CORAN/Neutre




CONNAITRE L’ISLAM : LE CORAN

Lorsqu’un Occidental parcourt le Coran, il a l’impression de lire une série de versets décousus, parfois incompréhensibles, au style et au vocabulaire étranges, le tout figurant dans un désordre total. De plus, les titres des sourates (chapitres) n’ont en principe pas de rapport avec leur contenu : il s’agit simplement d’étiquettes. En fait, le Coran est un tout aux multiples entrées. Tout ceci rebute rapidement tout lecteur non averti.
Le Coran est, contrairement aux livres saints des autres religions, la parole d’Allah en personne. Elle est descendue lors d’une apparition de l'archange Djibril dans le cœur de Mahomet (PSL), prophète d’Allah, en 612. Celui-ci la sortira ensuite verset par verset, en fonction des circonstances jusqu’à sa mort en 632. Mahomet étant, selon le Coran, le « sceau des prophètes » aucune autre révélation, ni évolution, ne sera plus possible par la suite.
Une structure difficile à comprendre
Le Coran est divisé en 114 sourates (chapitres) et en versets (quelque 6.240 au total). A part la sourate introductive (Al-Fatihah), les sourates sont classées par ordre de taille : les plus longues au début et les plus courtes à la fin. Ceci correspond dans une large mesure à un ordre chronologique inverse : les sourates révélées à La Mecque (612-622) sont généralement plus courtes, et leurs versets ne comptent souvent que quelques syllabes, contrairement aux sourates de la période médinoise (622-632), beaucoup plus longues.
Les sourates peuvent aborder un nombre important de sujets, apparemment sans aucun rapport entre eux. Un même sujet étant traité dans diverses sourates, sous des aspects différents, et parfois contradictoires. C’est ainsi qu’il faut connaître le principe des abrogeants-abrogés (al-naasikh wal-mansukh) : les versets postérieurs annulent les versets les plus anciens, lorsqu’ils se contredisent : quelque 235 versets seraient ainsi abrogés. Les versets qui prêchent la tolérance (période mecquoise) sont ainsi dans une large mesure abrogés par les versets qui prônent la violence et l’intolérance (versets révélés à Médine). C’est ainsi que des non-musulmans se laissent induire en erreur : il faut une vue globale du Coran et bien en connaître les règles. La sourate IX.5 « Tuez les infidèles, partout où vous les trouverez…» annule ainsi 124 versets qui ordonnent la tolérance ! Enfin, une centaine de versets auraient, de plus, été amputés : les « versets sataniques », mais également, par exemple, le verset prescrivant la lapidation pour adultère[1]
Chaque sourate et chaque verset doit être replacé dans le cadre historique dans lequel il a été révélé. Pour comprendre et interpréter le Coran, il faut donc connaître la petite histoire de chaque verset. Isoler le Coran de son contexte historique, et des traditions et légendes qui l’entourent, n’a donc guère de sens. Il est par exemple impératif de les situer dans le cadre de la vie du prophète (sira). Ceci permet de combler les vides du textes, les allusions ou même les versets « équivoques[2] ».
Les périodes du Coran
Le Coran est, selon l’islam, la parole infaillible et éternelle d’Allah[3]. Celui-ci l’a déposée en une fois en son prophète par l’intermédiaire de l’archange Djibril. Par la suite, il a été progressivement révélé par le prophète, le plus souvent à l’occasion d’événements particuliers. On y distingue habituellement la période mecquoise (612-622), de la période médinoise (622-632).
La période mecquoise se subdivise en trois sous-périodes. La première sous-période a révélé quelque 47 sourates relativement homogènes, fort courtes, à rime unique, au rythme haletant : il s’agit plutôt d’incantations juxtaposées. Les thèmes sont simples : des thèmes eschatologiques, la fin du monde, le jugement dernier, le châtiment des pécheurs que sont notamment les riches et les puissants, la récompense des justes…
La seconde sous-période comprendrait 21 sourates, plus longues et plus disparates, à la rime plus monotone. Elles s’attaquent surtout au système social en vigueur à La Mecque : importance de l’unicité divine et absurdité du polythéisme, châtiment pour ceux qui refusent d’entendre le prophète… avec des récits arabes ou bibliques à l’appui. La plan en est souvent identique : un peuple, aveuglé par sa richesse, refuse de croire en Allah et rejette ou persécute son prophète.
La troisième sous-période aurait révélé 22 sourates qui affirment l’opposition irrémédiable entre les polythéistes et les disciples de Mahomet. Elles se réfèrent souvent aux prophètes antérieurs, juifs et chrétien (Jésus) qui furent tous méconnus par leur peuple. Elles adoptent souvent la forme d’homélies tripartites qui se terminent par des menaces à l’égard de ceux qui refusent le message du prophète.
Après l’Hégire commence la période médinoise. Il s’agit d’une rupture fondamentale avec la période précédente : le texte abandonne toute tentative de persuasion. Les Mecquois ne sont plus des adversaires du prophète qui persistent dans l’erreur, mais des ennemis d’Allah qu’il faut combattre, vaincre et convertir, de gré ou de force. Outre des invectives et des appels au combat contre les infidèles, les sourates de Médine définissent également avec une grande précision les normes sociales (ahkaam) qui doivent être respectées par tous, croyants et incroyants. Les 24 sourates de cette période sont souvent très longues, en particulier les sourates II à V, et les versets qui les composent comportent parfois plus de 10 lignes. Les nombreuses prescriptions juridiques qu’on y trouve, bien que révélées à l’occasion d’événements particuliers bien concrets, doivent être comprises dans un sens universel, immuable et intemporel, car elles sont la parole même d’Allah. C’est ainsi que le Coran couvre l’ensemble du droit et lie indissolublement et irrévocablement religion et politique.
Une tradition orale
Le Coran n’est pas destiné à être lu, mais récité[4] sous forme de longues mélopées. Initialement, le Coran n’était pas écrit, mais mémorisé[5]. Les éléments les plus significatifs furent transcrits sur des omoplates de chameau ou sur des peaux et servaient de support à la mémoire. Il est vrai que l’écriture nabatéenne[6] utilisée initialement ne reprenait que trois voyelles longues et utilisait souvent un même signe pour plusieurs consonnes différentes: dans de telles conditions, il était impossible de lire sans connaître le sens du texte. Une véritable compilation écrite du Coran ne fut ordonnée que par le troisième calife, Uthman[7], et les versions divergentes furent, en principe, détruites. Cette transcription s’imposait pour éviter des versions contradictoires et la perte du message divin : les compagnons deMahomet étaient dispersés aux quatre coins des conquêtes arabes et commençaient à disparaître les uns après les autres.
Tous les jeunes musulmans doivent apprendre la totalité du Coran par cœur. Il apprennent souvent à le réciter sans rien en comprendre. Outre le Coran, les jeunes musulmans doivent mémoriser et reproduire une quantité impressionnante de récits et commentaires plus ou moins historiques ou légendaires relatifs à Mahomet et aux traditions islamiques. De nombreux pédagogues ont déjà souligné l’effet désastreux d’un tel effort de mémorisation qui, d’une part laisse peu de place pour apprendre autre chose et, d’autre part, se fait au dépens de tout esprit critique.
Le message du Coran
Le Coran est la loi divine (Cha’ria), absolue, complète, universelle et intemporelle. Il établit ce qui est bien et ce qui est mal : il ne s’agit donc jamais de recourir à la réflexion personnelle ou à une morale quelconque. C’est bien, parce que le Coran le dit, et c’est mal parce que le Coranl’interdit, et tant pis si cela choque votre conscience personnelle. Ce qui importe, c’est la soumission aveugle à la volonté divine. Une telle conception, formellement imperméable[8] à toute évolution, n’est pas sans poser d’énormes problèmes dans un contexte social et historique fort différent.
L’enfer est décrit comme une véritable salle de tortures, tandis que le paradis (al-janna) tient beaucoup du lupanar, où les hommes peuvent jouir, sans aucune défaillance, de nombreuses houris[9], parmi des fleuves de vins qui n’enivrent pas. Tout musulman mort en djihad (shahid) est assuré d’accéder immédiatement à ce paradis très matérialiste[10].
Le Coran défend enfin une vision extrêmement déterministe de l’univers : «Allah dirige qui Il veut et égare qui Il veut ». Ceci se traduit souvent par la formule fataliste « Inch‘ Allah ». Une telle conception, qui nie le libre arbitre, n’est pas de nature à stimuler le musulman à lutter contre son destin.
Les musulmans considèrent que tout le savoir de l’humanité et toute la science sont résumés dans le Coran[11]. Ils effectuent, avec le plus grand sérieux, des contorsions intellectuelles dignes des disciples de Nostradamuspour démontrer que les découvertes scientifiques, telles les lois de la relativité, de l’expansion de l’univers ou de la médecine se trouvaient déjà dans le Coran. Une histoire controversée veut que le second calife, Omar, aurait fait alimenter le chauffage des bains d’Alexandrie avec les livres de la Grande Bibliothèque, au prétexte que, soit ces livres étaient contraires auCoran, et devaient donc être détruits, soit, ils étaient conformes au Coran, et donc étaient superflus.
Les « sciences coraniques » ne concernent pas que le Coran, l’étude de son contexte historique ou des hadiths[12]. Elles concernent l’étude de la langue arabe[13] (linguistique, grammaire, graphie, vocalisation, littérature…), mais aussi l’histoire, le droit (ahkam) et même les sciences dures. L’analyse grammaticale et sémantique est fondamentale en islam et détermine bien plus le sens du Coran que la morale, la logique ou l’interprétation téléologique.
L’exégèse « spéculative » est fermement condamnée en islam : l’opinion personnelle (ray) est formellement proscrite[14]. Seule l’interprétation du consensus (igma) des savants est valable : il ne s’agit pas d’une majorité quantitative, mais bien qualitative. Celle-ci se fonde sur des critères linguistiques[15], mais surtout la tradition attestée par des « chaînes de garants » (isnad) censées remonter au prophète, sur l’interprétation des compagnons[16] de Mahomet, des successeurs[17] de celui-ci ou celle de savants faisant autorité. C’est ainsi qu’après quelques génération, l’interprétation du Coran s’est trouvée définitivement figée : il ne s’agit pas d’interpréter en fonction du contexte actuel ou du but ultime d’Allah, mais en fonction de ce qui a été concrètement révélé au travers du prophète.
Il est donc difficile de parler d’exégèse moderne du Coran. Au contraire, le « réformisme musulman » consiste plutôt à un retour aux sources : retour au texte même du Coran et au mythe de l’âge d’or de l’islam, au dépens de la modernité. Le Coran immuable semble être le roc auprès duquel de nombreux musulmans tentent de retrouver une sécurité psychologique dans un monde en perpétuelle évolution. Cette attitude est une des principales explications à la montée actuelle de l’intégrisme islamiste.
N. Bagration

[1] Le verset « Le vieux et la vieille adultère, lapidez-les jusqu’à ce que mort s’ensuive, tel est le châtiment qu’Allah leur réserve » aurait été retiré selon Aîcha, épouse du prophète.
[2] S.III-5
[3] Contrairement aux livres sacrés des autres religions qui ne sont que des textes humains.
[4] Le terme Qur’an évoque la récitation. Les versets comportent des rimes qui facilitent la mémorisation.
[5] Le prophète aurait été illettré, mais ce fait est contesté.
[6] La différenciation des lettres arabes est bien plus tardive.
[7] Calife de 644 à 656. Assassiné en 644 (année 23 de l’Hégire).
[8] Les autres religions ont su se dégager du contexte littéral pour adopter une interprétation souple et téléologique : les textes sacrés y sont souvent compris dans leur sens métaphorique ou allégorique.
[9] Jolies créatures aux grands yeux noirs, qu’aucun homme ou djinn n’aura encore déflorées. Elles sont mises à l’entière jouissance des musulmans qui arrivent au paradis d’Allah.
[10] Un martyr du djihad (shahid) est assuré du paradis, quels que soient ses péchés antérieurs. Au moment de la résurrection, il pourra en outre intercéder en faveur de 70 de ses proches pour les faire entrer au paradis.
[11] S.VI-38 « …Nous n’avons rien omis dans le livre…. »
[12] Les hadiths sont les paroles du prophète. Ils ont pour de nombreux musulmans quasi autant d’importance que le Coran lui-même.
[13] Le Coran, parole d’Allah lui-même, aurait été transmis dans une langue arabe totalement pure et parfaite. Cette langue serait donc supérieure à toutes les autres langues. Des études scientifiques occidentales ont démontré qu’il n’en était rien : on y trouve des erreurs de syntaxe et des emprunts étrangers. De plus, la tournure de plusieurs versets démontre qu’Allah ne peut en être l’auteur, mais bien Mahomet (exemple S.XXVII-91: «J’ai seulement reçu l’ordre d’adorer le seigneur de cette ville […] J’ai reçu l’ordre d’être parmi les Soumis », ou encore la Fatihah el-kitab: « C’est Toi que nous adorons… »). D’autres versets sont manifestement des plagiats, par exemple du poète préislamique al-Qays. Enfin, plusieurs centaines de versets sont directement empruntés ou inspirés par la Bible. Etc…
[14] Le sunnisme considère les interprétations divergentes ou allégoriques comme sectaires. Leurs auteurs sont jugés avoir introduit des « innovations blâmables » : Kharijites, Chiites, ismaéliens, zaydites… Ils ont été souvent combattus avec plus de violence encore que les infidèles.
[15] La perfection de la langue est un critère d’interprétation, puisqu’il s’agit de la parole même d’Allah, qui ne peut s’exprimer que de manière parfaite.
[16] Les compagnons du prophète sont « infaillibles » et considérés par beaucoup de musulmans comme de demi-dieux.
[17] La génération de ceux qui ont connu les compagnons de Mahomet.

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Mahomet connaissait probablement les rudiments de la lecture et de l'écriture :
Il avait été caravanier et commerçant, homme de confiance de Khadidja, sa première épouse richissime (et plus agée que lui).
Sa biographie rapporte deux épisodes démontrant qu'il savait écrire :
- Lors de la rédaction du traité de Hodeybia,
il ordonna à Ali d'écrire : "Telles sont les conditions auxquellesMahammed, apôtre de Dieu, fait la paix.". Les Mecquois contestèrent : le traité se faisait justement parce qu'ils ne lui reconnaissaient pas ce titre. Le Mecquois Sohaïl demanda qu'on écrive simplement le nom de Mahomet et celui de son père. Mahomet accepta, mais ayant dit à Ali d'effacer "apôtre de Dieu", Ali refusa de commettre une telle « profanation ». Mahomet, prenant la plume, raya ces mots, et écrivit a leur place : "Mahammed, fils d'Abd-Allah", oubliant qu'officiellement il ne savait ni lire ni écrire. Le fait passa pour un miracle...
- durant son agonie,
il s'écria : « Apportez-moi, de l'encre et du papier, afin que j'écrive un livre qui vous empêchera de retourner jamais à l'erreur ! ».
Certains parmi ceux qui l'entouraient dirent : « Le prophète est dans le délire, N'avons-nous pas le Coran ? Ce livre divin nous suffit. » tandis que d'autres voulaient qu'on lui apporte ce qu'il demandait. Finalement Mahomet, indisposé de ces atermoiements, renvoya tous le monde.

Ces deux épisodes sont cités dans l'Abrégé de la vie de Mahomet, par Savary (1751).
Les biographies plus récentes, particulièrement celles écrites par des musulmans, censurent ces détails fort gênant pour la réputation du prophète « illettré »…



