il voit la marque de ce courant religieux derrière ces éruptions de violence et relève que "les émeutiers, dans les deux cas, viennent d'une région où le salafisme est en pleine floraison."
Les signes avant-coureurs des progrès des salafistes
Caryl revient sur une succession d'événements qui auraient dû alerter les autorités : destruction de sanctuaires soufis en Libye, attaques de magasins vendant de l'alcool et d'un élu français en Tunisie, influence grandissante des salafistes au sein de la rébellion syrienne... Au tableau de chasse des salafistes ou de groupes qui leur sont proches, on peut également ajouter la destruction de mausolées au Mali et une influence grandissante au Cachemire indien. Ainsi que de surprenants scores aux législatives égyptiennes, où le parti Al Nour a conquis environ 20% des sièges.
Contacté par FTVi, le sociologue et spécialiste du salafisme Samir Amghar nuance : "Je ne pense pas qu'ils soient l'unique acteur" des manifestations anti-américaines. Il souligne que les pays où les manifestations ont éclaté sont des "sociétés très conservatrices", avec certaines "valeurs" à ne pas bafouer et une "hypersensibilité" dès qu'on parle de religion : question de "dignité".
Il n'en reste pas moins que ce courant de l'islam ultra-orthodoxe se fait une place dans le paysage politique du Maghreb et du Moyen-Orient. Pourtant, "le discours politique des salafistes reste souvent à l'état embryonnaire, et c'est bien la réforme socio-religieuse qui reste leur priorité", explique Stéphane Lacroix, auteur d'ouvrages sur le sujet.
Regroupés dans des petites formations hétéroclites, la plupart des salafistes exècrent la violence. Mais certains ont "une volonté de créer un rapport de forces dans la rue, en prenant prétexte de la dénonciation des 'atteintes au sacré' ", explique Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po.
Deux pétromonarchies aux manettes
Pourquoi chercher la confrontation ? En sous-main se jouerait, "par groupes islamistes interposés, une guerre pour le leadership islamique dans le monde", analyse Samir Amghar, auteur de Le salafisme d'aujourd'hui. Mouvements sectaires en Occident, aux éditions Michalon.
Deux pétromonarchies s'affrontent : le Qatar et l'Arabie saoudite. Les Qataris sont alliés à l'organisation très structurée des Frères musulmans, au pouvoir en Egypte, et sont supposés être proches d'Ennahda, première force politique en Tunisie. Les salafistes apparaissent dès lors comme un moyen de contrebalancer leur hégémonie. Ils sont soutenus par les Saoudiens.
"L'émergence [des tendances salafistes] est l'une des conséquences et l'un des outils de la politique étrangère saoudienne, selon Mohamed-Ali Adraoui, chercheur à Sciences Po, interrogé par le site Zaman. Depuis la guerre en Libye, l'Arabie saoudite a adopté une politique plus proactive pour empêcher l'émergence de pôles qui pourraient lui nuire. Le calcul qui a consisté à financer et appuyer l'émergence des mouvements salafistes est fait par certains dirigeants saoudiens."
Selon Zaman, le parti égyptien salafiste Al Nour a bénéficié des pétrodollars saoudiens. Pétrodollars également investis dans les "chaînes saoudiennes" religieuses sur lesquelles s'expriment les théologiens salafistes, selon Samir Amghar. Ce sont elles qui ont diffusé le film polémique L'innocence des musulmans traduit en arabe, sans quoi il serait passé inaperçu.
L'Arabie saoudite a d'abord été une terre d'accueil pour les Frères musulmans hostiles au président égyptien Nasser dans les années 1960 et 1970. Puis les Saoudiens ont progressivement pris leurs distances avec cette organisation favorable à Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe (1990-1991). Se sentant menacée par la contestation portée par les Frères lors des "printemps arabes", l'Arabie saoudite a définitivement coupé les ponts avec l'organisation, jugée trop turbulente, selon Samir Amghar. Les Frères musulmans se sont alors tournés vers les Qataris.
Un guerre économique et non idéologique
Cette lutte ne doit pas être lue comme un affrontement idéologique, poursuit Amghar :"L'objectif n'est pas de développer l'islamisme dans le monde, mais d'avoir des alliés qui partagent des points de vues et des intérêts économiques." Beaucoup plus terre à terre, chacun cherche à "défendre des intérêts stratégiques", dans la perspective de la fin du pétrole. "Le Qatar a une croissance à deux chiffres, une capacité financière importante, il lui faut avoir une présence régionale et investir pour avoir des alliés."
La politique ? "Les intérêts sont identiques", ce sont des "régimes autoritaires" qui ont intérêt à "maintenir ou à encadrer la contestation et à la détourner vers d'autres pays". Les deux pétromonarchies, alliées des Etats-Unis, n'ont d'ailleurs pas connu de violences anti-américaines sur leur sol. Le Qatar a-t-il cherché à calmer le jeu ? Il a annoncé qu'il allait investir 450 millions de dollars dans la réalisation de trois films pour présenter la "vraie image" du prophète, selon l'agence italienne Ansa.
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