LE CORAN

Ce livre est composé de cent treize chapitres, dont les premiers sont longs de plus de cents versets, et dont les derniers n'ont que quelques lignes. Les matières n'y sont point rangées par ordre, et les récits des prophètes des Juifs et de ceux des autres peuples y sont mêlés aux préceptes généraux, aux dispositions passagers, en sorte qu'il est difficile de retrouver le fil chronologique des prédications que Mahomet faisait tantôt à la Mecque, tantôt à la Médine. Il arriva encore que quelques préceptes ou recommandations, amenés par les circonstances, se sont trouvés modifiés dans le cours des événements ; c'est ce qui a donné naissance à des passages abrogés et abrogeant ; pour les distinguer, il faut s'en rapporter au sentiment général qui a prévalu dans l'islamisme.
Le tout est écrit en style concis, souvent obscur, qui serait inintelligible pour les Arabes eux-mêmes, sans le secours des commentaires ; ceux-ci s'appuient à leur tour sur des ouvrages composés dans les premiers siècles après Mahomet.
La rédaction actuelle du Koran n'est pas sans doute celle que lui avait donnée Mahomet. La réunion des versets écrits sur des feuilles, sur des tablettes ou sur des omoplates de brebis, est due à Zaïd, compilateur du Koran sous Abou Bekr ; mais cette circonstance ne saurait absoudre Mahomet d'avoir défiguré ou travesti l'histoire plutôt par ignorance sans doute qu'à dessein.
Les copies du Koran répandues sous le califat d'Abou Bekr et d'Omar qu'on doit la suppression de tous le exemplaires qui ne s'accordaient pas avec celui conservé chez Hafsa, veuve de Mahomet. Ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans l'appréciation du Koran comme code sacré, comme répertoire des lois morales,civiles et politiques des Arabes. Ce livre a été jusqu'ici mal jugé. Une animosité excessive, s'armant de tout pour le condamner, provoqua des opinions erronées en sens contraire.
En voyant les peuples musulmans en décadence, dans l'abaissement dont il leur sera impossible de se relever, on a attribué cet état à l'influence du Koran. On est peut-être allé trop loin, on s'est peut-être exagéré, en théorie, l'influence qu'une religion quelconque peut exercer sur la transformation du caractère de certaines races, et l'on a attribué au Koran les résultats qu'il a été seulement incapable de détourner.
Dans le Koran, les emprunts faits à la morale de l'Evangile, ou, pour mieux dire, à la morale générale de l'humanité, les dispositions et les préceptes en partie nouveaux et en partie conservés de l'ancienne société arabe, sont dominés par l'idée capitale de l'unité de Dieu, et des rapports que l'homme doit chercher à établir entre lui et Dieu au moyen de la prière ; et il n'est pas juste d'accuser la religion de Mahomet de sensualisme, uniquement parce que les récompenses réservées aux élus s'y présentent sous les attraits des jouissances matérielles.
Comme code religieux, moral, civil et politique (car chez les musulmans il est la source de toute loi et de toute science), le Koran pèche par l'insuffisance et l'obscurité ; comme monument intellectuel du peuple qui l'adopta et du siècle qui le produisit, il est de médiocre valeur, et ne saurait soutenir la comparaison avec aucun des livres sacrés que nous a légués l'antiquité : le seul mérite que les non-musulmans puissent lui accorder, est celui de la langue, et, sous ce rapport, nous ne sommes pas sans doute en état de lui rendre toute justice ; car, indépendamment de la profonde connaissance de la langue arabe et des mœurs de ce temps-là, connaissance qui nous ferait saisir toute la portée d'un mot, toute la valeur d'une parabole, toutes les finesses du langage, il faudrait se placer au point de vue d'un peuple si différent par son caractère des peuples d'Occident.
Cependant quelques récits instructifs et touchants de l'histoire sacrée, le tableau de la majesté et de la bonté de Dieu, les préceptes pleins d'onction sur la bienfaisance et l'humanité, sont d'une beauté remarquable, et l'on conçoit que le tableau des châtiments réservés aux infidèles, de la solennité du jour de la résurrection, a pu entraîner et émouvoir les esprits.
Les musulmans croient qu'il n'est pas donné à l'homme de créer une œuvre à la fois si parfaite et si sublime que le Koran. Il y eut, la vérité, au sein de l'islamisme des sectes qui soutenaient que le Koran pouvait être regardée comme une hérésie : elle se trouve condamnée d'avance par le Koran (chap. II, 21). Mais ce n'est pas à cause de ces beauté de langage, de ces mérites pour ainsi dire extérieurs, que le Koran enchaîne la foi de ses sectateurs ; le Koran est un livre révélé ; il est la parole de Dieu, par laquelle il a voulu compléter les lois antérieures et les clore ; et quand, dès les premiers siècles de l'islamisme, on se mit à raisonner sur la nature de la parole de Dieu, on alla jusqu'à affirmer que le Koran était incréé et coéternel.
Celui qui en était le dépositaire, Mahomet, reçu le titre de médiateur du genre humaine, de prince des apôtres, de sceau des prophètes, d'élu, de glorieux, de glorifié ; c'est la plus noble et la plus parfaite des œuvre de la création ; c'est l'être en vue duquel la création de l'univers a eu lieu, et qui, admis dans la familiarité de Dieu, contemple à la distance de quelques pas la majesté divine.
Le Koran n'enseigne rien de pareil sur son auteur ; mais cette glorification de Mahomet est depuis des siècles la base de la théologie musulmane. Le Koran, comme livre sacré et source de toute science pour les musulmans, à donné naissance à une littérature très étendue, ainsi qu'à des commentaires dontles principaux sont ceux de Zamakschari, de Djelaleddiri, de Beïdhaani, d'iahia,
de Feïzi.
TRADUCTIONS DU CORAN
Il n'a commencé à être connu en Europe que vers la moitié du seizième siècle, par une traduction de Bibliander, traduction qui mérité à peine ce nom, tant elle s'écarte du texte arabe. La première bonne traduction, celle qui a servi jusqu'ici de base à toutes les autres, est celle de Maracci. Hinckelmann adonné le texte arabe en 1696, in-4°. Une belle édition du Koran a été donnée à Saint-Pétersbourg, par ordre de l'impératrice Catherine ; mais elle est trèsrare.
Depuis on a publié à Casan deux éditions, une in-8° et une in-4°. M. Fluegel a donné, en 1834, à Leipsick, une édition stéréotypée du Koran.
On a en outre des traductions en français, en anglais et en allemand. La première traduction française du Koran a été donné par Du Ryer, à Amsterdam, 1770, en 2 vol. in-8°.
Savary, auteur d'un voyage en Egypte, en a fait une évidemment sur la traduction latine de Maracci. Elle a été reproduite avec un résumé des préceptes de l'islamisme, par M. Garcin de Tassy.
M. Gunther Wahl, orientaliste allemand, a donné sa traduction en 1820, in-8°.
M. Uhleman publie dans ce moment-ci une nouvelle traduction du Koran en allemand, avec des notes. George Sale a publié, en 1734, int-4°, une traduction du Koran en anglais, qui a été réimprimée en 2 vol. int-8°, à Londres, 1836, avec les versets numérotés. La traduction de Sale est, sans contredit, la meilleure, la plus judicieuse et la plus utile à cause des notes puisées dans les commentateurs arabes.
Quant aux ouvrages qui traitent de la vie de Mahomet, outre les notices mises en tête de presque toutes les traductions , on connaît la vie de Mahomet par Prideaux, 1697, in-8°, en anglais ; la Vie de Mahomet, tirée d'Aboul-Feda, et traduite en latin par Gagnier, Oxford, 1723, in-f° ; la Vie de Mahomet, compilation des auteurs mahométans, par Gagnier, Amsterdam, 1732, 2 vol. in-8° : l'auteur y entre dans tous les détails relatifs à la vie de Mahomet ; la Vie de Mahomet par Boulainvilliers, Londres, 1730, et Amsterdam, 1831 : Gagnier critique avec beaucoup d'amertume et avec raison cet ouvrage, en tête de sa vie de Mahomet ; l'Histoire de la vie de Mahomet par Turpin, 1773, 3 vol. int-12 ; la Vie de Mahomet, par Aboul-Feda, se trouve au commencement des annales moslemici de cet auteur, traduites par Reislle. C'est cette partie du grand ouvrage d'Aboul-Feda
que M. Noël Desverges a donnée en 1837, in-8°, à Paris, sous le titre : Vie de Mohammed, texte, traduction et notes. C'est en même temps la meilleure et la plus correcte des toutes. kasimirski, 1840
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* On n'est pas d'accord sur le jour et l'année de la naissance de Mahomet. Les chiffres varient de 569 à 571 de Jésus-Christ. Ceux qui optent pour l'année 569 se fondent sur l'opinion qui donnait à Mahomet 63 ans à l'époque de sa mort, arrivée en 632. On cite l'année de l'Eléphant, ainsi appelée de l'expédition d'Abraha contre la Mecque (voy. Chap. CV du Koran) comme celle de la naissance du prophète : mais la date réelle de cet événement se laisse difficilement entrevoir.

** Parmi les personnages qu'on voit autour de Mahomet au commencement de sa carrière, il en est un qui mérite surtout de fixer l'attention, c 'est Warka ben Naufel, cousin de Khadidja, qui devait être un homme très versé dans la connaissance des Ecritures.
M. de Hammer, dans son ouvrage publié en 1839 sous le titre de Gemaldesaal (Portraits des principaux personnages de l'islamisme), s'étonne que les biographes européens de Mahomet aient si peu remarqué un homme qui, comme chrétien, comme moine, et qui plus est, comme premier traducteur de la Bible en arabe, devait avoir une grande part dans l'instruction de Mahomet, et par conséquent dans la création du Koran. Nous ne savons pas sur quelles autorités s'appuis M. de Hammer en donnant ce Warka ben Naufel, qui était koreïchite, pour moine et traducteur de la Bible ; mais il suffit de comparer les récits du Koran sur l'histoire des Juifs et de leurs prophètes avec ceux de la Bible, pour se convaincre qu'ils ne viennent pas directement d'un homme versés dans les Ecritures, et que ce ne sont que les réminiscences dans lesquelles le faux et l'apocryphe sont presque toujours à côté du vrai et de l'authentique




L'alcoran
Titre : Histoire des differens peuples du monde contenant les ceremonies religieuses et civiles l origine des religions leurs sectes et superstitions et les moeurs et usages de chaque nation
Auteur : Contant d'Orville, André-Guillaume (1730?-....)
Editeur : Paris : Hérissant fils, 1770-1771
CHAPITRE VII
(Tome 6)
Les mots Arabes Al'coran, signifient à la lettre livre ou collection : ce livre de la loi musulmane est le livre par excellence, qui contient les révélations & la fausse doctrine du prophète Mahomet. Les Musulmans croient comme un article de foi, que Mahomet, qu'ils disent avoir été un homme simple & sans lettres, a reçu ce livre de Dieu, par le ministère del'ange Gabriel, écrit sur un parchemin fait de la peau du bélier qu'Abraham immola à la place de son fils Isaac, & qui ne lui fut communiqué que verset a verset , pendant l'espace de vingt-trois ans. Ce long espace de temps offre une merveilleuse ressource aux commentateurs pour concilier les contradictions dont ce livre fourmille. Lorsqu'on leur en fait remarquer, ils répondent aussitôt ; « Dieu a réformé tel passage par tel autre qu'ils citent ».
Tout l'alcoran est divisé en chapitres, quî eux-mêmes font sous-divisés en versets sans aucune suite, La plupart de ces chapitres ont des titres, comme de la vache, de l'éléphant, des fourmis, des mouches, qui d'abord paraissent ridicules , d'autant qu'ils ne contiennent souvent rien de ce que les titres annoncent. Mais M. Sale, auteur d'une excellente traduction de l'alcoran, nous apprend que cela vient de ce que le verset ou le passage dans lequel ce mot se rencontre, a été écrit ou révélé avant d'autres qui l'ont dû précéder ensuite, & que d'ordinaire le titre du chapitre a été pris du premier mot qui a paru digne de remarque à ceux qui ont rassemblé les versets .
Il y a sept éditions principales de l'alcoran. La première contient six mille lignes ; les autres en contiennent deux cents ou deux cents trente-six de plus, mais dans tous le nombre des mots & des lettres est égal ; celui des mots est de soixante-dix-sept mille six cents trente-neuf, & celui des lettres de trois cents vingt-trois mille quinze. On sait que les Juifs ont scrupuleusement suputé les versets, les lignes & les lettres de l'ancien testament, & il s'est trouvé de minutieux Chrétiens qui les ont imités, en faisant le calcul des paroles du nouveau. Chaque chapitre de l'alcoran, excepté le neuvième, commence par ces mots : « Au nom de Dieu très-miséricordieux »; & les Musulmans emploient cette formule dans tous leurs écrits publics & particuliers, que peut-êtreMahomet a emprunté des Mages, ainsi que beaucoup d'autres choses.
L'alcoran est écrit avec beaucoup d'élégance, quoiqu'on y trouve fréquemment des expressions & des mots pris de toutes les différentes dialectes Arabes, ce qui semble choquant à ceux qui font particulièrement versés dans les langues orientales. Ils avouent cependant que, quoique écrit en prose, cette prose est cadencée & tout-à fait harmonieuse. Il est plein de figures hardies, d'expressions sentencieuses & de tours prophétiques imités des livres de l'ancien testament, & spécialement des prophètes. Les sonnites ou orthodoxes soutiennent avec enthousiasme que ce livre est éternel & incréé, existant en Dieu même, & qu'il est l'essence du grand livre des décrets divins. Pour appuyer cette singulière opinion, ils citent le passage suivant : « En vérité, nous avons envoyé le Coram dans la nuit d'Alkadr, & qu'est-ce qui pourra te faire comprendre combien est excellente la nuit d'Alkadr ? La nuit d'Alkadr est meilleure que mille mois : dans cette nuit descendent du ciel les anges & aussi l'esprit de Gabriel, par la permission de leur Seigneur, avec ses décrets concernant toutes choses. C'est la paix jusqu'a la visite du matin ». Le grand embarras des Musulmans est de savoir quand & quelle nuit est cet Alkadr.
Pour donner une idée de l'éloquence mâle du style de l'alcoran, il ne faut que transcrire les passages suivants.Mahomet en parlant de la cessation du déluge , s'exprime ainsi : « Dieu dit, terre engloutis tes eaux : ciel puises les eaux que tu as versées : le ciel & la terre obéirent ». On demande au prophète , quel est cet allah qu'il annonce ; il répond : « C'est celui qui tient l'être de toi-même , & de qui les autres le tiennent, qui n'engendre point & qui n'est point engendré, & à qui rien n'est semblable dans toute l'étendue des êtres ». A l'égard des grands préceptes de morale contenus dans ce livre, on peut citer ce passage du septième chapitre : « Soyez indugent, ou plutôt, pardonnez volontiers à qui vous offense, ne commandez jamais que ce qui est juste, recherchez qui vous chasse, donnez à qui vous ôte, faites du bien à tous , ne contestez pas avec les ignorants ; car Dieu veut que vous jettiez dans vos âmes les racines des plus grandes perfections ».
On peut rapporter en général toute la doctrine de l'alcoran aux points historiques & dogmatiques; les premiers, fondés sur quelques vérités, sont mêlés d'une infinité de fables & d'extravagances : on y trouve, par exemple, qu'après le châtiment de la première postérité des enfants d'Adam, queMahomet appelle le premier des prophètes, Noë avait réparé ce que les premiers avaient perdu, qu'Abraham avait succédé à ce second Josephe au troisième; qu'un miracle avait produit & conservé Moïse ; qu'enfin saint Jean était venu prêcher l'évangile ; que Jésus-Christ, conçu sans corruption dans le sein d'une vierge exempte des tentations du démon, créé du souffle de Dieu, & animé de son Saint-Esprit, était venu l'établir, & que Mahomet l'avait confirmé. Quant au dogme, Mahomet enseigne que des peines & des récompenses attendent les hommes dans la vie future, mais il attache la félicité éternelle à une facilité sans bornes de contenter leurs désirs à cet égard, & les châtiments, principalement à la privation de ces plaisirs, accompagné de peines moins terribles par leur durée que par leur rigueur ; car il est dit dans l'alcoran que des tourments de l'enfer césseront un jour par la bonté de Mahomet, qui lavera les réprouvés dans une fontaine, & les admettra à un feslin composé des restes de celui qu'il aura fait aux bienheureux.
A la mort du prophète, Abubéker son successeur, fit rechercher tous les passages de l'alcoran qui étaient écrits sur des feuilles volantes ; il en composa un volume, auquel il donna le nom de Moshàf, c'est-à-dire, le livre ou le code par excellence, & il en confia la garde a Hapsha ou Aischa, veuve de Mahomet, comme l'original auquel on devait avoir recours en cas de dispute. Ce fut sur ce fameux original qu'Othman, qui succéda à Abubéker dans le califat, fit faire plusieurs copies de ce livre de la loi musulmane, & il supprima toutes les copies infidèles qui étaient déjà répandues dans l'Asie. On croit que Mohavia, calife de Babylone, ayant fait rassembler ces nouvelles copies de l'alcoran, les donna à examiner à six docteurs, qui conservèrent tous les passages qu'ils reconnurent être du prophète, & Jettèrent les autres dans la rivière; quelle que fût l'attention de ces tommes savants pour établir un seul & même fondement de leur doctrine, ils n'en devinrent pas moins les chefs de quatre sectes différentes. La première & la plus superstieuse est celle du docteur Mélik, suivie par les Maures & par les Arabes. La seconde , qu'on nomme l'Iméniane , conforme à la tradition d'Ali, est suivie par les Persans. Les Turcs onc embrassé celle d'Omar qui est la plus libre ; & celle d Odman, qu'on regarde comme la plus simple, est adoptée par les Tartares.
Nous terminerons ce chapitre par une remarque assez importante. Quelqu'absolu & quelqu'habile imposteur que fûtMahomet, il n'osa cependant jamais établir sa fausse mission par des miracles. On lui demanda plusieurs fois des signes, on le pressa d'en opérer, & ce fut inutilement. Lorsqu'on lui demande des miracles pour manifester sa vocation, il se tire d'affaire en faisant parler Dieu : « Les incrédules ( dit-il, chap. VI, intitulé le bétail) ont juré par le nom de Dieu, par le serment le plus solennel, que si un signe leur est donnée ils y croiront certainement : en vérité les signes sont au pouvoir de Dieu seul, & il permet que vous ne conceviez pas que, quand il viendrait des miracles, les incrédules n'y croiraient pas ; aussi nous écarterons la vérité de leurs yeux & de leurs coeurs, parce qu'ils n'ont pas cru dès le commencement, & nous les laisserons s'égarer dans leur erreur ». Le fourbe dit dans un autre endroit : « Les incrédules, à moins qu'un signe ne soit envoyé à Mahomet par ton Seigneur, ne croiront point. Voici la réponse du Seigneur :
« Je t'ai chargé seulement de prêcher, & non de faire des miracles, chaque nation a eu un législateur. Dieu sait ce que chaque femelle porte dans son sein, il sait de combien elle est en deçà ou en delà de son terme & le nombre de ses petits ». Ensuite faisant une brusque digression sur le sein de la femelle, il a l'adresse de faire perdre de vue les miracles dont il était d'abord question.





Les CoransLES SECRETS DE L'ISLAM !Les noms du livre du prophète de l'Islam

Ce qui fut rassemblé et inscrit par Othman a pris le nom de Coran, et jusqu'à aujourd'hui, on l'appelle " le Coran ", " le grand Coran ", " le glorieux Coran "; mais dans ce livre même, il existe plus de cinquante cinq noms pour nommer le livre de l'Islam. Ainsi, dans divers versets, les poèmes de l'Islam sont appelés différemment :
Kétab (Livre) - Mobain (Manifeste) - Coran (Lecture) - Karim (Généreux) - Kalâm (Parole) - Nour (Lumière) - Hédaïat (Indication) - Rahmate (Clémence) - Forghan (Distinction) - Shafâ (Guérison) - Moéséh (Sermon) - Zékre (Mention) - Mobarak (Porte-bonheur) - Ali (d'après certains, cet Ali fait allusion à Imam Ali - dans le verset 4 du sourate Zakhraf -Les Ornements- l'on trouve : " Il est vrai qu'en matière d'original (mot à mot : la mère du livre ) Ali est érudit auprès de nous).
Hékmat (Philosophie) - Hakim (Philosophe) - Mossadégh (Confirmatif) - Mahiman (Protecteur) - Hobal (l'Idole) - Cérate Mostaghim (Le sentier droit) - Ghaiém (Tuteur) - Ghôle (Promesse) - Fasle (Saison) -Naba al Azim (Le grand annonce) - Ahssan al Hadiss ( La meilleure tradition prophétique) - Motachabéh (Identique)- Massani (La seconde corde d'un luth ) -Tanzil (Intérêt) - Rouh (Ame)- Vahi (Révélation)- Arabi (Arabe) - Bassaér (Vues)-Baîan ( Expression)- Elmme (Science)- Hagh (Raison)- Orvath al Vosghâ (Mouton de sacrifice) - Adjab (Surprise - Etonnement) - Tasacor (Rappel)-Orvat al Vossghâ (Lien indissociable)- Sédgh (Sincérité)- Adlle (Justice)- Amr (Ordre) -Mônâdi (Héros)- Bacharî (Humain)- Madjid (Glorieux) -Zabour (Psaumes)- Bachir (Précurseur)- Nasire (Voué à Dieu)- Asis (Cher)-Ballâgh (Eloquent)- Ghéssass (Histoires) -Sohof (Livres) - Mokaraméh (Honorée) - Motaharéh (Purifiée)-
Bref, au lieu du Coran (livre lisible), chacun de ces cinquante cinq noms aurait pu être le nom du livre de l'Islam, mais jusqu'ici "Coran", " Glorieux " et " Généreux " sont les plus connus.
Les livres écrits sur les différences de corans
L'on verra en quoi les livres compilés par les secrétaires particuliers du prophète de l'Islam étaient différents de celui qu'Othman inscrivit comme étant le Coran. Mais avant d'ouvrir ce débat, il faut rappeler que dans les premiers siècles de l'Islam, beaucoup d'ouvrages furent écrits, qui relevaient des différences entre corans existants ; et bien qu'Othman affirmait et inscrivait une seule version, il fallut des années pour que les savants islamiques reconnaissent ce livre, et le propagent dans le monde islamique.
Nous dénombrerons ici les noms des sept livres importants et notables qui furent écrits par les savants originels d'Islam, à propos des différences entre Corans :
1- Le livre de la différence des livres (les corans des habitants de la Médine, de Koufféh et de Bassora )écrit par Kassâeï
2- Le livre de la différence des livres (les Corans), oeuvre de Khalaf
3- Le livre de la différence des habitants de Koufféh, de Bassora, et de Damas en matière des livres, écrit par Farrâ.
4- Le livre de la différence de Mossahéf (les corans) d'Ibn Davoud Sédjestani
5- Le livre de Madaéni sur la différence des livres (les Corans ensemble) écrit par Madaéni
6- Le livre de la différence des livres (les Corans de) Damas, Hédjaz, l'Irak écrit par Ibn Amér Yahsébi
7-Le livre de Mossahéf (les Corans) oeuvre de Mohammad Ibn Abd al Rahaman Isphahanï.
Donc, l'on voit que les milliers de pages ont été écrites sur la différence des Corans de diverses villes et régions et en dénombrant quelques brefs exemples concis de la différence des corans d'Imam Ali et des secrétaires du prophète d'islam, nous verrons en quoi le Coran actuel - appelé désormais le Corand'Othman- diffère des autres.
Quelles furent les différences de corans entre les secrétaires du prophète de l'Islam et du d'Othman ?
En ce qui concerne le Coran d'Imam Ali, nous avons dit, lors des pages précédentes, que d'abord, il fut ordonné en fonction des dates des créations poétiques (dates des révélations) et ensuite, que les versets abrogatifs et abrogés furent relevés dans ce livre.
Hassan Ibn Abasse raconte qu'il avait entendu de Hokm Ibn Sahir, qui l'avait, lui, entendu d 'Abdé Kheir qui finalement, l'avait entendu lui-même entendu d'Imam Ali, que la première personne ayant rassemblé le Coran de sa mémoire fut (Imam) Ali, et que ce Coran était gardé dans la famille de Djaffar ; et j'ai vu chez Abou Hamzéh Hassani - béni soit-il - un Coran écrit avec l'écriture d'Ali Ibn Abi Taléb et dont quelques feuillets étaient abîmés, et ce Coran était resté dans la famille de Hassan en héritage selon l'ordre des sourates, et d'après la révélation.... (Al Féhrést Ibn Nadîm-La liste d'Ibn Nadîm- Page 147).
Il est intéressant de savoir que les autres Corans furent disponibles jusqu'à une certaine époque puis ont été perdus soudainement dans quelque sombre recoin de l'histoire. Il se peut que l'on retrouve leurs traces dans des bibliothèques ou des musées, et je m'engage à l'avenir à signaler par écrit toute découverte personnelle à ce sujet.
le Coran d'Abd Allah Ibn Massoud
Fazl Ibn Châsan dit : l'ordre des sourates du Coran de Mossahéf d'Abdo Allâh Ibn Massoud fut, dans un ordre différent de celui d'aujourd'hui : da Abi Lahab Va Ghad Tab Ma Aghnâ Maléhou Va Ma Cassab (Que les deux mains d'Abi Lahab périssent et qu'il périsse lui-même, ses richesses et ses oeuvres ne lui serviront à rien )-..." (Al Phéhreste d'Ibn Nadim-La liste d'Ibn Nadim).
Pour ne pas nous étaler, nous n'avons pas cité les noms de toutes les sourates, mais l'on trouve cinq problèmes dans le Coran d'Abd al Rahaman Ibn Massoud :
1 - Le nombre et l'ordre des sourates diffèrent considérablement de ceux duCoran d'Othman, car dans le Coran d'Ibn Massoud, il n' y a que cent dix sourates, telles que nous les avons dénombrées.
2 - Les noms de beaucoup de sourates sont plus longs que ceux du Corand'Othman.
3 - Il y a deux sourates nommées "Sadjdéh" (prosternation).
4 - Il y avait quelques sourates supplémentaires, comme " Havâmime " ou " Mossabahât " dans le Coran d'Ibn Massoud, et qu'on ne trouve pas ailleurs.
5 - Certains versets du Coran d'Ibn Massoud diffèrent de ceux du Corand'Othman, surtout par la sourate Va al Assre dont l'on ignore le contenu dans le Coran d'Othman. Il en est ainsi dans le Coran d'Ibn Massoud :
"J'en jure par l'heure de l'après-midi, l'homme travaille à sa perte. Tu en excepteras ceux qui croient et pratiquent les bonnes oeuvres, qui recommandent aux autres la vérité et la patience !"
le Coran d'Abi Ibn Kab
Fazl Ibn Ghasan dit : L'un de nos proches en qui l'on a confiance disait : j'ai trouvé l'ordre des sourates du Coran tel que celui d'Abi Ibn Kab, à Bassora, dans un village qui s'appelait Ghariat al Ansar à douze kilomètres de Bassora, chez Mohammad Ibn Maléké Ansari, qui nous a montré un Coran et dit : ce Coranappartient à mon père et nous le tenons de nos ancêtres. J'y ai jeté un coup d'oeil et en ai extrait les débuts et les fins des sourates ainsi que le nombre de leurs versets. Au début il y avait : Fatéhat al Kétab (l'ouverture du livre)-Bagharéh (la vache)- Néssâ (les femmes)- Allé Omran (la famille Omran) -Anâm (les bienfaits) -Eerâf (le purgatoire)- Maédéh (la table) - je doute qu'il ait eu la sourate (Younesse-Jonas)- Anfâl (les surestimations) -... Davoud (David) ... Tahâr (les propres) ...Insân (l'homme)... Nabi Aliéh al Salam (le missionnaire auquel salut)...Hai Ahl al Kétab les gens du livre) - Lam Yacon Aval Makan ... trois verset...B al Kofar Molhagh et ainsi de suite...Tous les versets furent au nombre de six mille deux cent dix. ( Al Féhreste -La liste d'Ibn Nadime Page 46).
Enfin, l'ensemble des sourates du Coran de Ben Kab n'atteignait pas les cent seize et un bon nombre de sourates de ce Coran n'existent pas du tout dans le Coran d'Othman. Comme les sourates Davoud (David), Tahâr (les propres), Nabi Aliéh al Salâm (le missionnaire auquel salut)...
Les destructeurs et les destructions du Coran
Le débat ayant trait aux destructeurs (nassékh) et aux destructions (mansoukh) est un des principaux problèmes de l'Islam et du Coran. Problème qui fut négligé jusqu'ici et comme cela a été évoqué plus loin, le prophète d'islam, lui-même, avait envisagé de rassembler son livre (le Coran) en vue de déterminer, ou d'éliminer, les versets destructeurs ainsi que les versets détruits, et l'on a dit que dans le Coran d'Imam Ali ce problème avait été pris en compte. C'est un sujet évident et clair. Car comme nous l'avons dit, Mohammad a admis un bon nombre de traditions datant de l'obscurantisme arabe, et nous verrons plus loin à quel point, par obligation, il se comportait avec respect à l'égard des Quoriche et de leurs rites. Et que donc s'il avait pu, il aurait abrogé beaucoup de traditions et de pratiques de l'obscurantisme arabe, qui subsistent jusqu'à aujourd'hui, époque de civilisation et de technologie.
Mais, à propos de la question des versets destructeurs et détruits, de nombreux livres furent écrits. Nous ferons allusion à trois de leurs grands auteurs, et qui ont écrit des centaines de pages sur ce sujet :
1 - Al Nasékh va Mansoukh - ( abrogatif et abrogé ) oeuvre de Hadjaj al Our
2 - Nasékh et Mansoukh kodamand-(Quels sont l'abrogatif et l'abrogé ) - oeuvre d'Abd al Rahman Ibn Zéid
3 - Le livre d'Abi Isshagh Ibrahim al Moadab à propos des versets destructeurs et détruits.
le Coran durable et agréable à lire
Il n'y a aucun doute que le Coran est une belle poésie particulièrement son " Ghéssar al Sour "(Les plus petites SOURATES) qui se rapporte à la Mecque et à la première période d'Islam. Si nous révélons quelques sujets tabous de ce livre durable, ce n'est pas pour le nier. Car le Coran est un livre historique, littéraire et philosophique à propos duquel l'on pourrait écrire de nombreuses pages ; c'est ainsi que les mathématiciens ont, grâce à la science de nombres, fourni des théories numériques sur ce livre. Les astrologues, également, l'ont analysé d'après l'astrologie... ou alors tel spécialiste de l'informatique a obtenu tels résultats en faisant analyser ce livre par ordinateurs... ou tel médecin aura écrit un livre médical sur le sujet etc... j'ai vu la majorité de ces ouvrages... et nous pourrions dévoiler des secrets que la saisie informatique rendrait encore plus passionnants.
L'influence des conseillers persans, abyssins, juifs et romains dans le Coran
Comme nous l'avons expliqué dans le livre " De Mitra à Mohammad " les principaux conseillers du prophète d'islam étaient Salman Parsi d'Iran, Balal Habachi d'Abyssinie et Sahib de Rome. Ils faisaient partie, tous les quatre, du cercle des savants, intellectuels et érudits de leurs pays, dans leurs langues originelles, ainsi que celles des autres amis du prophète de l'Islam, de la même façon que des Juifs, des Nabatéens et des Syriaques influencèrent le Coran.
Les mots non arabes dans le Coran
Alors!...Le prophète d'Islam eut quelques conseillers importants qui l'ont aidé dans la formation de la révolution et jusqu'à l'élaboration de son idéal-type. Malgré ce que l'on apprend dans le Coran, à savoir que ce livre fut révélé en langue arabe, mais que d'autres mots, issus des langues civilisées de cette époque s'y rencontrent. Ces mots sont probablement les propos de proches amis du prophète de l'Islam, originaires d'autres pays, et jouant un rôle certain dans les décisions et les poèmes du prophète de l'Islam. Ces proches amis furent à de nombreuses occasions ils furent d'avoir recours aux mots de leur propre langue pour s'exprimer clairement. Ces mots furent ensuite "arabisés", c'est-à-dire qu'ils se placèrent naturellement dans le cadre de la grammaire arabe.
Comme nous en avons déjà évoqué quelques exemples, une fois que le nouveau style du prophète de l'Islam dans la création du Coran se fut installé parmi les Musulmans de l'époque, il devint évident que ses proches amis pouvaient faire de la poésie, et du discours, tout comme lui, à l'instar des quatrains de Khayam , des odes de Haféz ou de la poésie moderne de Nimâ (Nimâ est un poète contemporain, nommé le Père de la Poésie Moderne Persane). Si quelqu'un connaît bien Khayam et Haféze, et possède un talent poétique, il peut, en les prenant comme modèles, faire de la poésie dans le même style. Depuis toujours, ce phénomène n'a été connu dans le monde littéraire qu'une fois un style inventé, les autres ayant alors pu s'en servir pour faire de la poésie dans la même tournure.
Les termes persans dans le Coran
- Abarigh (pluriel d'Abrigh); Estabragh; Tanour; Djahanam; Dinar; Al Rass; Al Rome; Zandjébil;
Sédjil; Saradégh; Saghar; Salsabil; Sndass; Ghofl; Kafour; Kanz; Kourte; Madjous; Mardjan; Mask; Maghalid; Mazdjah; Né; Houd; Yagoute; Al Yahoud.
Les termes abyssins (éthiopiens)
- Ela Raéc; Avâh; Avâb; Al Djabt; Horm (haram); Haub; Dôrï; Sïnïn; Shatre; Tâhâ; Tâghoute; Al Eram; Ghéise; Ghoureh; Kafle; Machcouh; Mansâh; Nachééh; Yassin; Yassdon.
Quelques termes romains dans le Coran
- Sérâte; Tafagh; Ferdôs; Ghéste; Ghéstass.
Quelques termes syriens dans le Coran
- Yam (Al Yam); Houn; Ghouyoum; Addan; Toure.
Quelques cas des termes juifs (hébraïques) dans le Coran
- Akhlad; Baïre; Raéna; Al Rahmân; Tavâ; Marghoum; Hodnâ; Ghamle.
Quelques cas des termes nabatéens dans le Coran
- Varz; Varâ; Malakoute; Côfre; Ghat; Mazhan; Sinâé; Sôfréh; Havâriyoun; Hasbe; Akvab; Asphar; Al; Alîm.




La composition du Coran.

Par l'abbé Magnéric Grandmont
I. La rédaction du Coran : Les recensions.
C'est par l'étude des traditionnistes et historiens arabes, qui nous donnent les éléments qui suivent, que nous pouvons arriver à reconstituer la manière dont s'est formé le Coran.
De leur étude il apparaît que ce n'est pas Mahomet qui a écrit le Coran à proprement parler. Celui-ci n'a fait que prêcher et de son vivant ses prédications ont été conservées sur des feuilles de palmiers, des morceaux de cuir, des omoplates, des tablettes de pierres. La mémoire était cependant le moyen le plus utilisé pour conserver la doctrine du prophète en sorte que ceux qui en savaient de longues parties, étaient appelés « les porteurs du Coran ». Lors de labataille dite du « Jardin de la mort » contre le faux prophète Moseïlimah, en l'an 11 de l'hégire, beaucoup de porteurs deCoran périrent, et la peur de perdre les textes sacrés mena Omar, futur calife, à conseiller au calife Abou Bekr, premier successeur de Mahomet, d'en faire faire une recension, c'est à dire de rassembler les prédications du prophète en un seul livre. Celle-ci fut achevée dans les premières années du règne d'Omar, le deuxième calife. On confia la recension à Zéïd, fils de Tâbit, qui avait servi de secrétaire au prophète. Zéïd réunit tous les fragments qu'il put recueillir, puis il donna son manuscrit au calife. Après la mort d'Omar, ce livre vint à son successeur, Otmân, et de là passa aux mains de Hafsah, fille d'Omar, veuve du prophète. Cette première rédaction, faite sous la surveillance d'Omar, qui en est surtout responsable, ne fut pas revêtue d'un caractère officiel.
D'autres rédactions continuèrent de subsister à côté de celle de Zéïd, et ces rédactions présentaient entre elles des différences de quelque importance. On pouvait craindre qu'il n'y eut dans ces divergences matière à conflit et à schisme. En effet plusieurs villes telles que Damas ou Emesse et quelques-unes unes encore, possédaient d'autres recensions qui dans leur territoire faisaient autorité. Otmân jugea utile d'unifier le texte sacré. Il s'adressa encore à Zéïd, fils de Tâbit, et lui donna d'autres collaborateurs. Ils prirent pour base le texte d'Omar auquel Zéïd avait travaillé et le fondirent avec d'autres recensions. Lorsque le travail fut achevé, Otmân commanda de détruire tous les textes coraniques alors existants, en épargnant seulement l'exemplaire d'Hafsah, la veuve du prophète, qui périt peu après. Puis il fit faire des copies de sa recension, et les envoya officiellement dans les provinces.
C'est ainsi que fut fixé le texte du Coran.
Cependant, comme le Coran était à l'origine gardé dans la mémoire des croyants, il subsista quelques variantes duCoran malgré la destruction des versions autres que celle d'Otmân. On pouvait détruire des écrits, pas la mémoire des croyants. De plus, d'autres versions survécurent à la destruction. C'est le cas de la version d'Obay. Dans tous les cas, les variations ne sont pas très importantes. Il ne s'agit en fait, bien souvent, que d'un mot qui change par rapport à la version d'Otmân.
En plus des petites variantes, se rajoute la possibilité que des parties du Coran aient été perdues. Ce qui est compréhensibles vu le mode de transmission du livre. Une tradition représente Otmân recherchant les parties perdues du Coran. C'est sur cette possibilité de la perte de certains passages, que les Chiites[1] dont le fondateur est Ali ibn Abi Taleb, se sont appuyés pour prétendre que le texte du Coranavait été altéré.
II. l'ordonnancement du Coran.
Avant tout, il faut affirmer que le Coran est bien un recueil des prédications de Mahomet ; il est composé de paroles du prophète écoutées avec attention, et conservées avec soin par ses adeptes. Il ne s'agit donc pas ici de remettre en cause une authenticité reconnue par tous.
Mais quand nous regardons le Coran, nous nous apercevons qu'il n'est en fait qu'une suite décousue de textes divers apparemment sans ordre. Toutefois cela n'est qu'une vue occidentale de l'ordre. En effet, Zéïd a rangé les sourates (chapitres) selon la tradition orientale, ce qui est compréhensible, les classant selon leur taille. De ce fait, nous retrouvons les sourates les plus longues au début, et les plus courtes à la fin du Coran. Cela n'est pas un absolu, mais d'une façon générale, plus nous avançons dans le Coran, plus les sourates sont courtes. Cette classification a le désavantage de ne pas donner une vision ordonnée de la pensée du prophète. Or, celle-ci s'est développée tout au long sa vie, et elle a parfois changé du tout au tout entre le début et la fin de sa prédication au point que deux sourates se faisant suite peuvent se contredire ; de plus, les sujets abordés entre deux sourates sont parfaitement sans lien logique d'où cette impression de désordre qui se dégage de la lecture du livre. On aura, par exemple un chapitre sur Abraham (Ibrahim) et ensuite un autre sur le jugement dernier (sourates 14 et 15). Devant ce manque d'ordre logique, les spécialistes ont cherché à rétablir un certain ordre chronologique dans l'écriture du livre, cela pour mieux comprendre l'évolution de la pensée du prophète.
Deux moyens ont été utilisés pour arriver à un résultat probable : l'étude du style et celle de l'histoire.
Pour le style, nous pouvons remarquer que l'éloquence deMahomet « est plus ardente, plus enflammée au début de sa prédication, qu'elle va ensuite se refroidissant, et que peu à peu l'apôtre chez Mahomet fait place au politique et au législateur ; (...) Ces critères tirés du style sont assez sûrs en principe, mais peu précis dans les détails. »[2]
L'histoire nous fournis de nombreux indices et nous permet une étude approfondie du Coran. En effet nous connaissons très bien la vie de Mahomet par la tradition, ce qui nous permet une exactitude historique sérieuse. Cette tradition est conservée par les écrits des historiens, des traditionniste et des commentateurs musulmans qui indiquent souvent les circonstances de la promulgation de tel ou tel chapitre ou verset. Le nombre important de ses indications permettent de contrôler de façon certaine leur véracité. En outre, le texte du Coran mentionne toujours en tête de sourate la période de la vie de Mahomet à laquelle elle se rattache. En effet, on distingue deux périodes dans sa vie : celle qui a précédé l'hégire, c'est-à-dire l'émigration du prophète de La Mecqueà Médine (622), et celle qui l'a suivie. Ce qui permet de classer avec précision les sourates et de remarquer que ce que nous avons déjà dit, à savoir que le style change avec les années, se vérifie.
Les sourates de La Mecque montrent un style éclatant et animé par l'enthousiasme. Cependant on remarque que le style se refroidi là aussi peu à peu. Ce qui permet encore d'affiner la classification.
« L'époque médinoise est celle où le prophète combat ses ennemis par les armes et organise l'islam. Les sourates de cette période renferment des préceptes législatifs et de nombreuses allusions relatives à des événements dont le détail nous est fourni par les historiens. Le prophète y attaque ses ennemis divers, «hypocrites » ou mauvais croyants, juifs, chrétiens, païens de La Mecque et d'ailleurs. »[3]
III. Les influences subies par le Coran.
Du temps de Mahomet, c'est le paganisme qui régnait en Arabie. D'où une certaine influence des diverses religions païennes sur celle du prophète. Cependant, il ne s'agit pas d'une évolution spontanée du paganisme, une sorte de suite logique des pratiques religieuses en cours, mais d'une réaction violente à des religions existantes. A cette influence païenne s'ajoute celle de la religion perse, le mazdéisme, et aussi de sectes judéo-chrétiennes d'esprit syncrétique.
Le Coran se trouve être donc une adaptation de certains usages de l'antiquité païenne à la religion de Mahomet, parfois la condamnation de ces usages ou simplement la mention de coutumes, de faits historiques, d'idoles, de légendes. Ainsi, le culte rendu à la Kaaba, lieu saint par excellence, comportant des pèlerinages, des visites à certains lieux environnant celle-ci, des sacrifices, est adapté pour passer à l'Islam. Mais si le culte de la pierre noire est intégré, certains usages païens sont interdits. Ainsi,Mahomet défend aux pèlerins de tourner nus autour de la pierre sacrée. De plus le culte des idoles est renversé, l'année n'est plus solaire mais lunaire, les filles ne doivent plus être enterrées vives ni accueillies avec tristesse lors de leur naissance, le meurtre des enfants est interdit pour cause de disette ou de pauvreté. D'autres pratiques comme le culte des morts ou l'exaltation des origines contre celle d'autrui sont cause de violentes réactions. Enfin on retrouve des légendes, des divinités païennes tels les djinns.
Les influences judéo-chrétiennes ne sont pas non plus négligeables. Il y avait des communautés chrétiennes au Yémen, en Abyssinie et un peu partout dans la péninsule arabique. Par ailleurs, certaines tribus nomades étaient chrétiennes. Le judaïsme était présent au Yémen, à La Mecque, à Médine et sa région. Le mazdéisme était aussi connu en Arabie à cause des rapports avec la Perse. Cependant, ces trois religions n'ont pas eu d'influence directe sur l'Islam pour le simple fait que Mahomet ne les connaissait que très imparfaitement. Une légende raconte cependant que Mahomet avait été instruit dans son enfance par un moine chrétien lors d'un voyage en Syrie. Ce qui est certain, c'est que la Syrie chrétienne avait des relations avecLa Mecque, que Mahomet a toujours eu de l'estime pour les moines et qu'on retrouve dans l'Islam des pratiques chrétiennes telles que la prière des heures canoniques, le jeune, l'aumône. Cela ne l'empêche pas de critiquer violemment les dogmes chrétiens de la Trinité et de la filiation divine du Christ (IX, 30-31) qu'il ne connaît que par des intermédiaires tout comme l'Evangile et la Bible. C'est la raison pour laquelle on voit apparaître dans le Coran de personnages bibliques tels que Noé, Abraham, Joseph, Moïse, Salomon ou encore des personnages de l'Evangile tels que Zacharie, Marie dont la légende est mentionnée la sourate XIX et dont le titre est « Marie (Mariam). » Cependant les dogmes de la fin du monde, de la résurrection, du jugement dernier sont sans cesse répétés et semble être le centre de la révélation du prophète. Mahometse considère d'ailleurs comme partisan de la religion d'Abraham qu'il regarde comme trahie par les juifs et les chrétiens.
Enfin, c'est aux Sabéens, secte détachée du déisme, que l'on doit une grande partie de l'influence exercée sur la religion de Mahomet qui les compte parmi les « gens du livre » possédant une partie de la révélation. Il leur a pris la doctrine du prophétisme, les légendes des prophètes et la coutume des ablutions ainsi que la description du paradis et l'importance des anges et des génies.
Conclusion.
Ainsi, le Coran n'est pas l’œuvre d'un homme, mais celle de tout un peuple. Cependant la pensée de Mahomet transparaît bien à travers ce livre et on doit bien avouer que c'est bien cet enseignement qu'il a laissé. Cela ne fait d'ailleurs de doute pour personne.
Deux choses se détachent : L'Islam, du fait de la situation géographique du lieu de naissance de son fondateur, se trouve avoir été fondé dans un carrefour culturel. L'Arabie regorgeait au 6ème siècle de toutes sortes de religions, sectes, croyances qui ont toutes plus ou moins influencéMahomet. L'Islam se trouve donc être une sorte de savant mélange de toutes les religions.
La question que l'on se pose alors, est la suivante : Comment faire confiance à une religion qui n'a finalement puisé son inspiration qu'à la source des autres religions ?
[1] Chia : « être partisan de. » Ali revendiquait la succession au califat à cause de son lien de parenté avec Mahomet dont il était le gendre et le cousin. Il devint calife après avoir été complice, pense-t-on, de l'assassinat du troisième calife Otmân. Destitué de son califat en 657, il est assassiné en 661. cf. Annie Laurent, Vivre avec l'islam ? ed. Saint Paul
[2] DTC tome 3 volume 2 colonne 1774. article Coran
[3] DTC tome 3 volume 2 colonne 1775. article 




 16 Source : http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=1705

L'écriture du Coran a été un long cheminement

Article de SARAH SCHOLL paru le Samedi 10 Août 2002
INTERVIEW 

Comment s'est formé le Coran? Qui l'a mis par écrit? Et comment l'interpréter? Eclairage avec Silvia Naef qui enseigne l'histoire de la civilisation arabo-musulmane à l'Université de Genève.

Au coeur de la foi musulmane se trouve un texte sacré. Contitué de 114 sourates ou chapitres le Coran est considéré traditionnellement comme la parole de Dieurévélée à Muhammad par l'intermédiaire de l'archange Gabriel. Il ne s'agit pas d'une histoire continue mais de fragments agencés les uns avec les autres: récits règles de vie textes juridiques ou encore paraboles se côtoient. Mais comment s'est formé le Coran? Est-il vraiment un texte figé et intouchable? Comment peut-il être interprété?
Si le Coran est considéré aujourd'hui par nombre de musulmans comme la parole éternelle et incréée de Dieuil n'en a pas toujours été ainsi. Au IXe siècle par exemple un débat important a lieu sur la nature du rapport entre le Coranet Dieu. Héritiers de cette remise en question certains auteurs musulmans contemporains se confrontent aussi à cette problématique. Et la nécessité d'amener des changements méthodologiques dans l'approche du Coran se fait parfois ressentir. Une lecture nouvelle des textes fondamentaux pourrait alors permettre une réforme de l'islam.

ÉVOLUTIONS POSSIBLES
Comme le christianisme et le judaïsme l'islam est donc étroitement lié à l'écriture. Comme pour ces religions son évolution dépend du type de rapport entretenu avec le texte. Etude critique ou lecture littérale prise en compte du contexte historique ou application immédiate du texte à la réalité contemporaine les choix méthodologiques influencent directement la pratique. Rapport à la démocratie place de la femme dans la société ou élaboration du droit dépendent donc en partie de la manière dont est compris le Coran. L'histoire montre que ce lien entre croyance et écriture n'est jamais figé. Pratiquants, théologiens, scientifiques ne cessent de le faire changer.
Silvia Naef professeure adjointe à la Faculté des lettres de l'Université de Genève enseigne l'histoire de la civilisation arabo-musulmane. Sa perspective est historique et non pas théologique. Elle donne ici quelques éléments sur la formation du Coran.

On pense souvent que le Coran est l’œuvre deMuhammad uniquement. Pouvez-vous nous en dire plus sur l'histoire de la rédaction du Coran?

- On ne peut pas dire du Coran qu'il a été mis par écrit par une seule personne. Il ne nous appartient pas ici de dire si ce texte est révélé par Dieu ou pas. Mais nous pouvons préciser qu'il a été donné à Muhammad dans un espace-temps assez large de 610 à 632.
Muhammad vit alors au sein d'une civilisation orale. Où l'on met très peu de choses par écrit. La plupart du temps les disciples du prophète mémorisaient le texte et certains le savaient par cœur. En 632 à la mort de Muhammad il n'y a donc pas de recueil écrit complet. Précisons encore que le Coran n'est pas un récit continu mais une juxtaposition d'exemple on passe souvent d'un thème à l'autre sans transition. La «révélation» est arrivée par morceaux.
Des gens avaient sans doute gardé des parties de textes par écrit mais dans une écriture arabe encore rudimentaire et imparfaite où certaines lettres peuvent par exemple être confondues. En fait à ce moment-là il n'est pas possible de lire et comprendre le texte si on ne le connaît pas au préalable.
Avec l'énorme expansion des territoires contrôlés par les successeurs de Muhammad la nécessité d'un texte complet se fait plus pressante. Sous le 3e calife Uthmân un texte écrit est réalisé. Mais il reste un aide-mémoire, l'écriture arabe étant encore défectueuse. Des divergences de lectures se manifesteront alors. Et c'est au VIIIe siècle que seront ajoutés les points diacritiques (des signes graphiques - des points - destinés à empêcher la confusion entre des mots ayant le même orthographe ndlr) et les voyelles brèves fixant ainsi une lecture canonique.
Nous n'avons donc pas de sources directes de Muhammadles textes sont écrits plus tard lorsque l'islam est déjà une religion «mondiale».

Y a-t-il dans le Coran des couches rédactionnelles comme dans la Bible?
- Il n'y a pas différentes couches rédactionnelles mais différentes lectures. Un certain nombre de termes et d'expressions peuvent s'expliquer de différentes manières. Le texte du Coran a suscité des commentaires dès le début. Des personnes et des groupes se sont spécialisés dans la lecture du texte. Une science est ainsi née.
Des conflits ont aussi éclaté autour du texte. Les chiites ont par exemple accusé le 3e calife d'avoir omis tous les passages désignant Ali comme successeur du prophète. Cette accusation de falsification du texte a été maintenue pendant plusieurs siècles. Les chiites ont finalement accepté les mêmes textes que les sunnites.

Des lectures différentes du Coran étaient donc possibles. Cela ne paraît pas toujours évident.

- C'est effectivement un tabou parce qu'il y l'idée forte d'un texte unique. L'histoire montre que les musulmans ont mis un certain temps avant d'accepter une seule version canonique du Coran. Mais il faut aussi préciser que les différences ne portaient pas sur des choses essentielles.

Cette pluralité de lecturesest-elle encore possible aujourd'hui? Comment est perçue l'étude critique duCoran?
- Il y a actuellement de nombreux débats. Mais c'est une question difficile au sein de l'islam. Dans les facultés de théologie l'étude critique du texte n'est pas enseignée. Mais une certaine ouverture est visible. A Tunis il y a quelques années une réforme a introduit des cours d'histoire des religions pour les étudiants.
Mais dire qu'il faut considérer le Coran comme un texte historique né dans un certain contexte peut obliger à l'exil. La vision laïque d'un texte sacré passe très mal. Les relectures du Coran restent toutefois possibles. Des nouveaux commentaires sont publiés fréquemment. Les islamistes par exemple relisent le Coran mais ils le font dans un but précis.






LE CORAN

Extrait du chapitre IV du livre « L'islamisme », par Octave Houdas aux éditions Dujarric, 1904
Au temps du calife Abbasside Almamoun, de longues et vives controverses agitèrent le monde musulman sur la question de savoir si le Coran avait existé de toute éternité, ou s'il avait été créé en vue seulement de la réforme religieuse prêchée parMahomet. A première vue, cette discussion semble n'avoir qu'un caractère spéculatif ; cependant, en y réfléchissant, on comprend qu'elle ait été d'une importance capitale aux yeux des musulmans.
Admettre que le Coran était éternel, c'était en somme amoindrir la valeur des autres religions révélées qui n'apparaissaient alors que comme provisoires et fatalement condamnées à bref délai, dès les premiers jours de leur apparition. La croyance à la création récente du livre saint marquait au contraire la simple évolution d'une forme religieuse dont les principes fondamentaux étaient déjà fixés d'une manière définitive. Les Motazélites qui s'étaient rangés à cette seconde opinion, n'ont point eu gain de cause, et la doctrine aujourd'hui orthodoxe, est que le Coran a existé de toute éternité. Tout, cependant, porte à croire que, sans s'être prononcé, il est vrai, Mahomet pensait au fond comme les Mo tazélites.
Un point, en revanche, sur lequel aucun doute ne s'est élevé dans l'esprit d'un seul musulman, c'est que le Coran est lareproduction, sans le moindre changement dans la forme ou dans le fond, de la parole même de DieuL'ange Gabriell'aurait, si l'on ose dire, phonographiée à Mahomet. De cette croyance, il résulte ce fait capital que Dieu voulant faire connaître aux hommes les devoirs religieux qu'ils avaient à remplir, a choisi entre toutes les langues, celle de l'arabe duHedjaz. Et, comme Dieu ne saurait en rien se tromper, on en est arrivé à cette conséquence inéluctable que le Coran est un pur chef-d’œuvre littéraire dont la morphologie et la syntaxe sont d'une perfection absolue.
Il est sans doute absolument certain que Mahomet n'a rien omis des mots que lui transmettait l'ange Gabriel et qu'il n'a rien changé non plus à leur forme ; mais les fidèles, qui pendant longtemps ont répété le texte du Coran de vive voix avant que sa mise en écrit ait été faite d'une façon définitive, ont pu avoir quelques défaillances de mémoire. Aussi, malgré le soin qu'on a pris de consulter tous les porteurs de Coran, c'est-à-dire de ceux qui en savaient par coeur des fragments, d'une manière certaine, il est fort possible que le jour de la rédaction du Coran, il s'y soit glissé quelques erreurs ou quelques omissions, Ainsi s'expliquent certaines variantes de lecture bien légères à la vérité, mais qui permettent de croire que cà et là, il se rencontre quelques incorrections grammaticales sans importance, eu égard aux principes généraux de la langue et aux usages particuliers de l'idiome ancien, car maintenant nul n'a le droit d'y trouver à reprendre.
Bien que rédigé dans un style impeccable avec une correction orthographique idéale en quelque sorte, le Coranne se comprend pas à la simple lecture. Nombre de passages seraient même tout à fait inintelligibles, si de savants commentateurs ne les avaient élucidés à la suite de longues études et de patientes recherches, Tout bon musulman qui veut éviter de trahir la pensée du Livre saint, doit s'en tenir à l'interprétation donnée par les commentateurs que l'opinion publique a désignés comme faisant autorité. Rien ne s'oppose à ce qu'un homme instruit, s'aidant de ses devanciers, fasse un nouveau commentaire du Coran, mais il risque son salut éternel, s'il n'est pas à la hauteur de sa tâche.
Le Coran est la base fondamentale de toutes les sciences musulmanes, en ce sens que c'est par lui seul qu'on est en mesure de discerner ce qui est erreur de ce qui est vérité. Il est donc tout naturel que la connaissance de la langue arabe soit répandue dans le monde musulman, mais elle le serait beaucoup moins, à coup sûr, s'il n'avait été interdit de traduire le Coran dans une langue étrangère, afin que le sens n'en fût pas travesti par des contre-sens ou tout au moins par des inexactitudes qui sont à peu près inévitables dans une traduction quelconque. Cette prohibition a eu cette conséquence fort importante d'engager tous les nouveaux convertis a délaisser leur langue maternelle et à taire usage de l'arabe pour leur haute culture intellectuelle. Il y a eu là un puissant moyen de cohésion entre les musulmans de races différentes, mais peut-être aussi un obstacle à la formation de nationalités véritables dans le monde musulman. Aujourd'hui encore, l'arabe joue le rôle si longtemps dévolu au latin parmi les populations chrétiennes de l'Europe.
La prose du Coran est d'un genre tout particulier; l'harmonie des sons, la cadence des mots rappellent par moment la véritable poésie et pourtant ce n'est même vraiment pas de la prose rythmée. Sans doute le texte est coupé par fragments assez courts qui parfois se succèdent avec une même assonance finale répétée deux ou plusieurs fois, mais ces fragments sont de longueurs trop inégales pour qu'on puisse, en aucun cas, les assimiler à ceux de la prose rythmée.
Ces fragments qui portent en arabe le nom de âiat (signe, miracle) et en français celui de versets ont été répartis dans la rédaction définitive du Coran en groupes formant 114 chapitres ou sourates. Dans cette répartition, faite après coup, au moins pour la plupart des sourates, le nombre des versets varie singulièrement, allant de 3 à 285. Le titre de chacune des sourates a été, en général, emprunté au nom d'une des choses qui y est plus particulièrement mentionnée ou d'un personnage dont il est surtout question. C'est ainsi qu'à côté des sourates : La vache, l'araignée, la lune, etc., on trouve celles de : Joseph, Abraham, Marie, etc. Quelquefois, en outre, c'est un simple monogramme dont la signification exacte est demeurée inconnue ; telle la sourate Ya, Sin, nom arabe des deux lettres correspondant à Y, S. Enfin, une même sourate se trouve encore avoir deux titres différents que chacun peut employer à volonté.
Sauf la première sourate qui ne compte que sept versets, les autres chapitres du Coran sont presque tous rangés dans un ordre qui a pour unique base le nombre des versets, les sourates diminuant de longueur à mesure qu'on avance vers la fin. Vers le milieu du Coran, cet ordre souffre quelques légères exceptions. En dehors de cette division en chapitres, il en existe d'autres qui ont un caractère rituel. La principale est celle dont on fait usage pour les offices et qui consiste à partager le Coran en 60 parties qui portent le nom de hizb et qui sont à peu près d'égale longueur. Quand on lit ou qu'on récite le Coran, les intonations de la voix doivent varier, tantôt s'élevant, tantôt s'abaissant suivant des règles bien établies. Ces intonations et les pauses qui les interrompent ont été l'objet d'une notation spéciale. Toutefois, cette lecture est sujette à quelques variantes toutes orthodoxes et l'on admet sept façons également bonnes de lire le Livre saint.
Après le titre du chapitre, toute copie faite avec soin mentionne son lieu d'origine, c'est à dire si la sourate a été révélée à la Mecque ou à Médine. Cette indication a son importance, car elle date la sourate d'une façon relative, les révélations faites à Médine étant postérieures à celles qui se sont produites à la Mecque. Quelques sourates, cependant, sont mixtes, en ce sens quelles ont été révélées, partie à la Mecque, partie à Médine ; elles sont, du reste, fort peu nombreuses. Chaque sourate débute par ces mots : « Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ». Une seule fait exception, c'est celle qui porte le titre « l'Immunité » ou « le Repentir », et qui est classée la neuvième. Un bon musulman n'entreprend jamais rien sans prononcer la formule sacramentelle indiquée ci-dessus. II suffirait d'y ajouter le geste pour avoir l'équivalent exact du signe de la croix des chrétiens.
Quant aux matières traitées dans le Coran elles ne sont point classées d'une façon méthodique. Tout y est pêle-mêle, ce qui s'explique en somme par la façon dont la transmission de la parole divine se faisait aux fidèles. Chaque révélation, en général fort courte, avait pour objet de fournir au Prophète une réponse topique aux questions de toute nature qui lui étaient adressées, de confirmer ses décisions déjà prises ou celles qu'il voulait prendre ou encore de justifier sa conduite personnelle ou celle de ses proches. Tout cela était donc subordonné au hasard des circonstances et il est bien naturel qu'il ait été difficile, sinon impossible, de coordonner des su jets de nature aussi dissemblable le jour où l'on s'est décidé à procéder à un classement. L'ordre chronologique n'a été nullement observé puisque les 47 derniers chapitres ont été révélés à la Mecque.
la Mecque, c'est-à-dire tout au début de la prédication, la révélation a eu un caractère bien différent de celui qu'elle a pris plus tard. Elle est, en effet, presque exclusivement consacrée à la glorification de Dieu, à l'affirmation énergique de son unité, à la proclamation de sa toute-puissance et en même temps à l'annonce d'une vie future où les justes recevront la récompense de leurs vertus, tan dis que les méchants subiront la punition de leurs fautes. Toute cette partie du Coran est d'un style élégant et poétique qui procède cependant par phra ses courtes et pleines d'énergie, comme il convient quand on veut frapper les esprits ou éveiller leur attention plutôt que les convaincre par des argu ments précis ou d'habiles raisonnements.
Médine, au contraire, la phrase est plus longue et sa forme a perdu quelque peu de son lyrisme. Les idées, plus variées, sont exprimées d'une façon plus concrète. Dans les sourates de Médine, on ren contre parfois des récits bibliques, en général fort écourtés et dans lesquels il est surtout question des difficultés qu'ont rencontrées les prophètes des âges précédents dans l'accomplissement de leurs mis sions, et en même temps des moyens qu'ils ont employés pour venir à bout des obstacles qui se pré sentaient sur leur route. A côté de ces passages, qui s'adressent plus spécialement aux juifs, on trouve l'énoncé des dogmes, l'indication de certaines rites, des sentences morales, des principes de droit ou môme des dispositions législatives nettement formu lées, des règles à observer dans les rapports sociaux ou dans la vie commune, et enfin quelques traits relatifs à la personne du Prophète lui-même.
La différence de style entre les révélations faites à la Mecqueet celles faites à Médine, proviennent en grande partie des raisons indiquées ci-dessus.
Cependant il est probable que cette différence a eu en même temps une autre cause. Les Arabes ont toujours eu un goût marqué pour la poésie. De tout temps, ils ont manié les vers avec la plus grande facilité et en ont fait un usage immodéré. Ils furent donc surpris que la révélation ne se fît pas en vers, et il avait fallu que Mahomet déployât dans sa prose une virtuosité étonnante pour qu'au début elle pro duisit quelque effet. Plus tard, cette recherche fut moins nécessaire. D'ailleurs, Mahomet était, dit-on, incapable de faire un vers et quand il lui arrivait d'en citer un, il était bien rare qu'il n'en troublât pas la mesure.
Tous ces sujets si divers, qui figurent dans le Coran, sont à peine effleurés; aucun n'est traité à fond. C'est là pourtant, qu'il a fallu puiser pour en tirer toutes les conséquences morales, dogmatiques, législatives ou sociales. Il eût été toujours malaisé et souvent impossible de faire bien des déductions de ce genre, si l'on n'avait eu à sa disposition les ren seignements ou explications fournis par Mahomet lui-même et qui sont consignés dans les hadits dont il sera parlé dans le chapitre suivant. Si ardue cependant qu'ait été la tâche des exégètes pour cette partie de leur travail, ils eurent à procéder à une autre tâche de beaucoup plus délicate.
Quand on se livre à un examen méticuleux du texte du livre saint, afin de pouvoir distinguer ce qui est permis de ce qui est défendu, ou eu d'autres termes, ce qui est bien de ce qui est mal, on remarque que certaines choses, déclarées licites dans un verset, sont ailleurs l'objet d'un autre verset qui les déclare illicites. Cette contradiction n'a nullement choqué les musulmans et aucun d'eux n'a songé à les dissimuler ou à en atténuer la portée. On a dit très franchement qu'il y avait des versets abrogeant tandis que d'autres étaient abrogés par les premiers. Puis, au cours du travail auquel on s'était livré dans le but de bien préciser quels étaient les versets appartenant à l'une de ces catégories, on reconnut une nouvelle espèce de versets, les versets douteux au point de vue des conclusions à en tirer cela va sans dire.
On voit par là qu'il ne suffit pas de lire une traduction duCoran, fût-elle rigoureusement exacte, pour être fixé sur tel ou tel point de la doctrine mu sulmane. On risque, en effet, de se servir d'un verset abrogé ou tout au moins douteux. Les musulmans citent à ce sujet une anecdote typique qui remonte à moins d'un siècle. Le général Menou avait épousé une musulmane et, arrivé en France, il réussit à la convertir au christianisme en lui lisant la traduc tion d'un passage duCoran où il est dit que tous ceux, chrétiens ou juifs, qui auront cru en un seul Dieu et à la vie future, seront sauvés. La traduction était d'une exactitude rigoureuse, mais le verset était abrogé. Le savant orientaliste, qui avait trouvé cet argument décisif, était, à n'en pas douter, de la meilleure foi du monde.
A côté des choses que le Coran ordonne ou défend de faire d'une façon absolue, il est certaines actions sur lesquelles il s'est exprimé en termes beaucoup moins précis. Il est d'ailleurs bien évident qu'on ne saurait obliger un homme à faire tout ce qui est bien pas plus qu'on n'est en droit de l'empêcher, en cas de nécessité, de commettre des actes qui lui seraient interdits en temps normal. Aussi les musulmans, d'après le Coran, ont-ils imaginé de classer toutes les actions des hommes sous les quatre rubriques suivante ; licites, illicites, recommandabes et répréhensibles. Les deux premières catégories sont d'ordinaire l'objet d'une mention spéciale dans le livre saint ; quant aux autres, on les détermine le plus souvent en ayant recours à l'analogie, procédé qu'il est toujours permis d'appliquer chaque fois qu'un cas non prévu vient à se présenter. En vertu de ce système, on comprend que le Coran fournisse un moyen infaillible de discerner la véritable qua lité d'une action quelconque et qu'il réalise ainsi le but principal qu'il s'est proposé d'atteindre a savoir: la distinction du bien et du mal.
Le mot arabe El-Qor'ân dont nous avons fait le Coran, signifie « la Lecture » ou « la Récitation », l'article arabe placé devant un nom commun lui conférant, dans certains cas, la valeur d'un nom propre. Mais, précisément en raison du rôle capital rempli par le Livre saint, on l'appelle également El-Forqân « la Distinction ». Ces deux appellations sont plus caractéristiques que d'autres, dont on fait encore usage, telles que: El-tenzil « la Révélation », Kitâh-allah « le Livre de Dieu » ou plus simplement El-Kitâb « le Livre ». Quand il veut citer un passage du Coran, le musulman emploie d'ordinaire la for mule suivante : « Dieu, le Très-Haut, a dit ».
Le symbole de la foi musulmane, tel qu'il a été formulé dans le Coran, est de la plus grande simpli cité. Il consiste à dire : « II n'y a pas d'autre divinité que Dieu et Mahomet est l'Envoyé,de Dieu ». Il suffit donc, pour être musulman, de prononcer en toute sincérité et avec conviction ces paroles sacramentelles. Toute personne qui, in extremis, énonce cette double affirmation, est donc assuré de jouir dans l'autrer monde de toutes les prérogatives qu'assure l'islaimisme. Toutefois, la question s'est posée de savoir si celui qui, avant ce moment, a connu l'existence de la religion musulmane et a refusé de l'embrasser, sera lui aussi admis à bénéficier des avantages attachés à cet acte de foi. Ceux qui opinent pour l'affirmative, peuvent invoquer a l'ap pui de leur opinion, la conversion de Abou-Thaleb, l'oncle du Prophète. Il est juste d'ajouter que cette conversion in extremis n'a rien de bien authentique et qu'elle est fortement contestée.
En dehors d'une conversion à l'article de la mort, le symbole ne suffit pas a lui seul pour conférer la qualité de musulman d'une manière définitive. Il faut, en outre, croire à la vie future avec son cor tège de récompenses et de châtiments éternels et accomplir différents rites, entre autres, ceux de la prière et du jeûne annuel du ramadan. Le symbole ne fait aucune mention de la vie future, parce que ceux qui, les premiers, ont adopté l'islamisme étaient imbus de cette croyance inhérente, en quel que sorte, à toutes les religions, même les plus gros sières ou les plus primitives.
Et, a ce propos, il est à remarquer que l'éternité du châtiment n'existe pas pour le musulman : quelles que soient les fautes qu'il a commises, pourvu que sa foi en un seul Dieu et à la mission de Mahomet n'ait jammais été ébranlée ou, plus exactment, qu'il soit mort avec cette conviction, le musulman est assuré de trouver place au Paradis après un séjour plus ou moins long, dans les tourments de l'enfer. C'est à cette croyance qu'il faut attribuer l'insistance que mettent les musulmans à faire prononcer, par un moribond, ces quelques mots, qui lui assureront, à une échéance plus ou moins lointaine, l'éternelle béatitude. C'est, comme on voit, le fidèle lui-même qui, sur les sollicitations de ses parents ou de ses amis, s'administre lui-même cette sorte d'extrême onction.
La faveur attachée à la prononciation du symbole, aurait nécessairement fait défaut à tous ceux qui succombent brusquement, sans avoir le temps de la moindre réflexion ; aussi a-t-on décidé que ceux qui périssent dans un combat, dans un incendi, dans un naufrage, dans une épidémie foudroyante, dans une quinte de toux, sont considérés comme étant morts munis de leur extrême-onction, si l'on ose s'exprimer ainsi. On appelle celui qui meurt ainsi chahîd, mot arabe que l'on traduit par martyr et qui, en réalité, veut dire ici « qui a témoigné de sa foi », bien qu'en somme, il n'ait pas accompli le rite habi tuel. La femme qui meurt en couche, jouit égale ment du privilège d'être dispensée de la formule sacramentelle.
Au jour du jugement dernier, tous les êtres hu mains seront ressuscités, en corps et en âme. deux anges, spécialement attachés à la personne de chaque individu, afin d'assister à tous les actes de sa vie et de les noter sur un livret, viendront alors produire, pour celui dont Ia surveillance leur avait été coufiée, Ia liste intégrale de ses bonnes et de ses mauvaises actions. Chaque action bonne ou mau vaise, sera alors représentée par un poids proportionné à son importance, puis, les poids relatifs aux bonnes actions, seront placés sur l'un des plateaux d'une balance, tandis que l'on mettra, sur l'autre plateau, les poids représentant les mauvaises ac tions. La pesée qui sera faite, permettra de déterminer, séance tenante, non seulement s'il y a lieu à châtiment ou à récompense, mais encore dans quelle proportion la rétribution devra être faite.
Cette formalité terminée, les bienheureux iront aussitôt occuper dans le Paradis, la place que leurs vertus leur auront assignée et pour tous, sans exception, les félicités seront éternelles. Les réprouvés seront rudement chassés vers l'Enfer où leur supplice sera également proportionné à leurs fautes. Le châtiment sera éternel, mais seulement pour ceux qui ne seront pas morts musulmans. On a déjà dit plus haut que le temps des peines des musulmans serait limité.
Afin que la joie des bons soit sans mélange et que la terreur des méchants n'ait point de borner on donnera a tous la preuve qu'aucune nouvelle mort ne viendra mettre un terme au bonheur des uns ou au malheur des autres. Pour cela on amènera, devant tous les êtres assemblés, un bêlier qui symbolisera la mort, puis, cet animal sera égorgé aux yeux de tous, de façon que chacun, sachant dorénavant que Ia mort n'existe plus, ait la certitude d'être im mortel, qu'il soit un des Justes ou un des méchants. Il a été également question d'une troisième catégorie d'êtres, ceux qui ont fait autant de mal que de bien, et qui, n'ayant mérité ni l'enfer ni le Paradis, se tiendraient sur une haute muraille séparant le Paradis et l'Enfer; mais le passage du Coran, sur lequel s'est fondé cette Iégende, est si peu clair que beaucoup d'exégètes lui donnent un tout autre sens.
Du moment que les corps ressuscitent, il est tout naturel que les récompenses et les châtiments aient un caractère nettement matériel, ce qui, du reste, n'empêche pas de concevoir l'existence pour les âmes de joies ou de peines d'ordre purement spirituel. Le feu était un supplice fatalement indiqué. D'une part, il cause les plus atroces douleurs, et, d'autre part, il devait sembler encore plus insupportable à des gens qui connaissaient déjà les souffrances de la chaleur si pénible du pays qu'ils habitaient.
De leur côté, les bienheureux devaient désirer trouver dans leParadis, tout ce qu'ils avaient tant de peines à se procurer sur terre : la verdure des arbres, les eaux courantes, ou encore des satisfactions physiques, dont la misère, en ce monde, les avait privés ou que la religion leur avait interdites, à cause des maux qu'elle pouvait faire naître, tel, pur exemple, l'usage du vin. Il serait puéril de nier la nature sensuelle de ces jouissances, mais il serait au moins étrange de concevoir que des êtres doués d'un corps, n'aient point à accomplir toutes les fonctions inhérentes à leur nature, s'ils ne font aucun tort ni aucune violence à leur prochain. Ces besoins sont, en somme, la conséquence inévitable d'un organisme dont Dieu est le seul auteur.
L'islamisme a cherché à limiter autant que possible la dose de foi religieuse de ses adeptes en évitant de leur imposer des croyances qui auraient été par trop contraires aux exigences de la raison. Son principal souci, semble t-il, a été d'enlever aux fidèles, les préoccupations que provoque, dans notre intelligence, la recherche des causes de l'existence du monde et des fins pour lesquelles ce monde a été créé. Là-dessus, il n'accepte aucune discussion, mais, pour tout le reste, il laisse à l'homme le droit de faire usage de sa raison dans une très large mesure. Loin de multiplier le nombre des mystères, il a cherché à les réduire et, à vrai dire, il n'en reste qu'un à la base de tout son édifice, l'existence d'un Dieu unique, tout puissant et éternel. Il n'à rien divinisé sur terre ni un seul homme, ni une seule chose.
Si la toute-puissance de Dieu est admise au sens strict du mot, l'homme n'est plus en réalité le maître d'aucun bien et n'a plus le droit d'agir selon sa volonté ; c'est un véritable esclave et le même vocable arabe abul sert, en effet, à la fois à désigner l'adorateur de la divinité et l'esclave de l'homme. La vie elle-même est considérée comme un simple prêt fait a l'homme et quand celui-ci meurt, il ne fait que restituer le prêt qui lui a été consenti. Dieu a fixé l'échéance de cette dette d'une façon irrévocable ; l'homme n'a pas le droit de la devancer, ni le pouvoir de la reculer. Si infimes soient-ils, tous les événements sans exception, sont prévus et décidés par Dieu et nul autre que lui ne saurait en modifier le cours; quant à Dieu, il ne saurait songer un instant au moindre changement. C'est le fatalisme dans toute sa pureté.
Dans la pratique cependant, cette doctrine qui, d'ailleurs n'a pas été acceptée par tous les musulmans, est loin d'avoir la rigueur qu'on a coutume de lui attribuer. Certes, personne ne nie que Dieu ne soit l'auteur des arrêts du destin, mais on admet très bien qu'il puisse surseoir à leur exécution ou même n'en tenir aucun compte. Or, du moment qu'un changement dans l'ordre prévu des événements peut se produire sous l'influence de certaines circonstances, on se trouve en présence de deux hypothèses : ou ce changement était lui-même prédestiné ou l'homme possède le libre arbitre. Tout cela se présente d'une façon assez confuse dans l'esprit des musulmans et chacun, suivant son tempérament et en raison des circonstances, croit ou non au fatalisme absolu.
La masse des musulmans est partout très fataliste. Cette croyance procure aux fidèles une puissance de résignation à laquelle n'atteignent guère ailleurs que les hommes les plus stoïques. La résignation est maintes fois mentionnée et encouragée par le Coran ; aussi est-elle devenue une des forces capitales de l'islamisme, si tant est qu'on puisse appliquer ce mot de force à ce qui n'est en réalité que de l'inertie. Cette vertu toute passive a été un des grands éléments de succès, au début de l'islamisme. A cette époque, où la foi religieuse était dans toute son intensité, elle a permis de porter a son comble l'ardeur belliqueuse déjà si vive des Arabes. Mais, si elle leur donna alors un mépris souverain de la mort, elle provoque aujourd'hui une sorte d'engourdissement qui enraye le progrès. Utile au moment de la lutte, elle est complètement funeste en temps de paix.
L'islamisme a plutôt le caractère d'une réforme que celui d'une nouvelle religion. En effet, le Coran ne méconnaît en aucune façon la valeur ou la légitimité des religions révélées qui ont précédé la prédication de Mahomet. Il parait considérer le judaïsme et le christianisme comme des formes successives de la vraie religion qui se serait améliorée à chaque étape nouvelle ou, plus exactement, se serait mise en harmonie avec les progrès réaliséa par l'humanité dans la voie de Ia civilisation,
Cette idée ressortait même nettement du texte de certains versets qui, par la suite, ont pris place, il est vrai, parmi les versets abrogés, tel, par exemple, le verset où il est dit que Sabéens, Juifs et Chrétiens, c'est-à-dire tous ceux qui ont cru en un seul Dieu et a la vie future, pourront être sauvés. En dépit de l'abrogation de versets de ce genre, cette idée de progression est restée si bien ancrée dans l'esprit des musulmans qu'un certain nombre d'entre eux exigent qu'un juif, avant d'embrasser l'islamisme, passe préalablement par le christianisme. Il ne leur semble pas convenable de laisser ainsi brûler une étape que Dieu lui-même avait marquée.
La théorie des étapes successives avait été utile au début en ce sens qu'elle ménageait les chrétiens et les juifs qui étaient des adversaires beaucoup plus redoutables que les idolâtres. Plus tard, au contraire, lorsque tout danger fut passé, elle risquait de devenir fort dangereuse. Rien n'empêchait quelque nouveau prophète de surgir à un moment donné pour renverser à son tour l'islamisme en invoquant comme prétexte que les circonstances étaient telles qu'une réforme de la religion s'imposait afin de la mettre à la hauteur du progrès.Le Coran a donc pris grand soin d'affirmer avec énergie que Dieu avait parfait son oeuvre en révélant l'islamisme et qu'aucun envoyé du ciel ne viendrait dorénavant transmettre aux hommes la parole divine. II déclara en conséquence queMahomet était le « sceau du Prophète », expression qui sert souvent à le désigner.
L'idée du progrès de la forme religieuse à travers les ages est profondément gravée au fond du coeur de tous les musulmans et c'est elle qui, pour une bonne part, fait qu'ils n'abjurent pas leur foi. A peine pourrait-on citer quelques cas de musulmans qui, volontairement, se sont convertis à une autre religion et dans ce nombre, d'ailleurs infime, on ne tronverait peut-être que des femmes ou de tout jeunes gens. Il semble, du reste, qu'une croyance anlogue existe chez ceux qui professent une des grandes religions révélées. De temps à autre, un juif embrasse la religion catholique ou encore un catholique se convertit au protestantisme, tandis que bien rarement la réciproque vient à se produire. Il ne s'agit ici, bien entendu, que de conversion a la fois volontaires et désintéressée. En matière de convictions, semble-t-il, celui qui n'est pas réactionnaire de naissance ne le devient que par intérêt.
Le Coran impose au fidèle cinq grandes obligations : la prière, le jeûne, l'aumône, le pèlerinage et la guerre sainte. Les trois premières sont stricte ment individuelles, nul ne pouvant les remplir au nom d'un autre. La quatrième peut être accomplie par un mandataire à ce destiné. Pour être tenu de s'acquitter de ce pèlerinage à la Mecque il faut, du reste, qu'on n'ait à redouter aucun danger certain et en outre qu'on possède la santé et les ressources nécessaires pour entreprendre un tel voyage. Beaucoup de musulmans meurent sans avoir mis à exécution ce pieux devoir et ne seront pas pour cela privés du bonheur éternel.
Quant à la guerre sainte, il faut remarquer tout d'abord qu'elle peut fort bien ne pas survenir durant de longues années et que bien des fidèles n'ont, par conséquent, jamais occasion d'y prendre part. Mais, même si elle a lieu de son vivant, le fidèle n'est pas tenu de se rendre à une mobilisation si un nombre suffisant de ses coreligionnaires s'est dévoué à cette tâche ou encore s'il est très éloigné du pays dans lequel la lutte est engagée. On trouvera plus loin des détails sur ces différentes obligations qui font chacune l'objet d'un chapitre spécial.
Il convient de constater, dès à présent, que le musulman ne poursuit pas un but directement intéressé lorsqu'il s'acquitte de ces cinq prescriptions. Sil fait la prière, ce n'est ni pour demander son pain quotidien, ni même son salut éternel en termes précis ; il se contente de s'écrier que Dieu est unique, qu'il est grand, qu'il possède toutes les vertus, toutes les qualités. Il le loue, le remercie sans jamais rien lui réclamer ni pour le présent, ni pour l'avenir ; il craindrait, en faisant une telle demande, de paraître douter de la justice divine. Le jeûne est une manière de manifester sa soumission aux ordres de Dieu et non de mortifier sa chair afin de s'éviter les occasions de pécher. On fait l'aumône en vue d'être agréable à Dieu et à son prochain et non parce qu'elle confère des indulgences spéciales. Le pèlerinage, envisagé au point de vue des fidèles, n'est qu'un moyen de resserrer les liens qui les unissent et d'accroître ainsi les forces de la communauté en lui assurant une plus grande cohésion. Enfin la guerre sainte est surtout faite en vue de défendre la religion. L'appât du butin excite sans doute l'ardeur du musulman qui prend les armes, mais cette considération n'entre pour aucune part dans la déclaration de la guerre. Somme toute, on n'a donc qu'un intérêt purement moral en se conformant strictement a toutes ces obligations.
A côté de ces cinq grandes obligations d'ordre purement religieux, le Coran formule de nombreuses prescriptions dont le caractère est plutôt hygiénique ou social. Parmi ces dispositions, il faut citer en première ligne, celles relatives au mariage et à la répudiation. Sans être absolument obligatoire, le mariage est très recommandé. La polygamie est permise à la condition de n'avoir pas à la fois plus de quatre femmes légitimes ; le concubinage est autorisé. Sans entrer ici dans des détails qu'on trouvera plus loin, dans un chapitre spécial, le sort de la femme a été singulièrement amélioré par l'islamisme. Auparavant, en Arabie, elle était plutôt une chose qu'une personne. L'islamisme ne fait aucun mérite du vu de chasteté ; aussi les célibataires, hommes ou femmes, sont-ils fort rares dans le monde musulman où la grave question de la dépopulation semble ne devoir jamais se présenter au moins comme conséquence de l'institution religieuse.
L'esclavage n'a pas été aboli parle Coran : le livre saint s'est contenté de recommander aux maîtres de se montrer très humains envers leurs esclaves et de les affranchir le plus qu'ils pourraient. L'affranchissement d'un esclave est un des moyens de racheter l'omission volontaire ou non de certains devoirs religieux. Avec le jeûne et l'aumône, il constitue une des principales formes d'expiation.
Il va sans dire que le Coran interdit et réprouve les crimes, délits ou actes que tout le monde s'accorde à regarder comme illicites. Il est donc tout naturel qu'il soit une des bases fondamentales de la législation musulmane, puisqu'il détermine, en principe, ce qui est bien et ce qui est mal ou, si l'on veut, ce qui est juste ou injuste. Toutefois, ce n'est que pour quelques grands crimes ordinaires, tels que meurtres ou vols, qu'il a fait oeuvre législative véritable en fixant les pénalités à infliger comme le ferait un Code proprement dit. Encore convient-il d'ajouter que tout cela n'est pas toujours très précis. En dehors de cela, les droits successoraux sont les seuls qui aient été réglés d'une façon assez minutieuse pour que les législations postérieures n'aient eu, pour ainsi dire, rien à ajouter au texte sacré.
Cette précision accidentelle a eu pour effet de donner à la loi musulmane une apparence d'arbitraire qu'elle n'aurait jamais eu si le Coran s'était borné à des indications générales ainsi qu'il le fait le plus souvent. Toutes les théories logiquement élaborées par des jurisconsultes, se sont, de temps a autre, heurtées à des dispositions coraniques qui sont en contradiction avec la déduction rigoureuse des principes et qu'il a été impossible de modifier ou d'enfreindre sous peine de nier la nature divine du livre saint. Dans ces exceptions qui interrompent la série régulière des conséquences logiques tirées d'un principe nettement posé, on est tenté de voir une faute grossière de raisonnement, alors qu'il n'y a qu'une impossibilité absolue de faire rentrer dans le cadre ordinaire de la théorie un fait isolé que Dieu a pu régler d'après des motifs dont la nature est ignorée des hommes.
Néanmoins, grâce à ce fait, que le Coran est resté peu explicite sur la plupart des points de détail, la législation musulmane a pu atteindre un assez haut degré de perfection pour supporter la comparaison avec les plus grandes oeuvres législatives. Elle a déjà progressé lentement, il est vrai, à travers les âges, mais nombre d'améliorations sont possibles dans l'avenir. Rien ne s'oppose à ce qu'on remanie les travaux des anciens jurisconsultes pour les mettre en harmonie avec l'évolution légère qu'a déjà subie la société musulmane, évolution qui, fatalement, maintenant et à bref délai sera des plus considérables.
Au cours de ces dernières années, certains Etats musulmans ont été amenés à introduire de nouvelles règles pour des questions qui cependant paraissaient tranchées d'une façon définitive. Ces changements se sont produits également dans les quatre rites orthodoxes : hanéfite, malékite, chaféite et hanbalite ; ils n'ont pas été très considérables, cela est vrai, mais le fait seul d'avoir violé si peu que ce soit le respect qui s'attache à la tradition, est l'indice des temps nouveaux qui ne tarderont plus maintenant à parachever cette oeuvre.
En matière canonique, le texte sacré a formulé un Code un peu plus complet qu'en matière civile ou criminelle; aussi, de ce côté, il faudra de longues années avant qu'on puisse espérer la moindre réforme. Cela, du reste, n'offre guère d'inconvénients au point de vue du progrès de la société musulmane. Les pratiques religieuses qui gênent le progrès tombent en désuétude sans que la religion elle-même coure un réel danger; mais que l'on change formellement ces pratiques si peu que ce soit, la religion disparaîtra aussitôt pour faire place à une autre. La célèbre formule : Sint ut sumt, aut non sint, peut s'appliquer aux pratiques de toutes les religions.
Les mêmes versets du Coran prohibent à la fois le vin et les jeux du hasard. Il n'est pas toujours tenu un compte rigoureux de ces deux prohibitions. Cependant, dans les pays musulmans qui ne subissent pas la domination étrangère, l'ivresse est fort rare, et chaque fois qu'elle se manifeste en public, elle est punie avec sévérité. C'est un vice qui se produit plutôt dans la classe aisée que dans Ia classe pauvre. Beaucoup de jeunes gens de famille s'adonnent volontiers à l'usage des liqueurs fermentées jusqu'à un âge qui varie entre 25 et 30 ans. Passé ce moment, ils deviennent d'un rigorisme absolu en matière de religion et rien ne les déciderait, dorénavant, fût-ce pour une seule fois, à tremper leurs lèvres dans la plus inoffensive des liqueurs défendues.
La clientèle des jeux de hasard se recrute d'une façon tout à fait différente. Il n'y a guère que dans la classe ouvrière où l'on voie des jeunes gens et parfois des hommes se livrer au jeu, dans l'espoir d'augmenter ainsi le maigre gain que leur procure un labeur quotidien. L'âge mûr, ici encore, calme cette passion ainsi que toutes les autres et, dans l'islamisme comme ailleurs, c'est parmi les vieux diables qu'on trouve les plus fervents ermites.
A la prohibition des liqueurs fermentées, qui a surtout un caractère hygiénique, on peut ajouter d'autres défenses du même genre, telles que l'interdiction de manger de la viande de porc, ou même de la chair d'autres animaux s'ils n'ont pas été tués suivant les rites, c'est-à-dire en tranchant d'un même coup, les deux carotides et en prononçant la formule : « Au nom de Dieu, le clément, le miséricordieux ». En édictant celte double obligation on a voulu, d'une part, que la chair de l'animal fut tout à fait exsangue, le sang se corrompant avec facilité dans les climats chauds, et d'autre part, éviter qu'un musulman pût manger d'un animal offert en sacrifice à quelque fausse divinité.
L'ablution et la lotion, suivant le cas, sont ordonnées en maintes circonstances. Cette excellente habitude hygiénique aurait dû être étendue à toutes choses, au lieu d'être limitée au corps seulement. Mais l'eau est si rare en Arabie qu'on se serait heurté à une impossibilité absolue si l'un avait exigé le lavage fréquent des vêlements et l'on a même été contraint de tolérer l'ablution sèche où l'on remplace l'eau par le sable fin.
Il est à remarquer que le Coran est muet sur la circoncision, pratique que l'on range d'ordinaire parmi les précautions hygiéniques. Pourtant cette coutume, qui nous paraît quelque peu barbare ou sauvage, a été universellement adoptée par les musulmans, au point qu'ils considèrent cette opération chirurgicale comme aussi indispensable à un musulman que l'est le baptême pour un catholique. Il est permis de s'étonner qu'on attache une telle importance à un acte dont le Livre saisit n'a pas jugé à propos de faire la moindre mention. Cela tient sans doute à ce que Dieu ne pouvait avouer lui-même qu'il avait commis une légère imprévoyance en façonnant le corps de l'homme.

Une énumération complète de toutes les matières traitées dans le Coran, ne saurait trouver place dans un mince volume comme celui-ci. En épiloguant un peu sur chacun des mots qui y figurent, on arrive sans paine à en déduire une foule de choses auxquelles on ne songerait sûrement pas à la suite d'une simple lecture. En dépit de leur talent et de leurs efforts, les exégètes les plus autorisés laisseront toujours à glaner dans ce champ des déductions. C'est même par là qu'on peut espérer arriver, sans froisser la conscience religieuse, a de successives modifications dans l'étal social ou politique des musulmans.
Quoi qu'il en soit a cet égard, le Coran est plein de passages où, dans les termes les plus ardents, on invite l'homme à pratiquer la vertu et à fuir le vice. A maintes reprises, on lui prescrit le respect de la famille, le piété filiale, l'amour de son prochain. Sans doute, on entend que tous ces bons sentiments doivent s'adresser à des coreligionnaires, mais, s'il en était autrement, l'islamisme ne serait plus une religion au sens réel du mot.
L'esclavage et la peine du talion sont les deux seuls points sur lesquels il nous est difficile aujourd'hui de partager les idées des musulmans. Mahomet a bien pu abolir l'usage barbare qu'avaient autrefois les Arabes, d'enterrer vivantes leurs filles dans les années de disette; mais l'abolition de l'esclavage n'eut sûrement pas été accepté s'il l'avait décrétée; il a donc préféré réglementer cette coutume d'une façon plus sage qu'elle ne l'était naguère chez les nations civilisées du monde chrétien. Le talion, qui, de nos jours, s'appelle vendetta, n'a pas complètement disparu de l'Europe; il y est libre au lieu d'être réglementé. Il serait peu équitable de reprocher auCoran de n'avoir pas fait, il y a treize cents ans, une réforme que nous n'avons pas encore complètement accomplie.
La partie narrative du Coran consiste en légendes bibliques plus ou moins écourtées ou défigurées; elle n'a pas un véritable caractère religieux. Elle est là surtout, pour bien établir que les obstacles rencontrés par Mahomet dans sa prédication, n'infirment en rien la réalité de sa mission prophétique, puisque tous ses prédécesseurs ont été aux prises avec les mêmes difficultés. Tout en répondant ainsi aux objections formulées par les juifs et les chrétiens, ces récits avaient, en outre, l'avantage de former une sorte de lien qui rattachait la religion nouvelle à celles du passé.
L'origine divine du Coran lui assure, en toutes matières, une autorité suprême. Pourtant, il ne serait pas exact de croire qu'on est en droit de pratiquer tout ce qu'il indique implicitement ou explicitement. En dehors des versets abrogés et des versets douteux qu'il renferme et dont ni la lettre, ni l'esprit, n'ont à être mis en pratique par le fidèle, il y a certains points qui ont besoin d'être confirmés par des hadîts avant de servir de préceptes canoniques. Les chapitres qui vont suivre, donneront de plus amples renseignements sur ce sujet, ainsi que sur ce qui a été mentionne ici d'une façon fort sommaire.





Le Coran au risque de la philologie

Louis Grenier
Nouvelle revue CERTITUDES - octobre-novembre-décembre 2002 - n°12
C’est sans doute une bombe que vient d'amorcer le philologue allemand Christoph Luxenberg. Dans sa thèse de doctorat, parue en 2000, mais dont les résultats commencent seulement à atteindre le grand public, ce savant propose en effet de percer le secret des assez nombreux passages obscurs du Coran en partant de l'hypothèse que les passages en question sont peu compréhensibles en arabe parce que leur auteur s'est inspiré de sources écrites en syriaque. Si cette hypothèse est vérifiée — il faut attendre que les savants du monde entier se prononcent, mais les premiers échos sont positifs —, alors c'est sans doute toute notre perception du Coran et des intentions de Mahomet qui va s'en trouver bouleversée.

Les données du problème

Les circonstances de la rédaction du Coran sont mal connues. Les sources musulmanes les plus anciennes qui évoquent les premiers temps de l'islam sont en effet postérieures de deux siècles environ aux événements. Or, entre-temps, pour les Musulmans, tout a changé : la conquête a fait de l'islam la religion d'un immense empire, dont le centre est désormais Bagdad, et non plusMédine, et dont les élites sont persanes, et non plus arabes. Les traditions musulmanes les plus anciennes sont donc souvent anachroniques : les Musulmans ont oublié les débuts de leur propre histoire. Quant aux plus anciens manuscrits du Coran, dont certains remontent au Vile siècle, ils sont d'une lecture très délicate à cause de l'absence des voyelles : seules les consonnes sont écrites, et le système de points diacritiques de l'arabe moderne n'existe pas encore. Par surcroît, leur texte diffère assez souvent de celui qui a fini, plus tard, par devenir officiel dans l'islam. Aussi de nombreux passages du Coran sont-ils ambigus ou franchement inintelligibles. Les docteurs musulmans du Moyen Age ont bien sûr cherché à résoudre ces difficultés, mais leurs interprétations ne répondent pas aux normes de la philologie scientifique. Le problème reste donc entier.
Luxenberg est parti de l'hypothèse selon laquelle les passages incompréhensibles du Coran seraient écrits non en mauvais arabe, mais en un arabe calqué sur du syriaque. Cette langue était en effet influente dans la péninsule arabique depuis plusieurs siècles, quand Mahomet rédigea le Coran ; il n'est donc pas absurde de penser qu'il aurait pu subir des influences de ce côté-là. Le syriaque est une langue araméenne dont le berceau est la Mésopotamie, et dont le principal centre culturel, dans l'Antiquité, a été la ville d'Édesse. Aujourd'hui encore, le syriaque est la langue liturgique des Chrétiens d'Irak, pays (« libéré » depuis peu...) dont il est l'une des trois langues officielles, aux côtés de l'arabe et du kurde. Langue des Chrétiens de l'empire perse entre le IIe et le VIIe siècle de notre ère, le syriaque a donné naissance à une brillante littérature, dont le représentant le plus connu en Occident est saint Éphrem de Nisibe (+ 373). La Bible grecque elle-même a été traduite en syriaque dès la fin du Hé siècle. La méthode suivie par Luxenberg consiste donc à chercher à savoir si les passages obscurs du Coran ne s'éclairciraient pas à condition de les traiter comme une traduction arabe littérale, et donc maladroite, de tournures syriaques correctes. Les résultats sont saisissants.

Un Coran entièrement revisité

Fort technique, la démonstration de Luxenberg ne peut bien sûr être résumée ici en quelques lignes. Par surcroît, ' pour pouvoir l'évaluer, il faudrait connaître à la fois le syriaque et l'arabe, ce qui n'est pas cas de l'auteur de ces lignes. Je vais donc présenter un bref aperçu des résultats les plus significatifs de cette méthode, en m'appuyant sur le compte-rendu détaillé que Rémi Brague, qui est professeur de philosophie à l'Université de Paris I-Sorbonne, vient de faire paraître dans le n° 671 de la revue Critique (avril 2003). Il en ressort que la rétroversion en syriaque opérée par Luxenberg fait disparaître les incohérences du texte arabe, en mettant mieux en relief les sources bibliques dont s'est à maintes reprises inspiré Mahomet, il apparaît même que le Coran contient vraisemblablement des allusions à des prières ou à des hymnes chrétiennes qui ont marqué Mahomet : ainsi, la sourate 108 (« Nous t’avons donné la vertu de constance. Prie donc ton Seigneur et persévère dans la prière ! Ton adversaire [satan] est alors le vaincu » [trad. R. Brague]) procède vraisemblablement d'une stylisation d'un passage de la première épître de saint Pierre : « Votre partie adverse, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi... » (1 Petr. V, 8)! Enfin, pour l'anecdote, les fameuses houris, ces vierges du paradis pour qui certains islamistes sont prêts aujourd'hui à périr de mâle mort (en assassinant autrui par la même occasion), passent elles aussi à la trappe dans l'opération : correctement traduit, le Coranne parle en effet pas de « houris aux grands yeux », mais simplement de « raisins blancs » ! Ainsi, la sourate XV, 54, ne doit pas être traduite par : « nous les Des combattants de l'islam] aurons mariés à des houris aux grands yeux », mais, plus prosaïquement : « nous les installerons confortablement sous des (raisins) blancs, (clairs) comme le cristal » (trad. R. Brague). En d'autres termes,Mahomet promet tout bonnement un paradis de type biblique, lieu d'un banquet eschatologique tout à fait conventionnel. De quoi désespérer Billancourt (ou AZF)...

Une meilleure compréhension de l'islam deMahomet

Si elles s'avèrent fondées, les conséquences des découvertes de Luxenberg pourraient bouleverser de fond en comble notre compréhension de l'islam véritable, celui qu'a conçu Mahometle Coran des califes des VIIIe et IXe siècles n'est en effet déjà plus celui de l'homme de MédineMahomet souhaitait semble-t-il non pas fonder une nouvelle religion, destinée à supplanter la Bible, mais simplement mettre au point un lectionnaire liturgique, autrement dit une anthologie de passages bibliques, d'hymnes et de prières (dont certaines sont chrétiennes), à l'attention des Arabes de la péninsule. C'est seulement après les fabuleuses conquêtes des VIIe et VIIIe siècles que les califes ont fait de l'islam une religion à part, centrée sur une nouvelle révélation.
Bien sûr, la parole est maintenant aux savants du monde entier ; mais on peut d'ores et déjà dire que l'ouvrage de Luxenberg va relancer la question de origines et de la nature même de l'islam





LECTURE du CORAN

Le Coran (360 pages environ en livre de poche, accessible vers 7,80 €) est la source première de l'islam, la seule prétendue "divine". Le Coran est à la base de la culture religieuse arabo-musulmane. Je ne retiens pas la "tradition" (vie deMahomet, etc... tous autres ouvrages admis comme "humains" et non "divins" ), souvent mise en seconde source, voire même en source d'égale importance, alors que, pour moi, tout émane du Coran...
Certains diront que j'ai "une lecture orientée du Coran". Certes, et il y en a bien d'autres, bien "orientées" aussi. La mienne cherche à s'y assurer que ma liberté n'est pas menacée par ceux qui se réclament de cette religion. Cet espoir est pour l'instant bien incertain car j'y trouve plutôt, à longueur de pages, une inqiètante série de leitmotivs menaçants et culpabilisants : Dieu merci, je ne suis pas de ceux qui sont tombés dedans quand ils étaient tout petits !
En guise d'excuse possible à cette impression désagréable, la principale qui me vienne à l'esprit est en fait surtout négative : archaïsme...
Parler d'archaïsme à propos du Coran est un sacré euphémisme. Je me permets de vous en sortir une collection d'exemples qui, comme on dit, m'interpellent.
Dois-je respecter une religion truffée d'intolérance à mon égard et à l'égard de bien d'autres :
Commençons par un exemple qui se voudrait hautement moraliste :
[2:191] : "Combattez au sentier de Dieu ceux qui vous combattent, mais ne soyez pas transgresseurs, Dieu n'aime pas les transgresseurs.Commentaire : ce verset fait partie d'un passage carrément sous-titré "La guerre". Donc pas d'ambigüité : le "combat" dont il s'agit est bien concret, guerrier. Il ne s'agit pas d'un combat intellectuel. Guerre purement défensive contre "ceux qui vous combattent" et qui seraient des agresseurs ? Allons donc ! La vie de Mahomet et de ses successeurs n'était pas dans cet état d'esprit.
D'autres qui sont en face vous combattent, et vous aussi vous combattez, point à la ligne. Inutile de chercher à interprèter.
Sur le plan de la fureur guerrière, "éviter la transgression" vise par exemple à épargner ceux qui ne font "visiblement" pas directement partie du conflit. C'est mieux que le fameux "tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !" des français "de langue d'oïl" de Simon de Montfort massacrant les albigeois. Mahomet prèchait-il la "guerre propre" ? Ce serait remarquable, et à reconnaître, pour son époque. Mais à notre époque de l'an 2000, un religieux prêchant la guerre, même propre, devient inacceptable. Aucune guerre n'est propre...
[2:216] : "On vous a prescrit le combat bien que vous ne l'aimiez pas (autre traduction : vous devez combatte, même si c'est quelque chose qui vous déplaît). Vous pouvez ne pas aimer ce qui vous est bon et aimer ce qui vous est mauvais. Dieu sait et vous ne savez pas.Commentaire : Quand on dit "et Dieu sait quoi...", en français, c'est plutôt pour exprimer un dessein certes impénétrable, mais un peu futile.
Ici, c'est au contraire très sérieux, très grave : Dieu vous dit que, même si vous avez un esprit pacifiste, Il vous demande quoi ? : d'aller combattre à la guerre. Au verset suivant, pour ceux qui auraient des doutes sur le côté concret de ce "combat", le Coran s'interroge gravement sur la possibilité de combattre pendant le ramadan (oui, oui, on a vite la réponse, on peut !).
Un Dieu qui pousse les gens à s'entretuer, franchement, ça n'est pas un Dieu fréquentable. Regardez autour de vous, vous trouverez de meilleurs messages, où, quand il s'agit de "combats", c'est de combats pour la vie, de combats de l'esprit qu'il s'agit.
[3:158] : "Que vous mourriez ou que vous soyiez tués (dans le sentier de Dieu), oui, vous serez rassemblés vers Dieu.Commentaire : Encore une fois, Dieu vous encourage à aller mourir. Ben Laden et ses émules ont dû trop lire ce genre de versets. Alors qu'il y a aujourd'hui tant de grands penseurs à lire ! Est-il possible encore de se fanatiser sur des horreurs pareilles ?
Bien évidemment, c'est contre les "incroyants", "infidèles" et autre individus du même style qui, concrètement, ne vous ont absolument rien fait que s'exercent ces encouragements au martyre. Des appels au meurtre indirects, en quelques sortes.
Les lois française et européenne punissent chèrement les passages à l'acte de ce genre, rappelez-vous le !
[4:76] : "Les croyants combattent au sentier de Dieu et les incroyants au sentier des Tâghout. Combattez les clients du satan car les stratagèmes du satan ne sont pas forts". (nota : Tâghout = divinités ou démons pré-islamiques).Commentaire : Mettons à part le côté mal rendu par cette traduction (dire que "les stratagèmes de satan ne sont pas forts", ça a un côté un peu nigaud !).
On ressent sur le fond de ce qu'exprime ce verset un mépris violent pour l'adversaire, qui est tout simplement le non-musulman, automatiquement classé "client du satan". Et c'est Dieu lui-même qui aurait sorti cette énormité d'intolérance guerrière ? Ou bien n'est-ce rien de plus qu'un verset de propagande pour Mahomet galvanisant ses armées vers l'an 622 ?
[4:89] : "Ils aimeraient vous voir infidèles comme eux, pareils à eux. Ne prenez pas d'amis chez eux avant qu'ils émigrent dans le sentier de Dieu. S'ils tournent le dos, saisissez-les, tuez-les où que vous les trouviezCommentaire : Donc merci d'éviter ce qualificatif "infidèle" (ou alors expliquez : infidèle à quoi ? Si vous trouvez que "ça tombe sous le sens", c'est que vous êtes déjà bien atteint !). La dernière phrase fait l'apologie du meurtre lâche. Et on trouve ça dans le livre "saint", d'une "grande" religion ? De quoi avoir honte pour tout musulman honnête intellectuellement, s'il sait bien lire et reconnaître ce qu'il lit !
[4:91] : (à propos des "hypocrites") "Vous en trouverez d'autres qui se veulent en confiance avec vous et en confiance avec leur peuple. Chaque fois qu'ils sont tentés ils retournent à la révolte. S'ils ne se tiennent pas à l'écart, s'ils ne se rendent pas à vous et ne déposent pas les armes, saisissez-les, tuez-les où que vous les trouviez. Nous vous donnons tout pouvoir sur eux.Commentaire :Ca commençait plutôt bien, on pouvait croire qu'après tout les musulmans pouvaient avoir des alliés "compagnons de route" comme aujourd'hui Tarik Ramadan se voudrait peut-être compagnon de route du mouvement ATTAC. Mais non ! Pas question de leur accorder la moindre confiance, autant les liquider à la première occasion ! Et pas question de droiture vis-a-vis de quelqu'un qui, pourtant, se "veut en confiance" ? Et non ! Allez, encore un verset pour donner la honte au musulman de l'an 2000 !
[5:33] : "Ceux qui font la guerre à Dieu et à son messager et cherchent le désordre sur terre, leur salaire sera d'être tués ou crucifiés ou d'avoir une main et le pied opposé coupés ou d'être bannis du pays. Ce sera leur honte en cette vie et ils auront dans l'autre le tourment sans borne.Commentaire : Là, c'est la cruauté guerrière qui émerge. J'espère que, pour avoir proféré et propagé au nom de sa religion des règles aussi cruelles, Mahomet connait "le tourment sans borne" dans l'autre monde, s'il existe !
[5:41] : "O apôtre, ne t'attriste pas de ceux qui se hâtent d'être infidèles, ceux qui ont dit avec les lèvres : Nous croyons, mais ne croient pas, et ceux des juifs qui n'écoutent que le mensonge (autre traduction : "ceux qui, étant juifs, n'écoutent que le mensonge"). Ils espionnent pour d'autres qui ne viennent pas à toi. Ils changent le sens des mots. Ils disent : Si on vous dit ceci, acceptez, sinon, gardez-vous. Celui que Dieu tente, tu ne peux rien pour lui en face de Dieu. Dieu n'a pas voulu purifier leurs coeurs. A eux la honte en cette vie, à eux le tourment sans borne dans l'autre.Commentaire : Bon d'accord, au début, on a une espèce de précaution oratoire avec une généralité "ceux qui se hâtent d'être infidèles". Mais après, il n'y en a plus que contre "certains juifs" (ou "les juifs" ?). La grosse cavalerie anisémite, dans un livre "sacré" ? Qu'en pensez-vous, sincèrement ?
Remarque : Je ne suis pas juif, je sais que certains peuvent poser la question quand on se met à géner leur fond antisémite.
[5:64-66] : "Les juifs disent : La main de Dieu est fermée. Que soient fermées leurs mains, qu'ils soient maudits pour ce qu'ils ont dit. Non ! ses deux mains sont ouvertes et il donne comme il veut. La révélation de ton Seigneur ne fait qu'accoître la révolte et l'impiété de beaucoup. Nous avons excité entre eux l'inimitié et la haine jusqu'au jour de la résurrection. Chaque fois qu'ils ont allumé le feu de la guerre, Dieu l'a éteint. Ils s'efforcent de semer le désordre sur terre, mais Dieu n'aime pas les semeurs de désordre.# Si ceux qui ont le livre avaient cru, s'ils avaient été fidèles, nous aurions effacé leurs méfaits, nous les aurions fait entrer dans les jardins du délice.# S'ils avaient pratiqué la Thora, l'Èvangile, la révélation de leur Seigneur, ils auraient ce qui est au-dessus d'eux et sous leurs pieds. Il y a chez eux une nation qui ne dévie pas. Mais la plupart, combien mauvais leurs actes !Commentaire : En avant l'antisémitisme de base ! Que "les juifs" soient "maudits" ! Et allez donc ! On se croirait presque dans la 1ère épitre de Paul aux Thessaloniciens ! Sauf que là, les chrétiens dégustent aussi !
Bel exemple de sa considération pour les autres religions "du livre", c'est à dire les juifs et les chrétiens. Dans le contexte guerrier de son époque, on peut à la rigueur comprendre que les quelques juifs et chrétiens que Mahomet cotoyait étaient des adversaires contre l'expansion de son pouvoir... Mais est-il concevable que ce soit vraiment de Dieu via l'archange Gabriel qu'il ait reçu des propos pareils ? En tout cas, "c'est écrit", comme disent les musulmans... Et aujourd'hui, en terre d'islam, on ferait réciter ça par coeur aux gosses dès leur plus jeune âge ? Si c'est vrai, ça vous forme un bon tempérament bien arrogant et bien intolérant, ça ! Merci Mahomet !
[5:78-79] : "Les fils d'Israël qui furent infidèles ont été maudits par la bouche de David et par celle de Jésus fils de Marie pour avoir été des révoltés, des transgresseurs.# Ils ne s'incitaient pas entre eux à cesser leurs actes blamables. Combien mauvais leurs actes !Commentaire : La précaution oratoire "qui furent infidèles" : combien de lecteurs la comprennent et la retiennent ? Et ça continue sur l'antisémitisme de base ! Mahomet avait-il l'art de dénicher les recoins malodorants de la Bible (l'évangile de Jean peut être suspecté de contenir effectivement de tels beaux germes d'antisémitisme) ? On lit par ailleurs Mahomet inventant des énormités du style "Jésus parlait alors qu'il était nouveau-né", ou sur Marie qui se justifie à plusieurs reprises de la naissance de Jésus en précisant qu'"elle n'est pas une prostituée" (quelle délicatesse ! la bonne excuse viendrait-elle du ton incantatoire particulier de la récitation en arabe !?)...
Du coup, ça m'enlève mes complexes de fouineur du Coran !
[8:7-8] : "Dieu vous promettait un des deux groupes : Il sera à vous. Et vous désiriez le moins redoutable, mais Dieu voulait par ses décrets instaurer la vérité et détruire les incroyants jusqu'au dernier,# instaurer la vérité et détruire l'erreur malgré les criminels.Commentaire : Il s'agit du début d'une sourate intitulée "Le butin" : tout un programme ! Au tout début, tout de même, il est précisé que ce butin est à Dieu et à l'apôtre (c'est à dire à moi, Mahomet !).
Pas toujours très clair, mais je crois pouvoir dire que les incroyants, en lisant ça, doivent serrer les fesses !
Ils n'ont pas la vérité : ils doivent être détruits "jusqu'au dernier" ? Quelle arrogance que prétendre détenir LA vérité ! "A chacun sa vérité", on le sait bien depuis au moins Pirandello, voire Shakespeare !
[8:12] : "Votre Seigneur disait aux anges : Je suis avec vous, affermissez les croyants. Je vais jeter l'effroi dans le coeur des incroyants, frappez-les sur la nuque, frappez-leur les doigts.Commentaire : Quelques précisions d'un bon niveau de moniteur de sport de combat pour bien évangéliser à la sauce Coran. Je crois comprendre que ce sont des instructions données aux anges, mais je n'en suis pas très sûr...
Au fait, en guise de monothéisme pur et dur comme l'Islam se prétend, on trouve souvent dans le Coran des créatures célestes ou terrestro-célestes comme le Diable, divers anges, les djinn (démons?)... sans parler de tendances animistes comme pour la Création, où le Ciel et la terre "répondent" aux appels de Dieu...
Dans la Bible (Thora + Evangiles) on trouve aussi des notions de Diable, anges, démons,... d'ailleurs.
[8:17-18] : "Vous ne les avez pas tués, c'est Dieu qui les a tués. Tu n'as pas jeté quand tu jetais, c'est Dieu qui a jeté pour que les croyants éprouvent sa grâce. Oui, Dieu entend et il sait. #Oui Dieu réduit à rien le stratagème des incroyants.Commentaire : Ayant au départ poussé les gens à la guerre, au massacre, au pillage (pour le butin), etc... il faut bien leur redonner bonne conscience, sinon les "croyants" pourraient se mettre à se poser des questions et faire de la dépression !
Dans l'enregistrement vidéo "amateur" récupéré et datant de la guerre d'Afghanistan (2001), Ben Laden se rengorgeait auprès de ses hôtes en disant à propos des 3000 victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux USA : "ils étaient tous coupables !". Peut-être avait-il trop anonné ces versets quand il était petit...
[9:4-5] : "Les incroyants avec qui vous avez fait un pacte et qui ne vous ont pas fait tort et n'ont aidé personne contre vous, eh bien respectez ce pacte jusqu'à son terme car Dieu aime les fidèles. #Une fois passés les mois sacrés, tuezles incroyants où que vous les trouviez. Prenez-les, assiégez-les, dressez-leurs des ambuscades. S'ils se repentent, font la prière, acquittent l'aumône, laissez-leur le champ libre, car Dieu pardonne, Il a pitié.Commentaire : Le ton d'un verset à l'autre est complètement différent ! Ces deux versets auraient-ils été mis côte à côte après coup ?
Faute de meilleure explication, faut-il comprendre qu'un musulman "fidèle" se doit de se préparer activement au meurtre éventuel de l'"infidèle" à la date de fin du contrat ?
Juste un petit rappel, au moins pour ce qui concerne l'Union Européenne : l'incitation au meurtre et a fortiori le meurtre sont des crimes parmis les plus graves, selon la Loi civile.
[9:29] : "Ceux qui ne croient pas en Dieu et au jour dernier et n'interdisent pas ce qu'interdisent Dieu et son apôtre et ont le livre sans pratiquer la religion vraie, combattez-les jusqu'à ce qu'ils paient le tribut directement et humblement.Commentaire : Voilà que les "incroyants" (je suppose qu'il s'agirait des non-musulmans ?) se feraient taxer, maintenant ? Au profit de qui, aujourd'hui ? Du roi d'Arabie ? Du CFCM ? Et puis quoi encore ?
[9:123] : "Croyants, combattez les incroyants qui sont dans vos parages et qu'ils vous trouvent durs. Sachez que Dieu est avec les fidèles.Commentaire :Donc les "incroyants" (on peut penser qu'il s'agit des non-musulmans ?) peuvent numéroter leurs abattis, ça pourrait chauffer "dur" pour eux, pour peu qu'un musulman soit dans le voisinage ??
Cette menace de Mahomet, dès lors qu'elle est connue des autres (par exemple des 95% environ de français non-musulmans), peut menacer ses propres fidèles...
[17:33] : "Ne tuez personne, Dieu l'interdit, sauf en juste cause. Quiconque esttué injustement, nous donnons droit à vengeance à son proche mais qu'il n'excède pas les limites du meurtre et il sera secouru.Commentaire : "sauf en juste cause" ! A notre époque en France de l'an 2000 , on est ahuri de lire qu'on peut trouver une "bonne raison" pour tuer quelqu'un (hé oui, "c'est écrit"!). Quel individu, commettant un acte individuel, peut juger de la justesse du meurtre qu'il commet ? Y a-t-il de doctes docteurs de l'Islam pour nous convaincre que, "heureusement", vu la fin du verset, on n'essaiera jamais de se frotter au jugement du caractère "juste" ou "injuste" du meurtre commis ? En fait la fin du verset inciterait presque à croire qu'il ne faut pas trop exagérer pour punir le meurtrier, même s'il s'avère que son crime était injuste (après tout, cela peut militer contre la peine de mort) !
Le commandement judéo-chrétien est d'un niveau complètement différent : "tu ne tueras point" (Exode 20:13) et puis c'est tout !
Souvent, les musulmans prétendent que, puisque l'islam est arrivé des siècles après le christianisme et les autres religions, il leur est forcément supérieur... Ce verset donne pour moi une preuve de plus du contraire : treize siècles après la rédaction du commandement biblique, de Médine, Arabie, nous est parvenue une belle régression de la pensée !
Et on porterait au pinacle une religion aussi assassine ?
Voir aussi, de la même veine meurtrière, le verset 25:68
[25:68] : "Ils ne prient pas un autre dieu à côté de Dieu. Ils ne tuent pas sans juste raison leur semblable. Dieu l'interdit. Ils ne se livrent pas à la débauche. Qui agit ainsi rencontre le péché.Commentaire : Que des bons conseils, en somme ? Vous ne trouvez rien qui cloche ? Hé oui, il y a "Ils (les "bons musulmans") ne tuent pas sans juste raison".
La langue arabe est peut-être une merveilleuse récitatrice du Coran, mais en bon français on peut reformuler ça en disant : "tuez qui vous voulez sans retenue, pourvu que vous trouviez une bonne raison". On sait en effet qu'avec une toute petite dose de fanatisme, on peut toujours se trouver plein de "justes raisons" ! Quelle abomination ! Voir aussi, de la même veine meurtrière, le verset 17:33.
[33:61] : "Certes, si les hypocrites et ceux qui ont un mal dans le coeur et les alarmistes à Médine ne se calment pas, nous te mettrons en campagne contre eux et ils ne resteront plus longtemps tes voisins. # Maudits, où qu'ils soient, ils seront pris et tués # selon la coutume que Dieu a eu envers leurs devanciers, car tu ne trouveras pas de changement dans la coutume de Dieu."Commentaire : C'est vrai quoi, y'en a assez des "hypocrites" : tuons-les, allez hop, bon débarras ! J'ai l'impression d'avoir entendu des nouvelles, il y a quelques années, à propos des "hypocrites", venant de l'Iran des Ayatollah's et ça chauffait pour eux. Il s'agissait :
  • soit des chrétiens locaux, auxquels on imposait un unique évangile "de St Barnabé" (???) complètement inconnu du reste de la chrétienté, probablement exhumé, voire rédigé au-delà de l'an 622 (c'est curieux, hein ?) mais qui aurait l'avantage d'interdire la consommation de porc et de vin, entre autres usurpations intellectuelles dérisoires !
  • soit des bahis (je crois), religion locale, peut-être en relation avec les zoroastriens anciens ou autres...
Comme souvent, les hypocrites ne sont pas toujours ceux qu'on croit !
[47:4] : "Quand vous rencontrez des incroyant, frappez-leur la nuque jusqu'à les abattre et liez-les bien fort. Puis quand cesse le fardeau de la guerre, libérez-les ou exigez rançon. Voilà. Si Dieu voulait, il se déferait d'eux, mais il vous éprouve les uns par les autres. Ceux qui combatte dans le sentier de Dieu, Dieu ne perdra pas leurs oeuvres.Commentaire : Heureusement que la deuxième phrase introduit une notion de guerre, on peut essayer de s'y raccrocher pour trouver tolérable cette nouvelle incitation à la violence encore que, dans le contexte du début de la sourate complète, rien n'éclaire sur cette notion de "guerre" et s'il s'agit de "djihad" la notion devient complexe...
[60:4] : "(à propos d'Abraham s'adressant à son peuple) (...) L'inimitié et la haine sont entre nous pour toujours, tant que vous ne croirez pas en Dieu seul. (...)"Commentaire : Petit accroc de traduction, peut-être : la haine est-elle "pour toujours" ou "tant que..." ? Toujours est-il qu'on a ici encore une belle violence de propos, d'incitation à la haine...
[62:6-8] : "Dis : Juifs, vous prétendez-vous seuls proches de Dieu ? Souhaitez mourrir si vous dites vrai. #Mais à cause de leur forfaits ils ne le souhaiteront jamais, car Dieu connait les coupables. #Dis : la mort que vous fuyez vous rattrapera. Vous serez ramenés à celui qui connait l'insondable comme le visible et il vous montrera vos actes.Commentaire : : Pas trop de commentaires, ça "craint" tellement fort ! Je ne pense pas que ce soit le traducteur qui soit antisémite...
[69:44-46] : "Si cet apôtre nous avait prèté des paroles, #nous l'aurions pris par la main droite #et lui aurions tranché l'aorte.Commentaire : Dans un contexte difficile, ce passage n'est pas très clair. Mais quelle est toute cette violence barbare ?
etc...
Ces versets sont plus ou moins, selon la traduction des appels à la dure contrainte, à la violence, voire au meurtre ou au mieux au mépris contre diverses sortes de non-musulmans.
[...plus ou moins, selon la traduction...] : Mais "l'argument de la traduction", souvent rétorqué quand on émet une critique de la religion musulmane, n'est-il pas alors l'argument de celui qui n'a plus ou ne veut plus avoir d'argument ? En tout cas, les plus fameux intégristes sont arabophones et n'ont pas besoin de traduction. Et leur interprètation d'arabopones a eu les pires conséquences en matière de barbarie.
Ceci dit, si vous pensez avoir de meilleures traductions, transmettez-les toujours !
Allez vérifier, si vous voulez, auprès d'autres traductions ! En tout cas, treize siècles après son énoncé, le principe biblique "Tu ne tueras point" semble être un concept de civilisation d'un niveau qui aurait échappé à Mahomet, prophète pourtant très inspiré et rapporteur terrestre du Coran. Mais Mahomet était aussi un dirigeant politique, habile à trouver les soit-disant "justes raisons" pour justifier la peine de mort...
A côté de ça, on trouve quelques (plus rares ?) perles de tolérance, dont un fameux "Nulle contrainte en religion !"
[2:256] : "Point de contrainte en religion, car le vrai se distingue du faux. Quiconque ne croit pas aux Taghout mais croit en Dieu tient l'anse la plus solide et sans fêlure car Dieu entend et il sait". (nota : Taghout = divinités ou démons pré-islamiques).
Certains prédicateurs musulmans mettent en avant le tout début du verset ("Point de contrainte en religion") et l'assènent comme preuve de la très grande tolérance de l'Islam. C'est malheureusement, je pense, aller un peu vite en besogne...
En fait cela voudrait plutôt dire, vu le contexte (et en particulier vu la suite 2:257 où on trouve ...les incroyants...sont les hôtes du feu et ils y seront pour toujours) qu'il y en aurait qui, pour ne pas avoir d'ennui, se "contraindraient" à simuler une croyance, mais qu'ils ne perdent rien pour attendre !
voir aussi [5:46] : "Nous leur avons donné ensuite Jésus fils de Marie pour confirmer la Thora antérieure. Nous lui avons donné l'Evangile qui guide et qui éclaire pour confirmer la Thora antérieure, pour guider et exhorter les fidèles".
On pourrait appeler ce verset "verset des trois monothéïsmes (judaïsme, chrétienté, islam)". Et l'ouverture est ici réelle et louable.
Donc j'encourage les musulmans d'aujourd'hui, s'ils ne l'ont pas déjà fait, à lire aussi "la Thora" (les 5 premiers livres de l'ancien testament de la biblechrétienne, sinon tout l'ancien testament) et "l'Evangile" (les 4 évangiles, en fait, 4 premiers livres du nouveau testament, sinon tout le nouveau testament).
Par ailleurs, Mahomet fait des "reprises bibliques" - à sa façon - dans le Coran, où il parle d'Abraham, de Jacob, de Moïse, de Jonas, de David, de Marie, Jésus, etc... Mais ça n'est pas de cela qu'il s'agit : lire ces passages du Coran ne vous dispense pas de découvrir "la Thora et l'Evangile" dans le texte, qui "guident et qui éclairent" !
On peut penser que Mahomet demande bien ici un effort de lecture aux musulmans.
Ces versets-là, oui bien sûr, ceux qui croient sincèrement en cette religion peuvent les garder, et ceux où Mahomet exhorte inlassablement à suivre "la voie de Dieu", ce qui, forcément, valorise la recherche d'un cheminement spirituel personnel. L'aumône, exemple d'un autre leitmotiv, aussi, est une notion qui touche.
[la petite sourate 109 - Les incroyants ] : "Au nom de Dieu le Miséricordieux, plein de miséricorde. # Dis : Vous les incroyants, # je n'adore pas ce que vous adorez # et vous n'adorez pas ce que j'adore. # Non, je n'adore pas ce que vous adorez # et vous n'adorez pas ce que j'adore. # A vous votre religion, à moi la mienne".
Il s'agit plus de reconnaître une différence (qu'il faut bien admettre, cela mérite d'être dit deux fois !) que de professer un grand principe de tolérance.
Mais soit, 1.400 ans plus tard, prenons cela comme du respect des autres modes de pensée et des autres civilisations, sans arrière-pensée !
[...Nulle contrainte en religion !...la petite sourate 109, ...] : Donc, en passant, "chères soeurs musulmanes", pas de contrainte avec le port du voile !
Je reconnais cependant que c'est un peu facile à dire, quand on n'a pas la pression, sinon sociale, du moins celle d'un entourage qui marche très fort dans le sens de l'archaïsme macho.
Le verset 33:59, par exemple, dit en effet : "Prophète, dis à tes femmes et à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leur voile. C'est le meilleur moyen pour elles d'être reconnues et de n'être pas offensées, car Dieu pardonne, il a pitié". C'est beau, hein, le charabia macho quand il est religieux !!!
Ceci dit, les néo-traducteurs du Coran qui font peut-être, consciemment ou non, des efforts pour que l'islam évolue, vous prétendront qu'on ne trouve pratiquement pas une ligne du Coran incitant au port du voile par les femmes. Pour ce verset-là, à mon avis, il y a du travail à faire !
Avec ma culture biblique, je ressens dans le Coran comme une espèce de Saint Paul en plus dur, menaçant tout le monde par l'idée qu'on va vite tous mourrir et qu'il faut impérativement se rendre aux raisons de Mahomet-le-seul-prophète-valable pour gagner son ticket au paradis éternel
[...son ticket au paradis éternel...] : Dans le Coran, bien plus que dans la Bible, Dieu devient un personnage omniscient mais simpliste, qui aurait une idée fixe à travers toute l'éternité : peupler de petits bonshommes et de petites bonnes femmes deux endroits : le paradis et l'enfer.
Facétieux et plutôt cruel, Il collerait une espèce de gage éternel à ceux qui auraient eu le malheur de ne pas comprendre comment ils auraient dû vivre leur brève existence terrestre, les musulmans étant toutefois favorisés (car Dieu pardonne à celui qui croit)...
Comment faire le tri dans un fatras pareil ?
Le Coran pourrait-il devenir un livre sacré "banalisé" (c'est à dire dans lequel chacun, avec son libre arbitre, est capable de faire la part des choses). Faut-il le ré-écrire, expurgé, pour que l'Islam puisse être normalement respecté par les non musulmans, croyants ou incroyants ? Difficile...
[...non musulmans, croyants ou incroyants ? Difficile...] :
Et ceci au grand dam de Mahomet qui prétendait doctement [3:7], peut-être conscient des faiblesses de son oeuvre : "Les gens, donc, qui ont au coeur une inclinaison vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Allah". Ne serait-ce pas justement là un excellent verset à révoquer ?
Difficile d'expurger le Coran de son archaïsme ? Hé bien c'est peut-être en cours ! Comment ? Par les traductions "édulcorantes" d'aujourd'hui, les nombreuses versions "non-arabes", qui peuvent intéresser particulièrement les musulmans français...
Toutefois, le premier musulman qui réussira à franchement faire admettre au monde musulman que le Coran doit être réformé méritera une super médaille en chocolat !
Comme point de départ, on pourrait d'abord revenir sur la façon dont le Coran a été constitué au 7ème siècle, tel que "c'est écrit" aujourd'hui.
Mahomet était analphabète et fier de l'être. Ses sourates (chapîtres) et leurs versets ont été soit dictées à des scribes, soit transmises oralement (puis transmises récitées "par coeur"). Les successeurs de Mahomet ont mis les grands moyens pour rassembler, trier et constituer le Coran actuel... A quel prix, à la limite malgrès tous les efforts et les moyens mis en oeuvre ? Au prix d'oublis, d'éliminations, d'erreurs de retransmission, etc...
Et d'erreurs (déjà) de "traduction" : l'alphabet utilisé était plus primitif que l'alphabet arabe actuel. Récemment, Lutzemberg, islamologue allemand fort érudit, a produit un essai basé sur l'écriture arabo-syriaque employée aux débuts de l'islam. Il indiquait qu'à cette époque le marquage par des points pour distinguer les consonnes de même forme n'existait pas (il parle de 19 consonnes, au lieu de 36 aujourd'hui).
Ce qui fait que, par exemple, le R peut alors se confondre avec le Z (qui s'écrit maintenant avec un point dessus). Ce qui fait que, toujours par exemple, le B s'écrit comme un certain T, ainsi que comme le TH (de "thick" en anglais), sans oublier des formes du N et du Y (consonne) : cinq consonnes aussi différentes se seraient écrites de la même façon !
D'où ensuite de très probables confusions de mots et altérations de sens, dès avant et après la mort de Mahomet et lors de la -pourtant rigoureuse- fabrication du Coran à partir de ses sourates réordonnées, jusqu'à sa "réécriture" avec la précision de l'alphabet arabe actuel (sans parler de l'ajout éventuel des voyelles). Lutzemberg note par exemple et entre autres que les célèbres "houris" du paradis, vierges promises en quantité au musulman martyr (et soit dit en passant, aussi lubrique que n'importe quel mécréant !) pouvaient en réalité être du "raisin blanc". Si c'est exact, on aura peut-être moins d'amateurs pour le martyre, du moins pas les mêmes...
Franchement, au départ j'avais trouvé cette thèse plutôt farfelue, et il me paraissait douteux que le sens guerrier profond du Coran puisse être aussi facilement retourné... Mais depuis, au musée national d'archéologie musulmane d'Istambul, j'ai vu une belle collection de pierres gravées des premiers temps de l'islam (7ème siècle). J'y ai examiné plusieurs textes en arabe "archaïque" (décidemment!). Je puis donc confirmer cette façon ancienne d'écrire, sans aucun point, du moins sur la pierre sculptée ! Il y a là de quoi s'arracher les cheveux pour ceux qui pratiquent l'alphabet arabe !
Les peuples visés par Mahomet à travers le Coran, vers l'an 620-630, existent toujours, ont évolué et tiennent même de plus en plus facilement la dragée haute à l'Islam : c'est principalement de ceux qui adhèrent au mode de civilisation occidentale qu'il s'agit maintenant. Il devient insupportable, aujourd'hui, de lire dans ce livre tant d'appels au meurtre de tous ces braves "infidèles" simplement coupables de ne se pas soucier du Coran plus que de l'an quarante.
[...au meurtre de tous ces braves "infidèles"...] :
Les messages meurtriers du Coran sont plus difficile à rendre anodins, par rapport aux histoires meurtrières qu'on trouve dans la BibleLa Bible du Judaïsme (ancien testament de la Bible chrétienne) nous rapporte quantité de massacres, où il est question de peuples plus ou moins passés au fil de l'épéeet aujourd'hui disparus (Cananéens, Philistins, etc...), ou du moins qui ne sont plus connus (pour parler du nouveau testament, qui sait ce que sont devenus les samaritains, par exemple ?).
L'Histoire est passée par dessus ces peuples et les a broyé, les larmes à leur sujet ne peuvent plus être que des larmes intellectuelles, sinon de crocodile.
Ce n'est évidement pas le cas pour les "chrétiens" et les "juifs", qui furent jadis des concurrents gènant Mahomet, qu'il a gravement menacé par le Coran... et qui le sont toujours aujourd'hui, puisque "c'est (toujours) écrit" !
Salman Rushdie est l'auteur du livre "Les versets sataniques", publié en France "avec le soutien du ministère de la culture". Il paie cher -l'lslam prétendant avoir le droit de le tuer du fait qu'il est né musulman- son exigence de critique duCoran, source première de l'Islam. Pourtant, comment faire autrement ? Est-il possible de continuer à répèter, par exemple, que les versets du Coran cités au début sont tous, à la virgule près, la directe parole de Dieu : à notre époque, c'est devenu odieux pour les autres, les non-musulmans !
L'archaïsme "arabo-musulman", je le vois là, à la base, issu du Coran : il faut admettre que des affirmations autant martelées comme "c'est la parole de Dieu", "c'est écrit" amènent à vénérer des choses monstrueuses. Le Coran est truffé de versets tels que ceux cités au début, qui sont sinon tous "sataniques", du moins fort mal inspirés pour Mahomet, le prophète et homme bel et bien humain qui les a conçu, et maintenus jusqu'à sa mort.
Lisez le Coran si vous voulez, mais sachez que s'y raconte bien souvent, sous-jacente, l'histoire de Mahomet, homme politique se démenant avec ses problèmes de pouvoir et de conquêtes, et que là, Dieu n'a rien à voir.
Quant aux hadiths (rassemblés dans la Sunna, relatifs à la vie de Mahomet) ou à la Charia (loi musulmane inspirée surtout du Coran, mais aussi de la Sunna, de l'ijma' et autre ijtihad...), ce sont des textes sacrés de second niveau, dans tous les sens du terme, fleurant encore bien plus l'archaïsme.
Sans oublier l'archaïsme du Coran vis-a-vis de la femme, bien sûr. Je ne me suis guère étendu sur le sujet, en dépit de l'incontournable "frappez-la !" du verset qu'il est bien difficile d'édulcorer. 4:34
[4:34] : "Les hommes ont autorité sur les femmes à cause des préférences de Dieu et à cause des dépenses des hommes. Les vertueuses sont dociles, elles protègent ce qui doit l'être selon la consigne de Dieu. Celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, reléguez-les dans leur chambre, frappez-les, mais si elles vous écoutent ne les querellez plus, car Dieu est sublime et grand.Commentaire : Ce verset est une des bêtes noires des religieux musulmans dans leurs débats avec des occidentaux. Soient ils l'ignorent, reconnaissant implicitement son aspect inadmissible, soient ils persistent en noyant le poisson sous une grosse masse de citations qu'ils prétendent baptiser "exégèse". Bien curieuse exégèse qui ne vise, d'avance, qu'à justifier mot-à-mot tout ce qui a pu être écrit dans le Coran, quoi qu'il en soit...
Soit encore ils le "re-traduisent" avec effet édulcorant (c'est le cas de le dire). Par exemple, une tentative récente, faisant fi des honteuses contorsions intellectuelles de nombreux "grands savants de l'Islam" qui l'ont précédée, a traduit par "sévissez contre elles" plutôt que par "frappez-les" (de l'arabe "adribou", paraît-il). Ça reste gènant, quand même !
J'ai un souvenir d'un petit macho musulman de cinq ans, qui battait sa grand'mère et lui crachait dessus. Elle supportait en souriant...
J'ai lu récemment que, côté chrétien, le catholiscisme avait pu (et peut-être encore) perdre de son audience principalement du fait des femmes, pour des positions pontificales ressenties comme trop injustes et contraignantes : contraception, avortement, fécondation in vitro / in vivo, sans parler du SIDA... Gageons que les plus fortes évolutions de l'Islam pourraient bien aussi venir des femmes !
La bonne éducation et la loi ne peuvent pas admettre un dogme promouvant une aussi banale tentation, peut-être, mais inadmissible faiblesse de comportement masculin.
Je rappelle qu'en France, la règle (laïque) qu'on enseigne aux petits mâles c'est "On ne frappe jamais une femme, même avec une fleur". C'est quand même une meilleure mentalité ! Voir aussi par exemple "Mahomet le soudard" aux versets70:29-31.
[70:29-31] : "Ceux qui n'ont de rapports #qu'avec leurs épouses et leurs captives de guerre, car ils ne sont pas à blamer, #mais désirer d'autres femmes c'est être transgresseur;Commentaire : La traduction espère ici rendre un ton de récitation qui existe en arabe, d'où de petits accrocs grammaticaux.
Déjà, promouvoir la polygamie, sachant que dans les jeunes générations il y a un nombre à peu près égal de femmes et d'hommes, c'est pousser au célibat, voire à l'homosexualité, autant d'hommes (sauf à promouvoir aussi la polyandrie - plusieurs maris pour une même femme - quel musulman pourrait sérieusement crier au scandale !?). Tout cela est socialement et moralement très attaquable...
Ceci dit, Salomon, roi des hébreux de l'ancien testament de la Bible et dont l'histoire est bien antérieure à celle de Mahomet, était aussi d'une lubricité extravagante, avec ses 800 femmes et 300 concubines...
Mais ici, en plus, je trouve comme un encouragement à collectionner les "captives de guerre". Ce devait être courant du temps de Mahomet, mais là il va vraiment loin en prétendant imposer jusqu'à la fin des temps l'archaïsme barbare de son époque. Est-ce là une parole d'un niveau "saint" ou "divin" pouvant brillament figurer ce "livre saint" qu'est le Coran ?
L'archaïsme peut être ici éclairé par une précision anecdotique : à l'époque deMahomet, c'est Dagobert 1er qui régnait en France, ce "bon roi Dagobert", roi d'Austrasie vers 622, puis de tous les francs en 629, roi mérovingien aux moeurs expéditives. Peut-être les idées de Mahomet étaient-elles un progrès par rapport à celles de Dagobert (ce qui resterait à bien prouver vis-a-vis de la femme, du droit romain et autre alors utilisé, et sur bien d'autres aspects). Mais en France aujourd'hui, qui se réfèrerait encore aux idées sociales d'une aussi lointaine époque barbare ? Or on a souvent l'impression que, pour certains musulmans, c'est la seule époque de référence valable !
En fin de compte, on peut peut-être être optimiste : l'archaïsme, ça finit bien par s'effondrer de soi-même, non ?

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